Salut.
J'ai vu passer ça sur fb il y a quelques jours.
Beaucoup de choses intéressantes et notamment sur la prépondérance du mental, qui montre que tout le monde est concerné même si chacun est différent.
Emmènerais-je les feuilles fauchées et arrachées des crêtes par le foehn furieux des Dolomites, jusqu'au Brésil ?
Celles des flashs désagréables et visqueux qui m’accompagnent depuis plus de deux ans. Elles seront là, certainement.
Je m’imagine régulièrement un coach railleur, à la Philippe Lucas, commentant mes choix, mes entraînements, mes performances. S’il avait à juger mon état avant ce Championnat du Monde, il me demanderait probablement : « Et tu vas conduire le bus là bas ?! ».
Paradoxalement, depuis cette journée de X-Alps 2023, le seul endroit où je peux encore exprimer 100% de mes capacités, c’est une manche de Coupe du Monde, de championnat d’Europe. Ou peut-être un Mondial. Parce que le cadre, le monde, les reliefs arrondis, sécurisent mon cerveau dont une partie est restée meurtrie, en mode survie, dans cette vallée du San Pellegrino.
Je ne l’ai pas compris tout de suite. D’abord, il y eut la contamination de toute la chaine de la performance à l’automne 2023. Jusqu’aux larmes cachées en compétition début 2024, dont seuls les plus proches ont connaissances. Quelque chose ne tournait plus rond. À l’été, on me dit stress post traumatique. Mais je n'ai pas fait la guerre, non ? Je ne me suis même pas fait mal de toute façon. Il y a quand même bien pire dans ce monde. Il y a les amis qui, eux, ne sont plus là. Quelques séances d’EMDR, puis départ un an pour Font-Romeu. Ca se guerira seul.
Ca ne s’est pas guérit seul. Toujours capable de remporter une Superfinale, en dehors des facteurs de contexte. Mais un vol seul, dans le vent, dans mes montagnes, parcourues maintes et maintes fois, c'est une lutte. Mon coach imaginaire lui a du grain à moudre: « Champion du monde de mes deux va ! ».
Inutile de parler du mal (nécessaire ?) de cette X-Alps 2025 ? Non ?
Un cerveau cassé, ce n’est finalement pas mieux qu’une jambe. Peut-être plus insidieux. Plus dur pour l’ego aussi.
Mais il parait qu’un jour, avec du travail (depuis repris), la balance de l’adrénaline, du cortisol et toutes ces choses déréglées, finit par se rétablir.
Mondial sur cette place nominative de defending champion. En 2023, je m'étais programmé pour gagner. 2025, aux antipodes.
