Ouaip, j'aurais pu mentionner l'école de Pierre, un type fabuleux que j'aime beaucoup, mais voler au Grand Bô n'est pas toujours évident, à La Clusaz non plus alors qu'on vole quasiment tous les jours à Planfait, parfois même entre deux averses en surveillant les rideaux de pluie.
C'est l'inconvénient des sites d'altitude dans les massifs par rapport à des sites de basse altitude en bordure, et à Annecy le climat est très adouci par le lac.
Pierre ne m'en voudra pas.
Je n'ai pas non plus mentionné l'école Dezair de Patrick Bérod à Marlens. La raison est simple : le déco n'est pas vraiment favorable pour les débutants (c'est une litote) et l'atterro n'est pas toujours évident. Je ne sais pas où Patrik emmène ses débutants, peut-être à Montmin mais je ne l'y ai pas rencontré souvent.
Il ne m'en voudra pas de ne pas l'avoir mentionné dans mon 1er post.
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On peut - en théorie - voler seul en sortie d'init, en air calme et sur site connu. Certains le peuvent (Corinne en fut et j'en fus aussi) d'autres pas avant un très grand nombre de vols encadrés. Comme pour le ski, l'escalade ou la moto, il y en a qui apprennent beaucoup plus vite et d'autres qui n'apprendront jamais vraiment.
Bref certains sont plus égaux que d'autres et il n'y a rien à y faire.
J'ai pas mal de fois emmené au col des Frêtes des jeunes (et des moins jeunes) en sortie d'init qui voulaient faire leur 1er vol montagne. Pour moi ce fut le 12ème vol, un matin de la mi-septembre 2007. Pierre-Paul Ménégoz m'avait engueulée comme du poisson pourri, estimant - à juste titre - que j'étais trop tendre pour pouvoir éventuellement affronter l'activité thermique qui se met en place en fin de matinée. Je l'avais amadoué en lui demandant de me dédicacer son bouquin.
J'adore Pierre-Paul, quel bonheur d'avoir appris à voler avec lui !
J'embraye donc sur son bouquin "
le parapente, s'initier et progresser" aux éditions Amphora. Cela se lit et se relit comme un excellent roman, c'est complètement imprégné de la passion de Pierre-Paul pour le vol libre et sa passion est contagieuse, bref il fut un temps où j'aurais pu le restituer quasiment de mémoire tant je l'avais potassé.
C'est notre bible.
A cette époque de mes débuts, j'avais téléchargé le petit logiciel Aéro-QCM sur le site de l'aéro-club de Persan-Beaumont et chaque soir je "passais" mon brevet de pilote, l'objectif n'étant pas de faire 15/20 comme un candidat lambda mais de faire 20/20, aidée par une mémoire assez formidable. Péché d'orgueil, sans doute, mais quel pied de réussir un 20/20 une fois sur quatre et toujours au moins 18.
Cela ne servait à rien, peut-être, mais il m'arriva un jour d'avril 2009 de faire un énorme vrac, sur une rentrée de vent brutale qui avait même mis les biplaceurs en grande difficulté. J'eus une fraction de seconde pour réfléchir à ce que disait PP dans son bouquin, cela me permit de bloquer à temps une abattée mahousse, puis de pouvoir faire une prise de vitesse à l'atterro pour poser moins vite en marche arrière.
PP m'avait dit : "avec des conditions comme ça, tu t'en es bien tirée, bravo". C'était un compliment magnifique... après quoi il fallait faire un SIV.
PP a aussi cosigné avec Yves Goueslain un excellent "
manuel du vol libre", réédité et enrichi plusieurs fois. Cet ouvrage complète le précédent et à la fin on trouve toutes les questions du BP et du BPC, avec les réponses. Ce n'est pas la bible mais c'est une bible.
D'autres bouquins ont été publiés sur le parapente, notamment sur la météo en montagne et le vol en thermique, tu y viendras plus tard.
En parapente, sport addictif et passionnel comme l'alpinisme et la navigation à voile, le moment le plus dangereux est celui où on commence à se sentir à l'aise. Dans ces trois sports, c'est toujours l'imprévu qui arrive et cela peut faire très mal, voire pire. Quand on est jeune et qu'on progresse très vite, on est encore plus exposé que les plus anciens qui débutent en douceur.
J'ai horreur de l'eau mais j'ai un passé d'alpiniste de haut niveau et je connais bien la Haute Montagne (majuscules SVP), j'y ai vécu des heures sublimes, des combats difficiles et aussi hélas des moments tragiques qui donnent beaucoup à réfléchir. Quand j'étais jeune, j'avais un moral "Lachenal" et je méprisais le danger, la vitesse étant le meilleur facteur de sécurité. Maintenant je ne vais plus me hasarder sous une barre de séracs et donc depuis quelques années je ne vais plus au Mont Blanc.
Le jour où les séracs tomberont, je ne serai pas dessous.
Revenant d'une tentative en solo à l'Eiger, Walter Bonatti avait dit : "aucune montagne ne vaut ma vie". L'homme était immense et à 30 ans c'était déjà un sage.
La réflexion de Bonatti vaut pour le parapente. Aussi addictive que soit notre activité, elle ne vaut pas qu'on y laisse sa peau.
Tout doux petit, tout doux ! (Steve McQueen à Horst Buchholz dans les 7 Mercenaires).