Matthieu,
Permets-moi d'intervenir pour la première fois sur ton fils de discussion... qui est déjà bien étoffé, bien alimenté.
Si j'ai bien compris, tu voles avec une M6. Bien. Et là avec une telle voile tu nous racontes encore ton ressenti de la masse d'air, ta perception de l'activité thermique, tu compare ton ancien Artik 4 à ta nouvelle M6. Et je suis étonné par tes dernières interventions. Tu en es encore à analyser le comportement de ta M6 par rapport à la notion de thermique, pourquoi pas? mais quand on vole avec une telle machine, on est en droit d'attendre de toi que tu nous parles de choses plus intéressantes: de gestion de cross, de tactique de vol, de placement dans la masse d'air, d'efficacité de ta M6 dans du gros temps, de ta manière de gérer les régimes de brise ou de la capacité de ta M6 à remonter le météo. Mais non, on en reste à encore à palabrer sur le comment du pourquoi du thermique... Quand on vole avec ce genre de voile on n'en est plus à se poser ce genre de question, c'est acquis, c'est un pilotage d'un autre niveau, l'exploitation des thermiques est devenue instinctive... on passe à autre chose. Mais pas toi. tu en es encore à conceptualiser le thermique, à rationaliser, alors que cette phase de progression devrait être largement assimilée et devenir, je le répète, totalement instinctive, tout au plus peut-on encore palabrer de décalage, comme dans des débrifings spontanés d'après-cross. Ca me surprend et m'interpelle. N'aurais-tu pas brûlé les étapes...
Je t'interpelle avec le recul de presque 20 ans d'expérience, je vole avec une Peak 3 et aussi une Peak4, je fais régulièrement des cross, oh! des petits cross, hier et avant-hier j'étais encore à Chamonix. Et je n'en suis plus, et de loin, plus à palabrer sur ma progression en thermique et mon ressenti de la masse d'air. On parle plutôt de placement dans la masse d'air, d'analyse et d'anticipation, d'observation de l'aérologie et d'évolution de la météo, etc... mais de ça rien dans ton discours.
D'où ma question: es-tu vraiment fait pour voler avec un tel engin?
la M6 ne va pas t'apprendre à voler en sagesse, une telle voile est exigeante, point barre! il faut la connaitre et la dompter dans une progression très étudiée, très travaillée, la sagesse n'a rien à voir là dedans.
Les petits jeunes qui étudient notre sport à Font-Romeu/Pole Espoir, qui s'entrainent à l'art du cross, commencent tous sous des voiles intermédiaires... et ils maitrisent en général parfaitement bien les thermiques. Ce n'est que plus tard qu'ils se mettent sous des "guns".
Et toi tu nous parles encore de ta manière de percevoir le thermique. Il y a selon moi un décalage flagrant entre ton expérience et ton ambition parapentesque.
C'est un peu comme si tu me disais, je viens de passer mon permis de conduire et je vais m'acheter une Ferrari pour apprendre à bien conduire, à conduire sagement. Y a décalage.
Mais bon voilà, ce n'est que mon ressenti en lisant au hasard tes messages et les diverses réactions associées.
Georges
Je te remercie Seagull pour ton long message. Plusieurs réponses me viennent spontanément à l'esprit :
- je parle de thermiques car la M6 me fait ressentir les thermiques différemment.
- je ne parle pas de "
gestion de cross, de tactique de vol, de placement dans la masse d'air, d'efficacité de ta M6 dans du gros temps, de ta manière de gérer les régimes de brise ou de la capacité de ta M6 à remonter le météo [...] placement dans la masse d'air, d'analyse et d'anticipation, d'observation de l'aérologie et d'évolution de la météo" car la gestion des cross c'est depuis largement assimilé, la tactique de vol aussi. Le placement dans la masse d'air c'est en amélioration constante et bien sûr nécessairement imparfaite car cela varie à chaque seconde mais je n'en n'éprouve pas de difficulté particulière. Les régimes de brise, aérologie et évolution de la météo (en montagne) après ce qui m'est arrivé l'an dernier, je regarde mais c'est intégré. J'analyse plus, j'observe plus et j'anticipe un posé si cela me paraît malsain, ou si cela devient malsain.
En ce moment je suis plutôt en plaine, donc les phénomènes aérologiques et météo sont bien différents mais je progresse et vole comme je n'ai jamais volé mais je ne vais pas en faire tout un plat. On croit comprendre des choses, on se remet en question sans arrêt pour progresser.
La M6 dans le gros temps et remonter le météo. Bah pas avec la M6, et je choisis mes conditions de vol selon la météo avec l'Artik (ma comparaison). Je découvre le vol de plaine avec du 15-25 de vent au sommet de la couche et pour l'instant je démystifie ce qui me paraissait très compliqué, hors de portée technique et physique (par exemple poser en marche à arrière) donc je sais que j'intègre plus d'informations, et que je progresse. Le vol de plaine est parfois à ce prix surtout quand on vole à 63 km/h. Monde nouveau pour moi qui n'était habitué qu'aux cross alpins (de petite distance, puisqu'entre 65 et 94 km SANS S Marc !) mais je fais ça à mon rythme de tortue.
La M6 ce sera pour plus tard... pour l'instant je la découvre et je l'apprivoise sur site. C'est ma manière de fonctionner; comme le dit si justement Ptrick, le PLAISIR avant tout; je n'ai pas acheté la M6 pour faire de plus grandes distances, pour performer. Ce n'est pas mon but. Mon but est de prendre du plaisir sans me faire peur (et le placement dans la masse d'air fait partie des ingrédients nécessaires - ne pas de retrouver dans l'effet bagnard, sous le vent d'un thermique etc...) et de voyager en prenant des photos / vidéos. Si les distances moyennes s'allongent (comme c'est le cas actuellement), tant mieux. Sinon... tant mieux, je fais du mieux possible sur le moment et ensuite j'analyse mes erreurs ou je demande qu'on les analyse si je n'ai pas compris (je pense aux transitions et raccrochages dans les Alpes).
Donc
quand tu parles de mon ambition parapentesque, tu ne la connais pas... Tu parles des jeunes du pôle espoir. Mais eux veulent faire de la compétition, sont très jeunes et font du vol optimisé à outrance. Moi, je me laisse le reste de ma vie pour progresser à mon rythme et l'achat de la M6 c'est pour connaître autre chose (sensations, glisse, plané, pilotage aux arrières) et pour l'instant, elle remplit parfaitement le rôle que je lui ai donné.
Après comme dit Charognard, je suis peut-être atypique comme progression, mais il n'y a pas qu'un seul chemin pour mener au... plaisir
Tu fais un parallèle avec les voitures. J'ai eu la chance d'essayer 4 Porsche récemment dont une 911 Turbo S. Époustouflé par les performances et le bruit, mais pour transporter mes sacs de parapente, rien ne vaut un grand coffre
Sinon pour un domaine que je connais mieux, la moto, j'ai roulé sur tout ce qui avait plus de 190 chevaux et sur circuit. Eh bine j'étais plus sûr et rapide sur la route, y compris pour aller chercher le pain...
(j'y vais à pied car la boulangerie est à 50 m).
Donc ta contribution m'éclaire sur ta façon de fonctionner, ma façon de fonctionner; comme tout ce qui a été dit sur moi depuis 3 ans et demi, j'intègre (plus ou moins) les conseils, et ça pousse ça se développe. Un jour je serai un pilote "normal", complet mais j'ai déjà vécu plein de très beaux vols (attendus et inattendus), fait beaucoup d'expériences (heureuses et traumatisantes), comme nombre d'entre vous. Assez pour savoir ce que je ne veux plus. C'est le chemin le plus important, pas le but du voyage
et je veux bien le croire pour le vivre. Je ne connais pas le but, toi si ?