Salut à tous. My two cents.
Je viens étaler ma prose. Pas pour ramener ma fraise ; mais au contraire pour donner l'avis d'un parapentiste moyen qui n'a jamais mis sa sellette sous des voiles de cette taille.
Je ne recherche pas spécialement à descendre de la montagne au taquet. Gros faignant que je suis, je trouve que monter est difficile, alors c'est pas mon genre
Mais toujours sur-toilé (parce que pas assez lourd), j'ai voulu essayer de fortement réduire la voilure pour pouvoir supporter des conditions un peu fortes qui me sont interdites en temps normal, sans pour autant taper dans des voiles demandant de grandes qualités de pilote. Dans mes meilleurs jours, je vole à 3,2kg/m². C'est mou, ça avance que vent dans le cul, ça ferme pour un rien. Sous la S'lide 16 , je suis à 4.7 (en projeté).
Sur les conseils de Nicolas Brenneur, du haut de mes 53 kg, je suis allé essayer une S'lide 16 à Millau où Fred Leccompte m'a très gentil accueilli et briefé sur l'utilisation de cette voile.
La semaine dernière, Puncho, déco nord, accroché à ma vielle sellette de paramoteur (mon matos est à 4500 km d'ici), je suis un peu inquiet du mou des conditions avant de m'élancer. J'aspire à essayer la voile ; pas juste faire un énorme plomb tout droit jusqu'à l'atterro. Je tire timidement sur les avants. La voile monte docile et marque un léger temps d'arrêt avant son apogée. Elle tient sur la tête sans sourciller. Demi tour face à la pente, et là, première surprise : juste en relevant la tête, on embrasse d'un seul regard toute la voile ! Peut être un effet d'optique du à sa corde, elle à l'air très en avant au dessus de moi.
Trimmé à fond, je commence à courir et me fait prendre en charge progressivement mais sensiblement pour une course de 4 bonnes foulées. Pour le peu de vent présent au moment du déco, je suis agréablement surpris.
Le temps de m'installer convenablement dans la sellette, je me fait cueillir par un thermique en sortie du déco et me voila en train de grimper doucement...
Pris au jeu, je gratouille ce que je peux pour finalement 30 minutes de vol bien sympathiques, loin du plouf envisagé.
Quand la masse d'air bouge (oui ça arrive, et c'est souvent souhaitable pour faire durer le plaisir) la voile bouge assez rapidement au-dessus de la tête avec de petites amplitude, mais se recentre d'elle même. Très amortie (et rassurante) en tangage, j'ai initialement tendance à sur-contrôler en roulis. Fred m'avait prévenu : " Si ça bouge plus que voulu, relève les mains, laisse voler la voile et elle stabilise". Dont acte. Et ça marche. Les inputs à la sellettes sont beaucoup plus efficace que ce que j'ai jamais connu (c'est à dire pas grand chose). La commande aussi est vive. Le bon en avant de charge alaire dont je fait l'expérience est jouissif. Néanmoins, les débattements ne sont finalement pas si loin de ce que je connais. En appuyant convenablement sur la seule commande intérieure, la voile plonge plus dans le virage qu'un PP classique. Le relâchement de la commande ramène tout le monde au calme sans besoin de contrer de quelque manière. Le virage standard se tient avec la main extérieure sans souci. Heureux de ce premier contact rassurant, je vais me poser à Millau plage. Vent quasi nul sur les 30 derniers mètres, je pose en deux appuis.
Ce premier vol m'a juste fait gouté aux possibilité de la machine. Et j'ai eut l'impression d'avoir beaucoup moins à me battre qu'avec mes 22m² habituels pour que ça reste là ou il faut au-dessus de ma tête.
Cet après midi, identiquement équipé, je suis allé à Valflaunès pour découvrir un peu plus la S'lide.
Préparation de l'équipage sur le petit déco. 8/8 de plafond 600 m au-dessus et pétole. Les 4 sites météo consultés ayant des avis divergeant sur ce qui allait se passer, j'avais choisi un site accessible. Mais le plouf est une option amère à Valflau car la circulation en cette saison est...faible (voire moins).
Donc prêt au départ, je m'offre une petite sieste en attendant un hypothétique sud-est... qui fini doucement par arriver. Quand il me parait convenable je monte la voile et reste là une dizaine de minute à jouer avec.
Ce qui est surprenant pour moi, c'est cette voile qui se ballade de droite à gauche au-dessus et revient seule. Mes actions correctives additionnées avec sa faculté à revenir son plus perturbatrices qu'autre chose. Je la laisse vivre et tout va mieux. Ca fait d'autant plus plaisir que quand elle prend de l'angle, elle ne me traine pas à plat ventre à travers les buissons comme j'ai l'habitude de faire. Finalement, le vent s'installe sur la crête à 20 km/h. Je me sens déjà pas mal sustenté. 2 pas dans les cailloux et me voila en l'air. La phase d'accélération est là aussi un poil plus longue (qu'à mon habitude) avant que ça commence à monter. Je pars vers la droite en longeant la crête direction l'Hortus. Tiens, le vent est moins sud-est que ce que je croyais. Ca avance bien ; je dois avoir une petite composante de cul. Je monte tranquillement rassuré sur le fait que je ne devrais pas avoir besoin de me vacher dans tous les champs préalablement repérés du déco. Demi tour avant d'arriver avant la fin de la falaise Est. Et je commence à jouer avec la voile. En deux francs appuis sellettes (sans commande), je passe à l'horizontale. Avec un chouille de commande, ça fait des wings sans effort et sans sueurs. Sans sellettes, juste à la commande franche, la voile vire sec en plongeant et restitue l'énergie en sortie sans pour autant créer de mouvement de tangage demandant au pilote de devoir agir pour éviter une chiffonnade intempestive suite à un plongeon de la voile après une ressource. Bref, je me sens bien. Me voila reparti dans l'autre sens le long de la crête. Tiens le vent à tourné ? Crétin, t'as pas le vent dans le cul ; tu voles juste vite ! Alors je détrime (gentillement) pour voir ce que ça donne.
Waow. Le long de la falaise, j'ai l'impression (surement fausse) d'avancer comme en planeur. C'est jouissif, grisant. Mais je me méfie de ma faible capacité à manier correctement l'engin et ne me rapproche pas trop du caillou, histoire de ne pas alimenter les statistiques. Je garde l'atelier botanique pour un autre jour.
40 minutes de soaring à découvrir un peu plus la voile et ses possibilités sans aucun moment de frayeur ou de doute. Je suis ravi.
Je repose sur le plateau derrière (légèrement sous le vent du relief) parce que j'ai froid. Je suis revenu les trims au neutre et me fait
baisé avoir par le changement de direction de vent. Il m'en coute un joli flare de 20 m et 4 foulées.
Bilan personnel : ça vole bien, c'est précis et réactif, très amorti si on ne sur-contrôle pas, finalement peu exigeant pour ce que j'ai vu de enveloppe de vol. Pas un bruissement de stab, pas une amorce de fermeture, c'est solide.
Loin de moi de comparer ou de juger. Comme je l'ai dit plus haut, ce ne sont que les premières impressions d'un pilote lambda qui essaye ce genre de machine. Je n'ai aucune référence pour comparer avec des voiles du même type. C'était juste pour communiqué mon ressenti aux autres néophytes qui voudraient s'y essayer.
J'ai comme l'impression d'avoir trouvé l'outil qui va me permettre de voler quand la brise de mer méditerranéenne est trop forte pour déplier ma voile. C'est surement pas l'engin de cross du 3eme millénaire, mais c'est un jouet largement accessible qui me permet d'élargir mes fenêtres de vol de manière sensible.
Bons vols à tous