"Ce n'est pas l'épée qui tue mais la main qui la brandit". Ce vieux proverbe des temps anciens donna au Far West : "ce n'est pas le colt qui tue mais le doigt qui appuie sur la gâchette".
Et réciproquement.
Moi qui suis iconoclaste, anticonformiste, rebelle et viscéralement anar, je dis que la vitesse est un facteur de sécurité.
Quid ?
Entendez-moi bien : je ne dis pas qu'il serait intelligent de mettre un pavé sur l'accélérateur, comme faisait Lachenal à son époque avec les voitures de l'époque, pas très rapides et qui freinaient mal. Je dis que le facteur de sécurité vient de la maîtrise et de la concentration soutenue exigées quand on roule un peu plus vite que les foules décérébrées qui se traînent en caravanes assoupies de clampins incompétents.
C'est très important en moto de rouler à +30km/h par rapport aux caisseux, cela devient dangereux à +50km/h et suicidaire si on met la poignée dans le coin dans le trafic, le moindre incident causé par un clampin envoie jardiner les bordures, et ce qui est bénin sur un circuit aménagé pour ça devient mortel quand les bordures sont en bois, béton ou ferraille.
Je n'ai jamais oublié l'accident de Christian Ravel à Spa.
J'ai toujours eu une conduite "incisive", rarement en respectant les limitations débiles destinées à faire sonner le tiroir-caisse des radars, et il est toujours difficile de me suivre à la descente sur une route de montagne, je me rappelle avoir poudré Corinne et sa BMW avec mon vieux C15 pourri dans la descente du col de la Forclaz en lui faisant un freinage saignant et un intérieur propre et sans bavure. C'était idiot mais j'avais eu envie de le faire parce qu'elle conduit à la perfection et que je ne risquais pas d'aller au tas, je ne l'aurais jamais fait à un plouc au volant d'un Panzer.
Rouler lentement, avec toutes les limitations imbéciles, cela pose un problème mécanique : on n'est jamais sur le bon rapport de boîte. On consomme davantage, on pollue davantage et on s'ennuie tant qu'on a tendance à se distraire un peu de la conduite... et bing ! carton.
Un autre engin redoutable est l'écran du GPS. Quand on le regarde, on ne voit pas ce qui se passe dans les rétros. C'est à mon avis aussi dangereux que le téléphone. Il y a cependant un petit avantage : quand on dépasse la limite autorisée, il produit un bip. Cela évite de regarder sans cesse le compteur pour rester dans les clous.
Rouler lentement ne permet pas de conserver des réflexes rapides, pour autant qu'on en ait eu. C'est facteur de risque.
Quand je roule en Allemagne, à un petit 120-130 peinard avec ma Logan poussive, je me fais dépasser par des lascars avec 50 de mieux, voire pire, c'est surprenant au début mais on s'y fait et les Allemands qui roulent avec le pied dedans ne me mettent pas en danger : je les vois venir et je sais tenir ma trajectoire.
Au Danemark, les études ont montré que diminuer la vitesse de 90 à 80 était totalement inefficace et augmentait le nombre d'accidents. C'est petit le Danemark et c'est relativement plat, il n'y a pas autant de routes que chez nous et y faire des statistiques laisse moins de place à la démagogie.
Pourtant, quand ils sont chez nous, les Danois ne roulent pas mieux que les Hollandais et ils sont aussi maladroits que les Français.
Les Français sont un peuple d'imbéciles râleurs, gouvernés par des imbéciles qui leur ressemblent.
J'en ai marre de râler en rompant des lances contre les moulins à vent de la connerie.