Le danger du parapente, repenser notre pratique
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Arpege:
Je vole depuis plus de 30 ans dont 27 ans dans les Alpes du sud. Quand je suis arrivé dans ce qui allait devenir ma région d'adoption, quasiment personne de volait à Saint André l'après midi l'été. Aujourd'hui, c'est presque devenu "la norme"... (et j'imagine que ce constat est valable pour beaucoup d'autres sites toniques).
Quelques raisons, en vrac, non exhaustives:
- Les nombreux exemples de record de grands cross réalisés par une élite au top niveau avec une volonté probablement inconsciente pour certains pilotes de vouloir "faire pareil" dans des conditions qui les dépassent
- Paradoxalement, une progression générale à l'échelle de mes 30 années de pratique: du matériel en termes de sécurité passive (voiles, parachutes, sellettes...), du niveau moyen des pilotes (formation, SIV...) et de notre connaissance de l'aérologie (formation, nombreux sites sur le net...); ce qui a probablement, toujours de façon plus ou mois consciente, nous procure un faux sentiment de sécurité qui réduit de facto nos marges.
Quand j'ai commencé à voler en 1987, pas de parachutes de secours, pas d'accélérateurs, voiles plus/moins sures (je n'arrive pas à me décider), pas de protection sur nos harnais et connaissance de la météo du jour sur un site donné parfois quelque peu empirique = nous prenions de grosse marges.
- Le besoin effréné pour certains pilotes de vouloir "consommer du parapente" comme on consomme des séries sur Netflix, des glaces à la boulangerie... comme si toute exigence devait être satisfaite, quelque soit les conditions du moment et l'adéquation avec le niveau/matériel
Pilou:
Salut,

A lire tous ces échanges et ces partages très intéressants on sent bien qu'il y a beaucoup d'émotions, d'interrogations, mais aussi de doutes et parfois de croyances. Pour ma part une trentaines d'années de pratique en amateur comme en professionnel dans des sports ou des activités dites "à risques" ne m'ont pas amenées à trouver le "graal" qui me permette d'affirmer : "là je sais" ou "là je suis sûr de moi".
Tout au plus ai-je gagné un peu en compréhension de l'ergonomie du risque, de sa mécanique; de l'importance des décisions de l'absurde et de l'incontournable écueil des Facteur Humains. J'emploie le terme "écueil" à dessin puisque je vois encore trop souvent, y compris dans les colonnes du fofo, que lorsqu'on parle de risque on arrive vite à des réponses liées à un geste technique. C'est déjà ça me direz vous, mais c'est, hélas, largement insuffisant. Par contre il semble plus "confortable" de se réfugier derrière une gestuelle que d'aller gratter sur des points endogènes qui demandent de s'observer objectivement. Et c'est là que se trouve souvent-pas toujours- l'écueil.
On pourrait également évoquer des paramètres sur lesquels nous n'avons que guère de moyens d'action  (omniprésence des réseaux sociaux et de leurs cercles d'influences...) ou d'autres que nous cautionnons plus ou moins volontiers (une CFD qui semble devenir un étalon de comparaison, y compris auprès de pilotes jeunes dans l'activité) etc...
Il y a peu j'ai proposé une formation de 2jours sur les stratégies du risque et la gestion émotionnelle; ok rien de révolutionnaire et je ne prétends pas tout solutionner d'un coup de baguette magique . Mais au total nous avons 2 inscrits, une petite déception. Je pourrais voir le verre à moitié plein et me dire "c'est déjà bien", mais malheureusement d'un autre coté je sais que cela fait défaut à bien des pilotes, y compris certains que je côtoie tous les jours. Et peut être que les germes d'accidents à survenir pourraient être évités par cette petite prise de conscience ( beaucoup de conditionnels tout de même).
C'est une des raisons pour lesquelles, lorsque nous échangeons, si quelques mots peuvent inciter ne serait ce qu'un pilote à porter son attention sur ces facteurs, et peut être éviter une décision lourde de conséquence, hé bien ça vaut le coup !  Du coup cela devrait aussi nous amener à être prudents et veiller à dépassionner nos débats car ils sont un champs fertile pour ancrer un certain nombre d'idées ( bonnes  et moins bonnes)
Bref, pas de magie dans ces quelques lignes que je vous écris, mais il semble toutefois qu'il y ait une petite prise de conscience. Bien des efforts ont été faits, y compris par la Fédé, mais dans la mise en oeuvre et l'application il reste un gros travail de fond à produire par les clubs, les médias et les professionnels ( et je me mets dans le lot).

Bons et beaux vols à tous !
duplo:
Citation de: Pilou le 10 Juin 2019 - 21:47:54

... Il y a peu j'ai proposé une formation de 2jours sur les stratégies du risque et la gestion émotionnelle;
... Mais au total nous avons 2 inscrits, une petite déception.
... je sais que cela fait défaut à bien des pilotes, y compris certains que je côtoie tous les jours.


sans doute 2 jours (2x8h?) rien que là dessus c'est un peu aride pour une population qui renacle déjà a faire des SIV ou des stages de recyclages ;)

à quand l'introduction pleine et entière de ces thèmes dans le livret de formation ?
JC - MARSEILLE PARAPENTE:
Citation de: Limonade67 le 10 Juin 2019 - 16:14:38

Je suis aller voler au Népal au mois de mars.
Ce que j'ai vu la bas est proprement hallucinant. Il y a eu environ 2 morts/3 jours.
Le gouvernement a décidé d'interdire le vol dans tous le Népal.
Une quinzaine de jours plus tôt, c'est en Colombie que le vol a été interdit.

J'ai fait parti de la délégation qui est allé à l’aéroport pour essayer de négocier la reprise des vols.

Notre sport vit une dérive incroyable :bang:
J'ai passé beaucoup d'heures à essayer de comprendre, j'ai eu quelques réponses, mais pas toutes.

Dans un pays, dans lequel il n'y a pas d’ambulances, hélicoptères, où les hôpitaux sont des infirmeries de colonie de vacances, les pilotes volent avec peu d’expérience, pas de météo, des vents de + de 25km/h + thermique très forts et hachés au dessus de zones très très difficiles d'accès.

A la fin d'un Cross que j'ai trouvé très engagé en raison du vent, je suis aller discuter avec des Franco Suisse. Avant de leur adresser la parole, je les ai écouté. L'un parlait de son ami qui a fait secours, l'autre de sa très grosse fermeture. A l'endroit dont ils parlaient nous étions sous le vent en effet Venturi. Moi et un pilote Russe en Enzo avons quitté la zone, et je n'étais pas fier de m'être aventuré à cet endroit.

J'ai demandé aux deux pilotes comment ils ont trouvé la journée : bien et toi ......

Cela résume un peu le vision qu'ont certains (dont je fais parfois parti) face aux risques mais surtout au déni de notre pratique.




Je n'ai pas compris.... tu a volé dans du vent ??????
Limonade67:
Citation de: Willow le 10 Juin 2019 - 19:33:00

pour ce qui concerne le Népal, je me demande si le sujet n'est pas ailleurs...en gros, dans un pays aussi fataliste que le Népal, où la destinée est quelque chose d'ancré dans les mentalités, je me demande si l'interdiction de vol n'a pas pour arrière pensée de récupérer un peu plus de devises à termes...je peux me tromper


Non, il y a eu plusieurs problèmes cumulés en une semaine.
1) Une compétition russe "sauvage" avec des survols et atterrissage interdits (temple, centre ville).
2) Une accidentologie énorme.
3) L'ouverture en octobre du nouvel aéroport international, avec les avions qui passeront au dessus des 3 attéros existants.
4) La cohabitation avec les 250 biplaceurs de Pokhara.
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