Le danger du parapente, repenser notre pratique
<< < (11/53) > >>
Nicolas - AirDesign:
Allez je mets mes 2 sous sur ce débat sur la chance et les impondérables.
Comme pour le ski (le vrai, pas celui dans les "stades"  ;), quoi que), la montagne en général (escalade, alpi), les sports de mer ou d'eau vive, je vole en sachant que je pratique un sport à risques, quoi qu'on fasse et qu'on en dise. Et je décide de le faire en acceptant les conséquences potentielles pour moi, mais aussi et c'est plus dur pour mes proches. Mais j'ai décidé de vivre, et ça passe par là. Et je crois que mes proches en ont conscience. Pour eux et pour moi, je m'attache à réduire ces risques au maximum chaque jour où je sors. Et j'accepte que le risque zéro n'existe pas. Sinon j'arrête.
Quand je cartonne en 95;
- je ne devrais pas voler, avril, midi, sud installé, grosse instabilité, aile de compèt. Pareil que la veille où je me suis régalé. Les potes sont déjà en l'air. Prise de risque.
- je merde un peu au déco et ne décolle que bas dans la pente. Pas de chance Manque de maitrise.
- je décide de reposer immédiatement mais n'y arrive pas. Pas de chance. Je décide de sortir mais du coup j'ai perdu encore plus de gaz.
- je me fais choper par le rotor et catapulter 40m plus haut. OK.
- je me fais couper en 2 par un cisaillement (asym de 75%) et pars en autorot immédiatement. Pas de chance.
- dès le premier 1/4 de tour ultra rapide, je décide que je n'ai pas d'autre choix que de finir le tour avant de stabiliser m'éloigner du relief. (Manque de) Maitrise?
- je tape contre la pente, il manquait moins de 5m pour que ça passe. Pas de chance.
- 2 vertèbres disloquées, paraplégie immédiate. Pas de chance. Mais pas mort. Chance.
- je finis par remarcher, avec des séquelles, mais je repratique les activités que j'aime. Chance!

Et tous les accidents peuvent se décomposer en décisions, conséquences...
Pas de chance: il manquait 5m. Rien à voir avec la chance: je n'aurais même pas dû sortir la voile du sac (évidemment, ça, je n'en ai conscience que longtemps après avoir tapé, mauvaise analyse ou surtout mauvaise estimation des conséquences possibles).

Je crois qu'il n'est vraiment pas raisonnable de pratiquer cette activité en pensant être capable d'éliminer tous les risques. De penser que ça ne peut arriver qu'aux autres. A nous de tout mettre en oeuvre pour éliminer limiter ces risques.
Par contre, il faut être très à l'écoute de tous les signaux et doutes. Et un doute sur une décision devrait automatiquement faire choisir la voie "safe".

Aujourd'hui, je dis que c'est un déco dont je savais qu'il passait 9 fois sur 10. Peut-être 95 fois sur 100. Ben pas d'hésitation, fallait pas y aller. Mais je n'en avais pas conscience.
a-r-h:
Citation de: piwaille le 10 Juin 2019 - 11:31:27


à contrarioCitation de: a-r-h le 09 Juin 2019 - 20:38:44

des mecs (l'année dernière en juin) qui volent sous un nuage d'une épaisseur inconnue (et si ça sur-développe tu fais quoi ?!) à la Dent de Crolles,

épaisseur inconnue par qui ? Ce n'est pas parce que toi tu ne sais pas évaluer l'épaisseur du nuage qu'aucun pilote ne sait le faire (ce qui ne donne pas un blanc seing aux pilotes qui parfois volent effectivement sous des nuages dont ils n'ont pas évalués l'épaisseur).

bref et pour résumer les deux interventions : toujours se méfier de ce qui est évident pour nous et dont la conclusion peut être radicalement différente pour un autre



Epaisseur inconnue par les pilotes qui étaient dessous. De là où ils étaient, non seulement ils ne pouvaient pas voir la hauteur du nuage (bien foncé donc épais), mais encore moins ce qui se passait juste derrière en Chartreuse, où ça gonflait sévère. Environ 4 gugusses évoluaient joyeusement sous la base plate de ce nuage où, évidemment, ça montait bien.
Pour cet exemple précis, je n'ai pas de doute, et les pilotes au sol avec qui j'étais non plus : c'est de l'inconscience totale.
"Coup de chance" ce jour-là, ça n'a pas sur-développé.
Le plus étonnant dans tout ça c'est qu'ils ne se sont pas dit "tiens bizarre, on n'est que 4 en l'air alors que ça monte des briques, tout le monde est allé poser".
M@tthieu:
Si un jour, je dois mourir en parapente, c'est que c'était mon jour. Je rejoins Piment là-dessus. Ce n'est pas qu'une histoire de chance/malchance. c'est le destin. Et je commence à en connaître un bout... Le but du jeu alors est-il de repousser le plus loin possible l'échéance ? Vous y passerez comme moi. C'est la seule certitude.
Le but de la vie est-il de se faire plaisir au mépris des risques pris ? Le but de la vie est-il de ne pas se faire mal, de ne pas mourir bêtement ? Est-il de jouir de la vie inconsciemment et savourer tout ce qui est potentiellement dangereux ?
On s'alarme pour une dizaine de pilotes morts dans notre activité préférée. Est-ce bien ou inconscient ? S'alarme-t-on du nombre de femmes qui décèdent sous les coups de leurs maris ou compagnons ? S'alarme-t-on du nombre de morts en voiture, du nombre de personnes qui meurent de faim et de soif chaque jour ? Tirons-nous la sonnette d'alarme du nombre de personnes mourant "injustement" (avec ce qui nous sert de degré de jugement concernant cette justice) : Wowo cite les 3 sauveteurs de la SNSM, mais on pourrait parler des bérets verts décédés récemment, des deux enfants renversés par un chauffard ce week-end etc etc...
Wowo et certains d'entre vous ont le mérite de faire réfléchir sur un certain nombre de causes humaines des accidents de parapente. A ce sujet Flying Enclume, je te dois toujours 24 € pour ton bouquin.
Après on sait, ou on apprend à savoir ce qu'est l'aérologie défavorable. Evaluer les risques et faire en fonction. Certains parlent de feux rouges ou verts. Certains d'imprévisibilité. Mais on ne peut rien prévoir. Bien malin qui peut savoir...
Je regardais les commémorations du Débarquement. Certains valeureux héros sont encore vivants. Combien sont morts juste à côté d'eux ? Le risque de mourir était très élevé. Ike le savait. Et pourtant, le devoir, le boulot, les ordres ont fait que... pareil quand vous déployez votre voile sauf que là c'est un loisir. Vous n'allez sauver personne, délivrer personne. Juste voler pour le plaisir. Alors si certains disent que c'est con de mourir pour un loisir, c'est aussi con de mourir dans une guerre ou dans un combat contre un cancer. On a le choix. Oui. On ne choisit pas. Mais quand c'est son heure, c'est son heure. Retarder l'échéance, c'est tout ce qu'on peut faire. Après... les âmes bien pensantes pourront faire les discours qu'ils veulent, il y a des choses qu'on ne maîtrise pas. C'est cela la vie. Décider de vivre, c'est choisir. Choisir de ne pas faire de parapente ou de voler à 14h à Saint André par une journée fumante. Pourquoi est-ce que je veux voler ? Pourquoi ce jour ? pourquoi cette heure ? Une fois qu'on a répondu à toutes questions, c'est le libre-arbitre de chacun.
Personnellement, les ploufs du matin me feraient ch... quand j'aurais 80 ans peut-être. En plus décoller dos voile, bof...
Je suis au Puy de Dôme depuis quelques jours et on en voit des choses, une Rook 2 twistée au déco, une Epsilon 8 dans les arbres, etc etc... vous connaissez ça. Aucun jugement, c'est la décision du pilote. J'aurais pu ne pas sortir la voile en voyant tous les locaux assis et après discussions avec eux mais après analyse des seules voiles des biplaceurs en l'air, j'ai décidé d'y aller et j'avais deux plans si la masse d'air en me plaisaient pas. Alea jacta est comme dirait César. Est-ce que le jeu en valait la chandelle ? c'est quoi cette chandelle ? Voler vaut-il la chandelle ? Vivre vaut-i la chandelle ? Je n'ai malheureusement pas la passion des dominos ou du scrabble.
Enjoy flying :ppte:
wowo:
Citation de: fabrice le 10 Juin 2019 - 11:31:09

[...]
La lecture ou l'anticipation des phénomènes aérologiques demandent de l'expérience, du ressenti,... Mais je suis persuadé que pour certains, certes rares, c'est quasi-impossible du fait justement de cette rareté.
[...]


Ça je ne le refuse pas mais et tu le dis fort à propos, il s'agit de faits rares. Or l'accidentalité elle nous montre qu'elle n'a rien de rare en vol libre.

Piwaille avec son exemple "accident lié au dusts" ou Nicolas avec son récit nous démontrent où les notions de chance/pas de chance intervienent. Non pas au départ dans le choix de déballer son aile mais tout au plus après dans les conséquences de l'événement avec encore des moments ou ce n'est pas chance ou malchance qui tiennent les rênes de l'événement mais bien encore nos reflexions/choix/decisions/actions.

Est-ce que vraiment un grand nombre de pilotes pratiquent en admetant que chance ou malchance sont co-pilote voir à certains moments commandant de bord.

Perso si je le pensais, j'arrêterai illico.

Ce qui encore une fois ne signifie en rien que je me crois à l'abri de l'accident. Mais je sais que s'il m'arrive cela sera uniquement (sauf circonstance d'une extrême rareté) lié à mes choix/decisions/actions. Et perso cela me parait la bonne manière d'aborder la pratique car cela me motive à tenter de minimiser, comme le precise Nicolas par exemple, au maximum mes prises de risques. Les dangers existent mais il m'appartient de m'y exposer ou non.

Et effectivement on peut comme le pense M@tthieu admettre que ceka relève du libre-arbitre de tout pilote (sauf ceux de biplace évidemment) mais alors il ne faut plus parler de ceux-là en tant que victime. On n'est pas victime quand on choisi librement d'accepter l'idée même de l'accident.
Et malheureusement les proches s'ils "acceptent" eux aussi cette conception de la pratique de leur proche, ils ne devraient alors plus se considérer non plus comme victimes. Puisque on ne peut pas cautionner un comportement et derrière se plaindre d'en souffrir.

C'est provoc ce que j'écris là mais il me semble qu'une des pierre d'achoppement à une vraie diminution de l'accidentalité est ce déni de responsabilité individuelle et collective dans les malheurs qui nous touchent. On préfère toujours s'imaginer que le problème est avant tout chez les autres.

 :trinq:
lexou:
En ce qui me concerne ainsi que ma famille,on est conscient des risques et les avont tous acceptés.
Idem pour mon fils de 12 ans qui va voler.
Je vais vous en raconter une vis a vis du destin,l oncle d un ami a toujours passé sa vie en croyant qu il allait mourrir en avion,du coup il a passé sa vie au sol et n est parti nulle part au grand desespoir de ses proches jusqu au jour ou un avion s est écrasé sur son tracteur alors qu il labourait son champs.
Navigation
Index des messages
Page suivante
Page précédente