Le danger du parapente, repenser notre pratique |
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M@tthieu: Il y a plusieurs facteurs : à moins de 100 vols, j'avais tellement faim de vols que je partais dans n'importe quelle condition. Ensuite il n'y avait pas eu encore de malheureuses séquences. Donc je le sentais invincible. Et ce que nombre d'entre vous ont pu dire, je croyais que j'en étais exempt. Maintenant avec pas mal de vols, je peux choisir et renoncer. Avec plus d'expériences, je peux mieux analyser par moi-même. Je n'ai plus envie de tenter le coup de poker. Peut être que j'ai atteint mes limites d'acceptation ou que je suis plus sage. Je vole toujours autant, donc la boulimie n'a pas disparu mais ayant vécu des situations peu enviables, je sais désormais que "ce sera meilleur demain". Je croise souvent des têtes brûlées dont j'ai peut être fait partie et je n'arrive pas à moraliser, étant moi-même réfractaire à la morale.. Je leur raconte juste ce qui m'est arrivé en leur disant que j'ai toujours eu beaucoup de chance et Dieu (ou ange gardien pour les non croyants) avec moi. Mais c'est à double tranchant. Ca peut faire réfléchir ou ça peut faire envie de tirer le diable par la queue. Je le suis rendu compte qu'on était tous différents face au danger et il faut avoir plusieurs discours. Celui de la morale ne m'a jamais réussi. Si en plus, tu rajoutes de l'ego.. Ca peut vite dégénérer ! Ce qui marcherait mieux maintenant, ce serait de me rappeler les plus beaux vols, ceux où on est en osmose sans se battre avec sa voile, ses peurs et la masse d'air. Et les comparer aux vols critiques. Malheureusement si on ne fait pas 100 bornes dans les Alpes, on est pris pour un rigolo. Ah la fierté. |
piment: Citation Malheureusement si on ne fait pas 100 bornes dans les Alpes, on est pris pour un rigolo. Si tu en as quelque chose à foutre d'être pris pour un rigolo et que ça te pousse à faire des conneries ben tu ne peux t'en prendre qu'à toi même, vaut mieux passer pour un rigolo que d'être paraplégique ou mort... |
Lassalle: Citation de: M@tthieu le 25 Août 2019 - 16:35:14 Malheureusement si on ne fait pas 100 bornes dans les Alpes, on est pris pour un rigolo. Ah la fierté. Mais où as-tu vu cela ? :grat: Dans mon club l'immense majorité des pilotes (dont moi) n'ont jamais fait 100 km, ni même 50 km d'ailleurs. Et personne ne nous a jamais traités de "rigolos". Je ne connais pas tes amis pilotes, mais s'ils en sont effectivement là ! :grat: :grrr: :bang: :trinq: Marc |
FredBEAU86: Pas lu toutes les pages du sujet juste une bonne moitié. Il se trouve que j'ai eu un accident le 19 avril dernier. J'ai 9 ans de pratique et quelques 900 vols en conditions variées parfois sportives. Je ne suis pas téméraire et préfère prendre pas mal de marge dans toutes mes activités niveau sécurité. La chance ça n'existe pas quand on connaît tous les paramètres en cause. Mais comment savoir les numéros de l’euro-million prochain ou la météo qu'il fera le 05 avril 2020 ? On limite les risques effectivement par notre entraînement physique, technique, connaissances spécifiques, analyse et expérience. Pour le moment je n'ai eu qu'une dizaine d'incident (frontale ou asym) sans cascade et maîtrisés et ne me suis jamais fait de vrai frayeur et pas d'arbrissage non plus mais j'aurais peut être mieux fait de tenter le coup ... Toute la prévention qui est faite au niveau fédé, écoles, ici et ailleurs c'est très bien aussi. Néanmoins l'erreur humaine peut arriver aussi quand on s'y attend le moins. Tout comme on peut se casser la figure bêtement dans les escaliers. Circonstances de mon accident : Site de mon apprentissage où je vole le plus. Beau temps vent max 2 km/h premier vol balistique sur site 45 mn plus tôt. Un parapentiste réussi à enrouler (0,5 m/s à tout casser) assez loin devant... Prévol minutieuse pour éviter les clés, déco 11h30 dos voile sur la neige tassée sans vent. Première petite erreur d'analyse, au lieu de tenir compte de l'enroulage prématuré à cet endroit du parapentiste précédent, je suis mon plan de vol classique du matin. Je suis la crête ça me porte assez pour arriver suffisamment haut au-dessus de la combe ou la veille j'avais pris 1200m de gain. Je ne trouve pas de thermique et me tourne vers la sortie de la combe. Pas bousculé en l'air c'est clair mais justement mon cerveau a du coup tout le temps de focaliser sur les sapins très haut et m'envoyer une information à la con du style : "et si ça dégueule là, tu risques de te retrouver au sommet d'un sapin pour un bout de temps" - ok si ça monte pas y a pas de raison que ça dégueule non plus mais dés fois que quand même... Faut dire que d'habitude je passe largement plus haut et ça chahute suffisamment pour être concentré. Ça se serait bien passé et même au pire si j'avais été dans un sapin cela aurait peut être mieux valu mais voilà : Au même instant un petit pré devant un chalet s'offre à moi comme atterrissage d'urgence... Temps d'analyse disponible 2 ou 3 secondes, choix du terrain... Juste avant le terrain, la route qui monte à la station... Juste avant la route trouée ente les arbres laissant seulement quelques mètres de marge... 15 m avant point d’atterrissage, la suspente de stabilo droit s'accroche dans la branche d'un arbre, je pivote sur le côté, me retrouve à environ 1,50m au-dessus de la route, la voile se décroche de l'arbre au moment ou j'impacte le bitume au niveau du coude et de la hanche. Bilan : temps de vol 15 mn, tous les voyants au vert, 0 thermique, pas de gêne extérieure, pas d'incident de vol juste une erreur très con (parce qu'on peut en faire des comme ça dans tous les domaines!) du pilote. Bien sûr avec des "si": - pas de pré, pas le choix et ça passe : "t'es vraiment con de te faire des peurs comme ça pour rien !" - pas de pré, pas le choix, dans les sapins : "Voilà c'est malin pourquoi t'as pas fais gaffe plus tôt à ta hauteur maintenant t'as plus qu'a mettre en œuvre la procédure arbrissage et activer le mode patience et humilité !" - ça passe et j’atterris dans le pré : ouf j'ai bien fait on sait jamais c'est quand même mieux que de poiroter des heures au sommet d"un sapin... - ça passe mais je me prend le camion (qui est arrivé une minute après) : moins cool je pense au résultat qu'un coude et une hanche! - même chose mais en plus je me fais ramasser au milieu de la route par un Fangio en sorti de virage : RIP ! Finalement, la chance c'est comme le verre à moitié vide ou plein, c'est la façon de voir les choses ;-) Pour info, je me suis remis à voler dès que cela a été possible parce que c'est mon plaisir et que j'ai effectivement aussi des camarades qui sont décédés en parapente mais également dans leur lit (rupture d'anévrisme, crise cardiaque) et mon père et décédé d'un cancer de la moelle osseuse sans avoir jamais été malade auparavant... Bref voler c'est un choix et il faut rester vigilent à tout instant même quand rien ne présage de l'accident. Et c'est surtout là ou je voudrais insister par rapport aux discours sur la sécurité : c'est pas parce que tout les voyants sont au vert que rien ne peut arriver ! PS: coût de l'erreur d'attention : hanche droite fracturé au niveau du cotyle et le coude droit, 1 mois d'hospitalisation + 2 mois et demi en centre de rééducation, 2 jours de convalescence, 4 semaines de vacances (surtout remise en forme) et reprise le 2 septembre au boulot. C'est vrai que sur internet quand on voit comment y'en a qui s'en sortent super bien après des sketchs pas possible alors que là je fait une chute de même pas ma hauteur où sur le cul ou sur le dos j'aurais rien eu, ça peut foutre les boules ;-) |
Pascal H: C'est sans doute parce que tu es exposé à une overdose de sécurité, ça se comprend. A l'inverse que tu as eu un accident, tu prends toujours tes lunettes avant de meuler, tes gants ,etc. Il faut trouver le juste milieu. Ne baisse pas ta garde… ca coute cher, et la mettre trop haut ne sert à rien non plus. |
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