Bon, ok... je veux bien rédiger "hélico to rogallo II : le retour", alors.
Dans l'espace-temps, j'étais situé à Col Rodella (Dolomites), déco SW, fin septembre 2013. Les conditions étaient bien fortes, super chouettes, mais hélas ce jour-là de nombreux pilotes ont eu des soucis parfois graves et l'hélico (le vrai hein, celui qui fait du bruit et des turbulences) et sorti 5 fois! La réputation des pilotes là-bas, je parle des touristes et pas des locaux, est suffisamment désastreuse pour que j'en rajoute; disons que ce jour-là était comme les autres MAIS avec des conditions fortes.
Je me mets en l'air pour jouer à faire des trucs devant le déco, des petits waggas, et tout ça. Puis je fais des runs en m'écartant bien du relief, dans un box à peu près correct malgré la brise assez forte qui rend la dérive sous secours difficile à estimer. Tout va bien, je sors un peu tout mon répertoire de figures sans trop engager parce que les conditions et le lieu ne me mettent pas trop en confiance. NB: il y a quelques images d'acro de ma dernière vidéo qui sont issues de cet aprèm-là.
Je me mets à m'entraîner à rentrer en hélico "pas comme d'habitude", càd en tirant le start avec la voile encore bien derrière, ce qui est tout à fait faisable à condition de bien faire une action de recentrage au premier tour. Mais bon, visiblement il me manque un peu de feeling car ça ne va pas très bien. A un moment, j'en rate un qui tourne bien mal et dont je sors avec une fermeture. J'enchaîne directement sur un autre qui va un poil mieux, mais ce n'est toujours pas ça. J'hésite à en faire un 3è vu ma hauteur/sol qui devient un peu limite et je décide de le faire quand même au lieu de revenir au déco pour reprendre du gaz. Ca foire complètement, j'en sors bras hauts un peu en urgence et au mauvais moment (ça arrive hein...) et du coup j'ai une belle abattée asymétrique bien puissante ("merci" la Trickster
), une profonde fermeture et le bout d'aile gauche reste coincé dans le demi-cône droit. J'essaie de sortir tout ça rapidement avec un gros coup de frein mais rien ne bouge, je sens l'aile très instable et prête à partir en autorotation. Il faudrait planter un décro mais même comme ça l'issue est incertaine... voilà pour l'analyse "du moment". Un coup d'oeil à ma hauteur côté relief me donne l'impression d'être super bas (en fait ça va encore à peu près) alors je tire le secours en mode réflexe; le rogallo bien sûr. Et bien entendu il sort bien twisté.
Cette fois je ne perds pas de temps: la tête froide, je dégage les quick-out très vite. Une fois débarassé de la voile, le déswistement du rogallo est très rapide; je chope les freins, fais sauter les sécurités qui le coincent en parachutale, et j'essaie de piloter. Le parachute, aidé de la brise, me ramène droit sur une petite falaise de 10m en-dessous de laquelle il y a un petit pierrier et une pente forte dégagée avec un joli ruisseau au milieu: c'est la zone d'attéro d'urgence que j'ai désignée pour définir mon box. Première grosse surprise: un rogallo ce n'est pas maniable pour deux sous! j'ai beau actionner le frein, ça ne tourne pas, et au bout d'un moment la falaise se rapproche bien vite. Je finis par tirer de toutes mes forces, ça tourne doucement, j'évite la falaise à 1m près et quelques secondes plus tard je pose dans le pierrier, tout doucement comme une fleur, sur mes pieds! quel merveilleux taux de chute. Sauf qu'une fois au sol, je fais un pas pour aller vers le parachute, perds l'équilibre sur un stupide caillou, et clette mariette (comme on dit à Bruxelles) me voilà sur le cul avec une bonne douleur au doigt.
Je donne signe de vie en radio, histoire que les secours ne sorte pas pour rien (j'en ai marre des hélicos... et je ne veux plus entendre le mot "secours"!!!), puis localise mon aile qui tombe tout doucement à 20m de moi dans la pente herbeuse. La suite est plutôt fun: un ami descend me voir, on plie mon aile, on cherche un peu mon POD (R.I.P....) puis on descend au village à pied parce qu'on a la flemme de remonter au déco (la pente est trop raide). Ca fait une super balade le long de la rivière puis dans la forêt et on finit par le chemin de croix en mode reverse jusqu'à l'église. De retour au camping, un magnum aux amandes nous attend (merci à ma chère compagne) ainsi que des vidéos à débriefer. La douleur au doigt s'atténue, il n'est pas cassé, ouf.
Et voilà, encore un lancer de secours qui finit bien. J'étais bien content d'avoir tiré tout de suite sans me poser de questions. Et aussi très content pour le magnum, miam!
Maintenant, y'en a marre des hélis qui finissent mal et je soigne mes sorties depuis lors. J'ai changé d'aile aussi; la Trickster shoote décidément beaucoup trop pour moi (en tout cas la première version du suspentage).
Et puis, je voudrais bien ouvrir ce rogallo avec plein de gaz pour apprendre à le piloter correctement... là j'ai l'impression que ça se dévie plus que ça ne se pilote, mais c'est peut-être parce que j'étais un peu en panique avec cette falaise idiote.
S'il y a une leçon à retenir de tout ça, c'est que les hélicos ce n'est pas anodin même après des milliers de tours. Et aussi, qu'il ne faut vraiment pas hésiter avant de tirer le secours; même s'il reste un peu de gaz, tout va vite sous le secours et on devient d'un coup très passif.
Voilà c'était mon 2è secours en acro au bout de deux ans de pratique de la voltige. Et je m'en serais bien passé, pour tout dire...