bilan accidentalité des moniteurs |
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Willitou: Citation de: plumocum le 08 Décembre 2023 - 22:08:11 Citation de: denben le 08 Décembre 2023 - 21:40:48 Toutefois, je suis convaincu que ça a à voir avec une éthique personnelle : liberté ne peut que rimer avec responsabilité, au moins au sens où ce terme vient d’être défini. C'est très intéressant. Je suis une quiche en philo mais sans le vouloir il me semble que ce sujet se rapproche de plus en plus au débat qui oppose la liberté au déterminisme. Je trouve que cette question posée en terme de responsabilité due au libre arbitre face à l'accident dont les causes ont souvent tout du déterminisme, tout ça au sein d'une activité qui a la prétention de porter le mot 'libre' jusque dans son nom a de quoi mettre en place une sacrée schizophrénie 🤪. :pouce: :forum: Pour le côté philo ; tu peux voir l'accidentalité par le prisme de la prise de risque (or l'aversion au risque peut conduire à la servilité). Je distingue l'inconscient (décoller dans l'orage) à l'aventurier qui accepte la potentialité de certains risques (décoller par temps orageux). http://www.philomag.com/articles/etienne-klein-le-risque-est-devenu-le-symptome-dun-dereglement-general-corriger On voudrait nous faire croire que l'on pourrait vivre sans risque :grat: https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/risques-de-la-vie-courante/article/accidents-domestiques Je préconise de faire à l'identique des paquets de clopes : voler tue ! |
Willitou: Citation de: plumocum le 09 Décembre 2023 - 21:19:34 Arf c'est de la philo. Lorsqu'il survient un accident et que ensuite on cherche à le décortiquer pour en définir les causes on se place obligatoirement dans une position déterministe : on intègre tous les éléments qui ont mené inéluctablement à l'accident et les décisions du pilote y sont integrées comme des causes, étant elles mêmes prises en conséquences à des suites d'événements extérieurs incontournables et des choix du pilote imposés par la situation donc non-libres. C'est là que se trouve le conflit entre le déterminisme et la liberté. Ce concept peut s'élargir bien au delà des accidents jusqu'à toutes les décisions que nous prenons dans notre vie.🥵 Bref, comme indiqué plus haut ce sujet à été développé par un paquet de penseurs brillants et le mieux est de se référer à ceux-là. Et comme tous les débats il y a forcément de nombreuses positions contradictoires. Cette vision déterministe est une croyance ; tu n'auras jamais la connaissance de tous les éléments et de toutes les décisions qui conduisent à l'accident. C'est un peu à l'image des économistes qui prétendent expliquer le passé mais sont incapables de prédire le futur. Dans la modélisation des "accidents" en assurance ; la modélisation du futur par le passé (les causes des accidents) approche de l'impasse et deux nouvelles voies sont en train d'émerger : l'une utilise la psychologie des risques et l'autre le traitement massif de l'information. |
yves: Bah Il suffit alors de donner tout ça à chat GPT ou autre IA, et il vous répondra :mdr: :clown: bon mettez ça sur le compte de l'insomnie :sors: |
plumocum: Citation de: Willitou le 10 Décembre 2023 - 01:32:08 Cette vision déterministe est une croyance ; tu n'auras jamais la connaissance de tous les éléments et de toutes les décisions qui conduisent à l'accident. Bha tu en fais ce que tu veux hein. Il y bien les 3/4 de la planète qui croit en un être supérieur qui dicterait tous nos faits et gestes :twisted: Citation C'est un peu à l'image des économistes qui prétendent expliquer le passé mais sont incapables de prédire le futur. Dans la modélisation des "accidents" en assurance ; la modélisation du futur par le passé (les causes des accidents) approche de l'impasse et deux nouvelles voies sont en train d'émerger : l'une utilise la psychologie des risques et l'autre le traitement massif de l'information. Rhaaa, les puissantes assurances dans l'impasse en utilisant des méthodes propres aux croyances, hum c'est trop bon. N'ont plus qu'à ouvrir des bouquins de philo...ou bruler des cierges parceque si un jour des petits malins pouvaient prévoir l'accident, ils n'auraient plus aucune raison d'être ceux là :lol: |
denben: Citation de: Flying'enclume le 09 Décembre 2023 - 20:31:33 merci, interessant tout cela. Je vois bien que cette opposition sécurité-liberté est dans la tête de beaucoup de pilotes. Personnellement, je n'arrive pas du tout à la comprendre. Je vois plutôt la sécu comme un préalable nécéssaire pour pouvoir exercer sa liberté de vol... L'accident est la pire des aliénations. Ses séquelles, physiques et/ou psychologiques, limitent notre liberté. Quant à la liberté de m'en mettre une, j'y renonce bien volontiers. Donc, bref, je ne comprend pas l'opposition liberté-sécu. Aidez-moi !! Plus exactement, la discussion était lancée sur l’opposition libre arbitre/déterminisme. Mais, de fait :prof: , la sécurité (ou plutôt l’ensemble des éléments qui la composent) peut être envisagée à l’aune de chacun des deux termes de l’opposition. Pour simplifier à donf sur le couple libre arbitre/déterminisme (et je ne suis vraiment pas certain d’y arriver, puisque pour prendre une seule référence parmi des milliers, le bouquin de Guillon paru au Collège de France :shock: ), je dirais que la tâche de définir le libre arbitre s’avère plus que délicate. Il existe en effet dans la littérature des conceptions extrêmement variées de ce qu’il est. Idem pour la définition du déterminisme, qui constitue la menace clef pour l’effectivité potentielle du libre arbitre et qui peut renvoyer à plusieurs types différents (par exemple, le déterminisme dit « nomologique » englobe des formes physiques, biologiques ou génétiques). Bref : - le libre arbitre (on utilise dans la littérature dédiée cette expression plutôt que le simple mot « liberté ») renvoie à plusieurs types de liberté concernés : liberté d’action et d’autoréalisation (absence de contrainte à la volonté de faire, capacité à exercer un contrôle sur ce vers quoi tend la volonté, pouvoir de comprendre et d’évaluer réflexivement les raisons de notre volonté d’agir et contrôle du comportement de manière à ce qu’il soit en accord avec ces motifs) ; liberté d’autodétermination et d’autoformation (capacité à agir de sa propre volonté, soit d’une volonté dont on est soi-même ultimement responsable et qui n’est pas assujettie au passé mais, au contraire, autoformée selon les expériences de vie) ; liberté d’autoperfectionnement (comprendre et évaluer ce que l’on considère comme de bonnes raisons d’agir), etc. - le déterminisme : la thèse du déterminisme causal (rigoureusement formulée dès le XIXe siècle par l’astronome et mathématicien Pierre-Simon de Laplace, et qui peut raisonnablement être reçue puisque (pour recourir à un unique argument) elle affirme que « l’Homme n’est pas un empire dans un empire » (selon le philosophe Baruch Spinoza), qu’il est soumis à la nature comme tous les êtres et tous les objets du monde, et que s’il peut être conscient de ce qu’il veut et désire, de ses actes, et qu’il a le sentiment d’être libre, il paraît utopique d’affirmer qu’il l’est véritablement puisque, régi par la nécessité absolue de la nature, il lui est quasi impossible de se rendre conscient des surabondantes forces et causes, y compris ontogéniques et phylogéniques, enchevêtrées les unes aux autres, qui mécaniquement le meuvent. Ce qu’il me semble clef de comprendre, c’est qu’aucune de ces deux positions ne peut être réellement réfutée ou validée. En matière de sécu (puisque c’est ce qui nous intéresse ici), si tu considères que tu as ton libre arbitre, tes décisions conscientes (ou inconscientes, automatiques) te préserveront de l’accident. Si tu considères que tu es déterminé (de 36 000 façons possibles) …tu l’es aussi concernant tes accidents et si tu dois en prendre une, tu la prendras (j’ai dit que simplifiais beaucoup, mais in fine, c’est bien ça…). Mais – et c’est ça qui me paraît top… -, il semble possible de sortir des deux termes de l’opposition « libre arbitre/déterminisme », de la voir comme « alternative illusoire ». Et là, je me réfèrerai au philosophe Gaspard Kœnig ("La fin de l'individu", Voyage au pays de l'IA) qui, plutôt que de « libre arbitre » (notion pour lui excessivement ambitieuse), préfère alors parler d’« arbitre libre », conciliant déterminisme et autonomie. Position qui, grosso modo, correspond à celle adoptée par le neuroscientifique Stanislas Dehaene (2015) qui, relevant que «Toute machine capable de pondérer les informations dispose d’une sorte de libre arbitre », affirme : « il n’y a pas de décision non causée [où l’esprit s’exonérerait du déterminisme de la matière] car nous n’échappons pas à la causalité physique […] quelqu’un, ayant eu accès à chacune de mes synapses à l’avance, aurait pu prédire cette décision […] En revanche, nous disposons d’architectures neuronales de la décision réfléchie. Nos actes peuvent être réfléchis ou pas : il existe des réflexes ou des actions que nous réalisons sous l’impulsion de nos émotions inconscientes, et d’autres que nous choisissons après une authentique délibération consciente [à un niveau d’organisation où nous pouvons réfléchir posément] – ce sont ces dernières qui me paraissent justifier le terme de ‘libre’ arbitre ». En matière de sécurité notamment, je choisis l’« arbitre libre » …à condition que les comportements employés à cette fin soient réellement efficaces, ce qui ne paraît pas être toujours vraiment le cas. Désolé pour la tartine… |
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