Accidents - les parapentistes sont des hypocrites
Bradepitre:
On apprend avec des ailes bien allongées et on survit avec des allongements plus faibles. :sors:
dravier:
Est-ce qu'on peut changer le titre d'un post ?
Car en fait j'pense que ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est du déni le pb des parapentistes.
Le déni : le déni est une stratégie de défense qui mène à éviter, sinon à nier une réalité
On se défend (s'auto-protège) de ses erreurs et non pas de ses réussites et c'est donc après tout normal qu'on n'ait pas bcp de post sur les erreurs de chacun dans ce fil.....voilà comment j'explique l'affaire après réflexions !
Qu'est-ce qui me faire dire cela.....un pote est venu me voir là où j'ai fait ma MADS volontaire dans les arbres l'autre jour.
C'est tout à son honneur il venait voir si j'allais bien vu que je ne répondais pas à la radio (pas de radio ce jour là)
Je lui ai fait remarqué qu'il avait pris le même risque que moi sachant que je venais de m'en prendre une bonne à cet endroit.
Sa réaction : "rohhhh l'autre j'etais loin du fond de la combe moi" => normal effet miroir jamais agréable le déni est une réaction logique.
J'ai du lui montrer une petite photo pour qu'il comprenne que :
- là où il était il n'avait plus de marge non plus
- vu que je venais de m'en prendre une ce n'était sans doute pas super sein (d'ailleurs c'est jamais sein à cet endroit)
- s'il s'en était pris une aussi, alors même avec bcp plus de talent de pilotage que moi et bien c'était pas gagné de ne pas finir dans la forêt ou voir pire !
dravier:
petit complément que je vous partage sur cette prise de recul.
Cela vient d'un cabinet spécialistes en ressources humaines qui effectue des entretiens à 360 degrés pour les managers.
Un entretien à 360 degrés est un outil de diagnostic qui permet à un manager d'avoir un feedback de ses collaborateurs, de ses collègues, de sa hiérarchie, de ses clients et de ses fournisseurs qui répondent de manière anonyme alors autant vous dire qu'ils se lâchent les collaborateurs....les autres aussi d'ailleurs !
Suite au feedback de cet entretien à 360 degrés, le comportement humain est très souvent le même :
- Surprise : "Oh non t'es sur je suis surpris que l'on pense cela de moi'
- Colère : "mais qu'il est con celui-là, pour qui il se prend pour me juger de la sorte....est-ce qu'il s'est vu lui !"
- Résistance : "de toute façon ce n'est pas vrai ce qu'il raconte" => c'est le déni !
- acceptation : "bon et si tout cela était vrai au final ?" "Comment puis-je utiliser tous ces feedback pour m'améliorer/progresser ?"
Voilà allez j'arrête de vous embêter car je fatigue certains même si tout cela me passionne :trinq:
flaille:
Hello, un bout de récit que je relis de temps en temps extrait du "vagabond des airs" de Didier Favre sur la délicatesse de la gestion du plaisir et des risques:
Quelques passages clés que je me permet de surligner
...
...
Pour éviter un atterrissage au fond du vallon, je me pose immédiatement, sous un col que je franchis à pied.
De l’autre côté, comme prévu, m'attend un vent de face, ce qui est heureux, et une imposante falaise, ce qui l'est moins. Les décollages par vent fort y sont dangereux. Le vent et les thermiques s'associent pour créer un effet de rotor au sommet, où, précisément, il s’agit de se présenter pour le départ. J'hésite. J'ai peu d'expérience d'une pareille situation, plus proche de celles qu'on trouve en bord de mer que dans les Alpes. Il y aurait bien, quelques centaines de mètres plus loin, un endroit propice au décollage, mais le rejoindre représente un grand détour et une grosse perte de temps,
alors que les conditions sont bonnes pour avaler des kilomètres.
J'approche du bord de la falaise avec difficulté. L'air frappe le rocher, s'échappe à la verticale et forme un rouleau autour de mon aile, la poussant par l'arrière. A grand peine, je la maintiens stabilisée, avançant cahin-caha vers le vide. La situation est telle que je ne peux me placer sur la cassure pour m’envoler en toute quiétude. Je suis contraint de m’élancer sur la zone plate afin de pénétrer, à pleine vitesse, dans ce jet d'air montant à la verticale.
Un court instant, je songe à renoncer mais je n'aime pas changer d'avis en cours d'opération. La décision est prise.
Une hésitation provoquerait l'accident. Je fonce.
Sans que je puisse contrôler la manœuvre, alors que mes pieds touchent encore le sol, ma plume droite est brusquement soulevée ; la gauche racle le sol. Dans
l'impossibilité de freiner mon élan, je n'ai d'autre choix que celui de sauter dans le vide en mettant tout le poids de mon corps du côté soulevé. L'aile pivote, s’arrête, hésite entre un retour catastrophique à la pente et une glissade salutaire en aval. Les deux mains sur le haut du trapèze droit, j'insiste de tout mon poids, attendant le verdict. Après quelques secondes d’hésitation, qui semblent une éternité, l'aile glisse sur la tranche, du bon côté, et se met à voler correctement.
Je m'en veux. II s'en est fallu de peu...
Les explications seront pour plus tard. J'ai fort à faire avec le mistral et les nuages. Le premier joue le père Fouettard. les seconds menacent de m'aspirer à grande vitesse.
Craignant ces étreintes fatales, aussi dangereuses qu’un décollage de falaise, j'évite les trop grands rapprochements et quitte les ascendances pour me tenir à distance raisonnable de la base des nuages. Ils deviennent de plus en plus nombreux, jouant les aspirateurs omnivores avant de me repousser à coups de trombes d'eau. Au loin, le ciel d'Allos a une couleur d'enterrement. Toutes les voies du nord sont bouchées.
La direction nord-ouest m’est interdite, elle aussi, car les reliefs sont trop élevés sous la base des nuages. Il ne reste qu'une alternative, descendre la vallée du Verdon pour contourner les hauts sommets, jusqu'à la première enfilade. La route du nord passe par le sud. Rien n’est simple !
A l'est de la montagne de Chamatte, je descends trop vite, sans moyen d'enrayer cette hémorragie d'altitude. In extremis, à Thorame-Basse, un monticule, que le vent frappe de face, me permet de me maintenir à une trentaine de mètres du sol. Je n'en mène pas large et vole, les pieds hors du harnais, prêt à me poser dans les champs. Déjà, je fais mon deuil de ce vol et me console d'un atterrissage imminent en pensant à la baignade que je vais m'offrir dans le petit lac voisin.
Le soleil en décide autrement, qui darde le versant de ses rayons perpendiculaires. Les bulles thermiques, pressées par le vent, fouettent les cimes des arbres et lèchent le relief. Je fais d'incessants va-et-vient, serrant les pins, pénétrant dans les ravins. Après trois quarts d'heure de lutte, la Chamarre n'est plus qu'un souvenir et je passe, sans difficulté, le col de Vachière. Une menace de pluie et d'orage met un terme à ce vol, sur le sommet du mont Sangraure, altitude 2500 mètres. Il est 15
heures, je suis exténué. Une marmotte, surprise et pétrifiée dans la trajectoire de mon atterrissage, ne parvient pas à me dérider. Je reviens de
loin, de trop loin!
C'est l'heure des explications, j'ai rendez-vous avec moimême. Ce vol, qui, en d'autres circonstances, aurait constitué un plaisir de chaque instant, portait un sceau d'amertume et de dépit. Les thermiques étaient contraintes ; les nuages, barrages ; les vents, ennemis. Je volais par obligation, sans flamme, le moral éteint.
L'erreur commise au départ n'est ni la première, ni la dernière. Je ne condamne pas la faute, mais l'esprit qui l'a fait commettre. Ce qui m'affecte le plus profondément, c'est d'avoir ruiné un travail de fond, trahi un état d'esprit. En une décision, le compétiteur a éjecté le vagabond, effacé la poésie, la tempérance, au profit du chronomètre et du risque.
Je voyage depuis vingt jours et pour gagner une heure, soixante petites minutes et quelques misérables kilomètres, j'ai failli me tuer. Quel con!
Ma bonne étoile était au rendez-vous mais je fulmine.
Le pilote de compétition est fier d'avoir prouvé son sangfroid et son habileté. Le vagabond, lui, est fâché ; mieux que tout autre, il connaît les limites qu'il n'a aucune raison de transgresser.
Mathieu:
Je crois que la sécurité est devenue une vraie obsession dans le parapente. C'est pas forcément négatif, mais c'est là que pour le coup je vois une certaine hypocrisie.
Par exemple, ça me paraît assez judicieux de citer Didier Favre comme un exemple dans l'approche du vol, mais ça devient trompeur si on ne retient que ce côté là de lui. Comme il l'écrit lui-même, il se partage entre le compétiteur et le vagabond (pour schématiser), mais même s'il met en avant le côté poète et vagabond dans ses écrit, il ne nie pas pour autant son côté compétiteur et "risque-tout".
C'est un peu pareil quand j'entends certains pionniers ou vieux pilotes préconiser des pratiques dont ils étaient très éloignés à leur époque, comme les moniteurs qui ont tout appris sur le tas, voire grillé un paquet de cartouches, mais qui ne jurent que par les stages organisés, encadrés, rémunérés. Je dis pas qu'ils ont tort bien sûr, mais il faut pas oublier le besoin qu'ont certaines personnes de se faire leurs propres expériences (même si parfois ça pique!). Ce qui peut aussi se faire avec de bons conseils, du bon sens et une démarche progressive...
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