On a dit à peu près tout sur les joncs en bord d'attaque et en extrados mais bien peu ont signalé ce que je vais évoquer.
- Pour plier la voile puis la faire entrer dans un sac de portage, les joncs d'extrados longs posent un problème : ils ne se plient pas et les pilotes portent le sac-saucisse sur l'épaule ou carrément en sautoir. L'inconvénient est faible quand le déco est proche d'un parking, un peu plus évident quand on a vaché et qu'on se pastille une bonne bambée pour rejoindre une route afin de lever le pouce.
- Quand la voile cravate, la suspente coupable la plie bien entre deux joncs et on va avoir du mal à sortir la cravate, à supposer que ce soit faisable. Si la voile le supporte (comme ma Diamir), on volera jusqu'à l'atterro le plus proche, mais si la voile part en digue-digue on va avoir des vieux soucis.
Il y a belle lurette que je ne plie plus mes voiles en accordéon, comme on m'avait appris en init : je les roule.
Cette façon de faire ne présente - de mon point de vue - que des avantages :
- Cela va très vite.
- Quand il y a du vent sur l'atterro, la voile ne danse pas la gigue au pliage et l'exercice est simple et rapide.
- Les suspentes ne sont jamais en vrac et ne s'emmêlent JAMAIS, le pliage ne leur impose pas de contraintes vu qu'elles se courbent avec des angles très ouverts.
- Mettre les mylars bien à plat les uns contre les autres est très simple mais demande au début une petite adaptation.
- On ne frotte JAMAIS l'extrados sur le sol, ce qui est bénéfique pour la durabilité du tissu.
- Si on utilise un sac-saucisse, la manip est encore plus simple.
- Si la voile a été mouillée à l'atterro, elle sèche pendant le pliage si on a pris la précaution d'aller la plier sur un sol sec.
- Et surtout :
je peux ainsi plier une voile correctement dans ma caravane (5m x 2m hors tout) ou dans ma chambre (15m² avec armoire, bureau, commode et bibliothèque) après l'avoir fait sécher.
- (J'avais ainsi plié ma petite Awak 18 dans mon salon, assise avec une patte dans le plâtre, parce qu'après mon accident elle avait été très mal pliée par une personne incompétente. Imaginez la gymnastique !)
- S'il y a dedans un caillou ou un insecte, c'est plus facile à sortir qu'avec un accordéon qui va se mettre en chiffon.
- Disposer la voile au déco n'impose pas non plus des frottements sur le sol, pas toujours très sain, et même les moquettes sont abrasives, baladez-vous dessus pieds nus et vous serez vite édifiés. (Au fait, il y a enfin une moquette à Plaine-Joux ?)
- La prévol avec des suspentes déjà en ordre, ce n'est pas désagréable.
J'ai oublié quelque chose ?
Ah oui : après la Coupe Icare, les dirigeants d'Aircross sont passés par Planfait pour voir Paul Amiell. Conrad n'avait pas de voile et son collègue avait envie de voler. Paul n'avait pas de voile à lui prêter, je lui ai prêté mon Artik. Il me l'a rendue pliée en accordéon avec les mylars pliés comme par un sagouin, moi qui y fais très attention depuis que je vole avec. J'étais assez amère mais le gars m'a offert une bière spéciale Aircross, cela apaisa un peu mon courroux.
A propos de la Goose :
J'ai plusieurs copains qui volent
en cocons sous leurs Gooses et ils volent sacrément bien. Dans le thermique, on voit souvent la Goose bleue de Dav au-dessus de tout le monde et il n'est pas trop à la peine dans le petit, il se repose au déco aussi bien qu'avant avec sa Spiruline 18 ou son Antea S, et il n'est pas à la rue dans les transitions.
La Goose est tout à fait utilisable en cross aux mains d'un bon pilote, le cocon apporte un plus non négligeable et ce n'est pas du tout ridicule.
Il faudra que j'essaye la Goose, pour ma culture personnelle.
Quelque chose me dit que LC a fait faire un grand pas en avant avec la Goose, cela m'intéresserait beaucoup de voir ce que ce concept donnerait avec du tissu léger (du genre Skytex 27), un "nez de requin" (j'ai horreur du franglais) et des suspentes fines.
Advance a fait évoluer ses nervures de bouts d'ailes, Skywalk fait évoluer ses évents d'extrados, tous les constructeurs travaillent et Paul a plein d'idées pour faire évoluer ses voiles (il se les construit lui-même) et celles qu'il fait pour les autres. J'ai volé avec son dernier prototype, destiné à un pays "émergent" qui fabriquera cette voile sur place, je peux dire que ses idées et sa fabrication "maison" donnent des résultats prodigieux.
Il y a eu un gus "très compétent" pour dire, il y a déjà pas mal de temps, qu'on ne ferait jamais voler une voile avec plus de 9 caissons...
Aussi abouties que soient les voiles modernes, il y aura toujours des progrès à faire et des concepteurs qui imagineront des voiles encore plus performantes, plus agréables à piloter et plus sûres.
Ce sont là des raisons pour lesquelles je suis opposée aux critères d'homologation archaïques du DHV et de la norme EN, en général, et plus particulièrement en ce qui concerne les voiles de compète. La compétition est un banc d'essai et ne peut être régie par des normes nécessairement conservatrices.
Au contraire !
On a vu ces dernières années une formidable évolution dans les parachutes militaires, qui permettent de sauter d'un avion et se pilotent comme des parapentes pour amener les troupes à un point déterminé sans les disperser dans la nature. C'est ainsi que nos paras peuvent, lors de la cérémonie du 14 juillet, sauter d'un hélico et se poser devant la tribune officielle place de la Concorde. C'était impensable il y a quelques années.
C'est l'évolution technique qui doit faire évoluer les normes, pas les normes qui doivent la freiner.