Extrait d'un article concernant le shark noze
Le Shark Nose a donc été développé afin de garantir le maintien de la pression interne le plus élevée possible sur la totalité de la plage de vitesse. Dessiner un parapente évoquant un nez de squale n'est pourtant pas une nouveauté : déjà en 1989, le concepteur allemand Gernot Leibe avait déposé le brevet DE 3729934 A1 pour le compte de la société "Aviamecanic Gleitschirme". On y trouve un profil expressément nommé "gueule de requin", et qui ressemble, du moins au premier coup d'œil, au Shark Nose d'Ozone.
Mais l'idée de Leibe n'était pas la même : il souhaitait avant tout diminuer la traînée énorme produite par les bouches béantes des parapentes de son époque. Pour cela, il fallait fermer le nez du profil avec du tissu, tout en alimentant la voile par des entrées d'air plus reculées sur l'intrados.
En revanche, cette nouvelle entrée n'est pas "plus tolérante" à la variation de l'angle d'incidence, et c'est justement là la grande différence entre "une cassure" et le système Shark Nose.
Il n'y a pas que Leibe qui décrivait et utilisait un "escalier" plus ou moins prononcé dans l'intrados. Depuis longtemps, Hannes Papesh de Nova a intégré des formes similaires dans les simulations des profils dans son logiciel CFD. Et Niviuk par exemple, en passant de la Hook 1 à la Hook 2, a également introduit une cassure au niveau des entrées d'air - c'était en 2010.
Les raisons qui poussent les constructeurs à intégrer de divers "nez de requin" dans leurs parapentes ne sont pas toujours les mêmes. Pour certains, le recul des ouvertures permet surtout de soigner le profilage du bord d'attaque. D'autres combattent des phénomenes de vibrations.
Pour les développeurs Ozone, les autres techniques ne sont pas identiques à la forme concave du Shark Nose tel qu'il a apparu dans la R11. Ils ont donc déposé à l'INPI, le 11 mars 2011, leur brevet d'un "renforcement dans l'intrados" qui est censé "conserver des coefficients de pression interne élevés sur toute la plage d'angle d'incidence".
"Gueule de requin", 1989
"Shark Nose", 2011
4 | Février 2013
@Volerinfo
www.voler.infoPhoto/dessin : Niviuk
technique shark nose
La Rook, intermédiaire de chez TripleSeven, est visiblement équipée d'un Shark Nose.
De surcroît, il devait générer "relativement peu de traînées parasites" - une autre différence notable par rapport au brevet de 1989 déposé par Gernot Leibe, qui est par ailleurs expressément évoqué dans le dépôt d'Ozone.
Entre-temps, d'autres constructeurs ont travaillé avec des bords d'attaque de plus en plus reculés et/ou avec une cassure plus prononcée : sur l'Icepeak 6 de Niviuk, c'est bien visible. Le constructeur TripleSeven appelle sa technique BPI pour "Back Positioned Intake" et l'utilise sur presque toute la gamme. GIN modifie le nez de la Boom 9 et de l'Atlas. La plupart de ces constructions s'approchent dorénavant du "vrai" Shark Nose : de nombreux concepteurs reconnaissent l'utilité de la forme concave de la bouche. Il sera intéressant de voir jusqu'à quel point cette technologie sera adoptée dans les voiles intermédiaires, voire "de début". Les marques qui souhaitent intégrer cette technologie, pourront le faire sans payer de royalties* car au moment de la publication officielle du brevet Shark Nose en septembre 2012, Ozone annonçait ne pas vouloir garder l'exclusivité de cette technologie. Luc Armant expliquait : "Notre métier n'étant que de dessiner et construire des voiles, nous avons décidé de laisser l'utilisation de notre brevet libre, en demandant à chacun de bien vouloir respecter la paternité. L'intérêt du brevet, c'est aussi de partager la technique."
Justement, pour bien faire comprendre la façon dont le team de développement d'Ozone voit les avantages des formes concaves dans le Shark Nose tel qu'il a été breveté, Fred Pieri nous explique les détails sur les pages suivantes.