Il est tout à fait banal, en cette saison, de prendre la voile sur la gueule quand on ne la tient pas bien, qu'on ne sait pas entrer dans un thermique ni l'enrouler, ni en sortir proprement quand on s'en fait éjecter.
On n'apprend pas à piloter en atmosphère "tonique" de printemps dans un stage init, on n'apprend pas non plus avec des ploufs peinards en automne (encore que parfois...), il faut "se mettre les mains dans le cambouis" et faire des stages SIV pour éduquer les bons réflexes, temporiser les abattées à leur départ en étant toujours prêt, relever les mains à la moindre ressource, ne pas faire de manoeuvres hasardeuses à contre-temps, bref c'est le B-A-BA du vol thermique.
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Quand on regarde en l'air des pilotes qui connaissent la musique, il faut un oeil très exercé pour voir qu'ils ne chôment pas, bien qu'en apparence les voiles aient un comportement très doux.
Il ne faut pas s'y fier.
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Il n'y a pas de voiles "gentilles" ou "méchantes" (m'enfin si, il y en a qui pardonnent peu les erreurs), il n'y a que des pilotes qui ne devraient pas se mettre en l'air dans des conditions qu'ils ne maîtrisent pas.
Au printemps, les pilotes peu aguerris ne devraient voler que le matin et après 16h... et pourtant c'est encore parfois assez velu à 16h, mais moins qu'à 13h, les thermiques sont plus larges et moins teigneux.
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Un pilote a fait un vilain sketch hier à Planfait, vers 16h en sortie de déco (c'était beaucoup moins fort qu'à 14h, apparemment peinard) : frontale mahousse, remise en vol avec grosse abattée, fermeture asymétrique en rouleau de printemps, autorotation, contre au frein, twist dans le rappel pendulaire... tout ça juste devant le déco, et cela s'est terminé par un retour à la pente dans les kékés, voile posée sur la moquette.
La voile était une Arriba 2, pas du tout du genre "gun". Le pilote n'avait fait que des erreurs et il a eu énormément de chance de s'en tirer indemne, avec juste quelques contusions.
Celui-là va maintenant avoir des sacrés doutes, il est mûr pour faire un SIV.
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Une fois qu'on est "sorti" en altitude, c'est plus confortable qu'en basses couches mais on peut aussi prendre la voile sur la tronche, il n'est pas toujours possible de sortir l'appareil-photo.
Je me rappellerai toujours un coup de canon à +8 au Lanfonnet. A peine dedans, je n'avais pas eu le temps d'enrouler que j'avais été éjectée, énorme frontale avec la voile sur les genoux, mais je m'y attendais et j'avais temporisé le shoot comme il fallait, comme j'avais appris à le faire en sortie de décrochage, la seule conséquence avait été une décharge d'adrénaline.
L'Artik est une voile "gentille" pour la classe C mais il ne faut pas dormir dessous, ce n'est pas une Boléro... mais au même endroit, dans les mêmes conditions, une Boléro aurait fermé puis shooté de la même manière.
Bref un pilote novice ou rêveur se serait fait au mieux une énorme frayeur, et au pire un vilain sketch.
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Nous avons tous vécu des trucs comme ça, nous savons les anticiper et les gérer, cela fait partie des incidents de vol ordinaires. Quand on ne sait pas on n'improvise pas, il faut apprendre les bons gestes et éduquer les bons réflexes.
Un stage SIV va bien initier les choses et faire gagner du temps dans la formation, mais cela ne suffit pas, il faut ensuite voler et encore voler, d'abord en conditions saines, puis se frotter peu à peu à des conditions plus fortes, voire moisies... et se rappeler que même les meilleurs peuvent parfois s'en mettre une.
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En parapente, il faut toujours rester humble (PP Ménégoz)