Paragliding old bag
Invité
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« Répondre #26 le: 20 Décembre 2011 - 22:52:43 » |
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Quand on a 20-25 ans, il est rare qu'on connaisse les chansons de Brassens, qui produisit entre autres cette merveille : (2ème couplet) Vous les cons naissants Les cons innocents Les jeunes cons Qui n'le niez pas Prenez les papas Pour des cons Vous les cons âgés Les cons usagés Les vieux cons Qui confessez-le Prenez les p'tits bleus Pour des cons "Méditez l'impartial message "D'un qui balance entre deux âges : (refrain) Le temps ne fait rien à l'affaire Quand on est con on est con Qu'on ait vingt ans qu'on soit grand-père Quand on est con on est con Entre vous plus de controverses Cons caducs ou cons débutants Petits cons d'la dernière averse Vieux cons des neiges d'antan (bis)Petits cons d'la dernière averse Vieux cons des neiges d'antan.
Je ne regrette pas le temps passé, la jeunesse difficile dans un pays répressif, ringard et archaïque, les illusions de 1981 perdues en 1983, mes ascensions en haute montagne d'avant le parapente, pas loin de mille WE à grimper sur les cailloux de Bleau, les amitiés nouées qui restent solides plus de 40 ans après, les amis trop tôt emportés par la Montagne ou le cancer, la longue marche vers ce que je suis devenue.
J'ai fait toute ma carrière de prof dans des bahuts pourris de banlieues pourries, avec des élèves divers comme partout, et comme partout le souci permanent de les faire progresser le mieux possible, avec quelques succès et pas mal d'échecs. J'ai vu en 36 ans d'exercice la lente et inexorable dégradation des conditions de vie, du niveau de nos jeunes, l'arrivée massive de jeunes "issus de l'immigration" parmi lesquels il y eut bien sûr d'excellents éléments et des affreux jojos. Je me suis beaucoup investie auprès des boat people, puis auprès des ouvriers marocains licenciés par Citroën quand Levallois a fermé, pour leur apprendre à lire et à écrire. Dans ma banlieue triste et dégradée, j'ai été sans cesse agressée, injuriée, molestée parfois, au seul prétexte qu'une rumeur courait au sujet de mon identité de genre. Cela a duré 7 ans et j'ai fini par muter à Paris, dans un bahut "difficile" classé ZEP, où j'ai été au paradis.
Il m'est aussi arrivé d'être appelée à témoigner et donc de consulter le trombinoscope au commissariat, d'y retrouver évidemment d'anciens élèves très durs. Il n'y a pas de miracles.
On aurait tort de me lire de travers, avec des lunettes en bois et les yeux cillés par des préjugés. Je les connais bien nos "lascars" de banlieue, ce sont les mêmes à Roubaix, à Vaulx en Velin ou à Argenteuil, au Mirail ou à Teisseire, avec la même agressivité de façade qui cache mal une immense détresse, avec le verbe haut dans un jargon de quartier pour tenir à distance ceux qui ne comprennent pas, ce qui cache mal que ces jeunes ont reçu des baffes quand ils voulaient des câlins. On peut quand même les rencontrer, les amener au dialogue, mais p..! que c'est dur, et jamais acquis. Leur faire confiance n'est pas évident, et pourtant ils sont souvent capables d'en être dignes, du moins pour qui les respecte. Ce n'est pas facile.
Et puis il y a les autres, ceux que j'ai qualifiés de minables entre les minables, sans morale, sans honneur, sans loyauté avec personne, même pas des "loups" parce qu'ils n'ont aucune forme de courage, plutôt des coyotes à foie jaune. Ceux-là agressent les jeunes filles, les vieilles dames, les homos, les trans, les gens sans défense en général, et toujours en bandes tant ils ont peur d'être seuls. Ceux qui braquent des épiceries avec des armes à feu sont aussi de sinistres minables, personne ne verse une larme quand ils se font flinguer, au moins ils ont pris des risques, à leur échelle. Ceux qui sont capables de piquer le sac d'une vieille dame qui sort de la caisse d'épargne ne valent même pas la corde avec laquelle jadis on les aurait pendus. C'est dans cette catégorie que je range les pieds nickelés qui fracturent les barillets pour voler quelques bricoles dans des voitures, stationnées là où il n'y aura pas de témoins. C'est pour ces jeunes-là que l'Armée était un bienfait, cela les socialisait un peu en les faisant sortir de leurs quartiers, dont ils ont fait des ghettos en faisant fuir ceux qui le pouvaient. Maintenant c'est fini.
Merci de m'avoir lue.
Salut et fraternité*
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