Je me suis hasardé à faire un petit crobard pour illustrer les wagga-huits dans le gradient de pente.
Je n'ai pas représenté la déformation due à une composante latérale (trop compliqué), mais simplement les distinctions entre phases de "plongeon" en engageant le relief et les virages en ressource.
Pour ceux qui fréquentent Barèges : avant que nos ailes nous permettent de voler haut et loin, on passait souvent notre temps à faire ça des heures durant devant le dôme de Caoubère, en surfant au raz des cyclistes qui remontaient le Tourmalet ...
Super marcus
Merci beaucoup !
Pour compléter, voici deux schémas illustrant ma première exploitation d'un gradient au vent d'un nuage
A force de lire des récits oniriques de vol à voile, j'avais le truc en tête et ai essayé plusieurs fois durant l'année 93... mais en NOVA Phantom, ça passait pas... point... Provisoire
Le 15 octobre 1994, je suis en NOVA Sphinx et cette "balle de guerre" avoisine les 7 de finesse... C'était dingue... surtout un poil accélérée... un vrai planeur ! (euh... non?... ben...faut vous replacer dans le contexte de l'époque)
Jusque là, je n'était jamais parvenu au bord d'attaque du nuage en suivant les thermiques qui montait plein badin
sous le nuage : cisaillements en sortie face au vent puis dégueulante, dégueulante idem maousse quand j'essayais de le contourner, pas glop de passer sous le vent, etc.
Je vais découvrir tout à fait par hasard comment sortir
devant le nuage... en arrivant dans le thermique en fin de cycle
Arrivé au plafond (je ne pénétre pas dedans
) avec un vario devenant anémique puis chutant dans l'atmosphère sombre du dessous du nuage, j’accélère et essaie de pénétrer face au vent... Perdu pour perdu...
Et là, surprise... j'avance... et même facilement, comme si le vent avait disparu !?
en quelques secondes je repasse à nouveau au soleil alors que l'aile semble mieux glisser
Je relâche l'accél... bip... bip... bip...
Le Skywatch confirme puis de nouveau le silence et... le vent... à nouveau... de face
Branle bas le combat ! Bras hauts, virage à la sellette... je tourne en essayant de ne pas trop dégrader ma vitesse et fonce vent de dos vers le nuage vers le nuage
Et avant même de toucher des barbules étonnamment immobiles... bip... bip... à nouveau
Là j'ai compris le truc... je joue !
ça marche... mais la situation est très étrange : je suis
sur la lèvre du nuage et je continue à monter avec un tout petit vario sur le flanc de ce nuage qui s'effondre, sans même avoir le sentiment de risquer de reculer sous le vent
Je vais gagner ainsi près de 300 m, en faisant des allers-retours entre le flot du vent, bien sensible lorsque j'avance devant moi, et cette bulle protectrice qui semble envelopper le nuage
La suite sera le petit tour de la vallée de Saint-Béat les mains dans les poches ou presque, en coiffant partout mes camarades du jour... Trop facile aujourd'hui
Mon interprétation -conforté par la reproduction de cette manoeuvre une douzaine de fois en... 20 ans (d'accord... mais c'est tout de même pas le "Moring Glory"... et puis je suis un citadin qui ne vole pas beaucoup) - est illustré ci-dessous
- quand le thermique s'arrête, le nuage commence à basculer sur lui-même et l'écoulement du vent autour de lui est perturbé
- il se crée au vent du nuage, là où était sa base, un bord d'attaque d'air adhérent encore au nuage et sensiblement immobile, dans lequel le vent ne pénètre pas
- il est alors possible d'avancer face au vent, abrité dans cette cellule et de dépasser de quelques dizaines de mètre le nuage avant de sentir un gradient étroit sur lequel le vent se cabre et monte devant le nuage
- ce gradient est le siège d'une ascendance qu'il est possible d'exploiter en faisant des "huit" à vitesse élevée parallèlement au nuage, en prenant alternativement appui au vent du gradient puis dans l'air mort formant le bord d'attaque réel du nuage
Nota : il est étonnant de constater que l'on dépasse durant cette manoeuvre les volutes du nuage, comme le fait de sembler monter en dynamique sur le nuage (alors que l'on monte manifestement dans le gradient créé par le vent qui contourne le nuage
Nuage actif (le parapente se positionne au plafond dans le thermique qui s'affaiblit, une centaine de mètre en arrière du bord du nuage situé au vent de celui-ci
L'ascendance cesse -> départ vers la lèvre en progressant dans la cellule d'air "mort" qui se forme au vent du nuage, et format son bord d'attaque réel par rapport au vent (air transparent ou faiblement nébuleux)
Mise en route de la manoeuvre des huit's dès la position du gradient par rapport au nuage est repérée
On monte... lentement... mais on monte...
Etc.
Remarque importante :
Ce qui fait que cette manoeuvre ne fonctionne pas à tous les coups est manifestement liée à la force du vent et l'instablité de la masse d'air : trop de vent et/ou trop d'agitation empêche le bord d'attaque d'air mort d(adhérer au nuage et le gradient ne se forme pas
Cela n'a rien de frustrant car c'est un phénomène relativement doux, presque à chaque fois siège de l'apparition d'un spectre de Brocken
Alors, au diable la compé en cours - pour quelques minutes de contemplation, c'est
"Séquence... Émotion..." comme le disait si bien notre Nicolas national du temps béni d'Usuhaia !