guillaume05
Rampant
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Aile: Run&Fly, Susi 3 et bi light Dudeck
pratique principale: vol rando
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« Répondre #26 le: 23 Décembre 2015 - 18:40:45 » |
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Allez, je me lance : j'ai la crève, çà fait une semaine que j'ai pas volé et vos récits m'ont fait du bien ! Petite précision d'abord : j'ai décidé de me mettre au parapente un jour où, déboulant au sommet du Mont Blanc, j'ai vu un gars décoller sous mes yeux ahuris ; tout au long de l'interminable descente, je me suis juré de ne plus jamais redescendre à pieds ! En septembre 2011, cela fait 3 ans que je vole et j'ai déjà décollé de quelques beaux sommets des Ecrins. A l'affut en ce bel automne, je guette les créneaux de vent faible à 5000 : en début de semaine, il me semble que quelque-chose est possible pour le WE suivant. Petit hic, je n'ai pas été en montagne depuis quelque temps et ne suis pas sûr d'être encore assez acclimaté pour être à l'aise et lucide à presque 5000m ; autre soucis, même si j'ai la chance de ne pas bosser le lundi, je ne suis pas dispo le dimanche. La prévision se confirmant, je décide de régler le premier hic en montant me tester au Pelvoux le samedi. Je débauche mon ami Pierrick, et tard le vendredi soir, nous rejoignons le refuge désert à cette époque. La montée par le Coolidge le lendemain et le vol au dessus du glacier des Violettes sont de première classe, sauf pour Pierrick qui a oublié sa sellette et à qui je bricole un semblant de harnais avec son baudrier et quelques sangles... "c'est toujours mieux que de redescendre à pieds" est le seul argument que je peux lui présenter pour supporter cette solution désagréable. A 10h30, posés au camping d'Ailefroide, on savoure notre bon coup, mais j'ai déjà la tête ailleurs : comment profiter du beau créneau qui semble se dessiner lundi matin, en sachant que je suis retenu jusqu'à 17h dans les Hautes Alpes le dimanche ? La seule réponse qui me vient à l'esprit et que je considère au premier abord comme complètement farfelue, fait finalement son chemin pour doucement s'installer comme un joli coup à tenter : marcher toute la nuit pour être au sommet au petit jour et essayer de décoller, en me laissant la journée pour redescendre si cela ne le fait pas. Seule véritable question, mais de taille, suis-je capable de supporter les 4000m de D+ que sous-entendent cette belle idée ? J’ai déjà au maximum fait 2400m, mais en montée descente, et je supporte assez bien les efforts longs en montagne, donc, çà devrait être possible ; de toute façon, les décos intermédiaires ne manquent pas ! Le dimanche 25 septembre en fin d'après-midi, après une dernière vérif’ de la météo, je quitte les Hautes Alpes à 17h. A 20h45, je suis à pieds d’œuvre à la gare de Saint Gervais, mon sac sur le dos avec dedans une petite sellette, ma spiruline 18, une paire de crampons, des habits et des vivres solides et liquides. Avec ma frontale et mes bâtons de marche, je me sens bien petit quand je commence à marcher le long des rails à 800m d’altitude, et que j’imagine tout ce qui m’attend ! Pour ne pas désespérer sur ce long chemin, je décompose en petits tronçons connus et prends mon mal en patience… 22h45 : Col de la Voza (1650m), 23h45 : Col du Mont Lachat (2050m), 0h15 : Nid d’Aigle (2370m) où j’avale mon premier sandwich, 2h : Tête Rousse (3100m), 4h : petite pause au refuge du Goûter (3800m) pour me sustenter et m‘habiller, 6h Dôme du Goûter (4300m). A 8h30, je suis au sommet, seul en cette journée magnifique. Comme prévu, il y a un léger Nord-Est : tout est si parfait que je peine à croire que je ne suis pas en train de rêver ! A 9h, après un premier déco raté, je m’envole définitivement vers la vallée pour poser au Fayet une demi-heure plus tard en ayant eu tout loisir de contempler les efforts de ma longue nuit. Un peu plus tard, au café de la Gare de Saint Gervais, juste un peu plus de 12h après mon départ, j’ai encore du mal à réaliser la magie de ce qui vient de se passer : merci infiniment la Vie pour nous permettre de tels bonheurs en montagne.
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