Ouaip... des ploufs, encore des ploufs, c'est le B-A-BA de l'apprentissage, avec à chaque fois une estimation de l'aérologie, une prévol, un décollage, un vol et un atterrissage.
Tout ça en quelques minutes. Et remettez-nous ça, à bouffer sans mollir, encore et encore.
Le vol thermique, le vol en dynamique, le vol montagne, cela viendra en son temps, par petites touches.
J'ai payé très cher à mes débuts (25 vols
) une tentative de décoller sur une montagne peu connue (la Tournette), en aérologie moisie, avec une gestuelle balbutiante. La Montagne n'a pas voulu de ma carcasse mais elle m'a donné un bon conseil : apprendre à voler.
7 ans plus tard, les séquelles sont toujours invalidantes mais j'ai pris de la bouteille et des centaines d'heures de vol, tout en gardant cette "mémoire traumatique" qui perturbe le psychisme dès qu'on a un moindre doute.
En parapente comme en Science, le doute est la première marche de la sagesse et du progrès.
Certains, encore peu expérimentés, se sentent en confiance...
Servie par un physique approprié à la performance et un mental très fort, j'ai eu confiance en moi dans toutes les activités sportives dites "extrêmes" que j'ai pratiquées dans ma vie, et puis la sagesse est venue peu à peu, d'abord avec un terrible accident à 26 ans à l'Aiguille Verte, puis l'âge venu avec les premières fractures, les mois sur béquilles, la douleur et la frustration d'être invalide... et le bonheur d'être encore en vie.
Même avec des années d'expérience et des milliers d'heures de pratique à très haut niveau, même en étant vigilant, même en restant humble, le risque nul n'existe pas. Même les meilleurs peuvent se prendre un jour une mine et se retrouver sur un fauteuil ou avec un petit jardin sur le ventre, ou pire.
J'invoque la mémoire de Lionel Terray et d'Eric Tabarly.
Alors, quand on n'a pas d'expérience et qu'on se sent bien sous sa voile..?
"La première qualité d'un vieux parapentiste, c'est de rester humble" (Pierre-Paul Ménégoz)