Voici mon compte rendu de l'essai de la 24 modèle 2014 :
L'idée peut sembler aussi sotte que grenue, mais après tout, voler sous un chiffon mou ne l'est il pas tout autant ?
Utiliser un aile "presque" typée mini-voile dans sa conception avec une charge ailaire proche de celle d'un parapente ? .... Cela n'irait-il pas à l'encontre de la mode qui tend à voler en très haut de fourchette sous des ailes classiques typées cross ?
Alors pourquoi ?
Pour le suspentage court gainé, gage d'une facilité de mise en œuvre et d'un tangage très amorti .
Pour un allongement réduit (<5) , gage d'une facilité à gonfler et à gérer en aérologie tourmentée.
Pour une construction simple solide, tout en restant d'un poids raisonnable.
Pour une certaine manœuvrabilité et un coté ludique tout en restant très accessible et "sécurit" pour le nul que je suis.
Pour conserver un poids et un volume raisonnable
Mais aussi pour une capacité à voler comme les grandes dans le petit temps.
Pour ne pas consommer d'altitude à vitesse grand V si je ne le souhaite pas.
Pour ne pas avoir a gérer une EN B "perf" si la situation vient à se compliquer, ou la fragilité d'une aile light sur des terrains méditerranéens.
Enfin pour faire des vols de durée et pourquoi pas m'essayer un peu au cross.
J'ai utilisé une Zunzun 21 à 75kg de PTV pendant 2 ans avec plaisir, et je souhaite maintenant passer à une EN B loisir "confortable , facile et ludique" dans les 23/24 m2, histoire de tenir aussi dans du tout faible, pour pouvoir me mettre en attente du déclenchement d'un bulle salvatrice, ... comme les grandes, mais tout en conservant la polyvalence de la Zunzun 21... Si possible.
Réception de la Zunzun 24 qui ne fait que 23 m2, à peine 30 min avant le départ en vacances ! A première vue aucun changement : même taille, même couleur, pratiquement même poids, même sérigraphie, tout pareil que lorsque j'ai reçu la 21 il y a 2 ans. Normal : Bertrand utilise toujours les mêmes cartons d'emballage et le même transporteur pour expédier ses voiles !
A l'intérieur, en revanche ça change un peu plus : le sac de portage léger est optimisé dans ses sanglages , on peut désormais y accrocher les bâtons de rando et il y a un beau logo vert fluo. La voile semble un peu plus volumineuse et il y a maintenant un second sac séparé pour les élévateurs. C'est une bonne chose, plus besoin de solliciter ma vieille maman pour m'en tricoter un.
Pas le temps d'en voir plus, je range ma sellette, le secours et mon casque dans le sac, qui est aussitôt mis dans la benne du pick-up, et en route pour... pour jusque là ou ça devrait voler. On ne s'arrêtera que quand ça volera ! Parce qu'il faut bien avouer que dans le coin, les conditions ne sont pas top de depuis plusieurs semaines.
Et croyez moi, on ne s'est pas arrêté de suite : là ou ça va enfin voler, ce sera une semaine et presque 3000 km plus loin !... Météo, pourrie quand tu nous tiens ! A l'extrême sud-ouest du Portugal, moins de 10 km à l'ouest de Faro et sa lagune, on pouvait difficilement aller plus loin sans devoir risquer de boire le bouillon dans l'Atlantique !
Le site peu être qualifié de haute montagne par excellence s'il en est !
Jugez par vous même : A moins d'un km de la gare de Loulé, altitude du décollage 206 m TTC, mais sur de la moquette tout de même! Atterrissage dans la poussière entre les oliviers, les touffes d'herbes grillées et les baraques en tôle ondulées, 53 m au dessus du niveau de la mer ! Soit 153 mètres de dénivelé et moins de 500 m de largeur de colline sans la moindre falaise exploitable au milieu de la plaine côtière urbanisée, histoire de ne pas perdre sa concentration en contemplant le panorama...
Les conditions sont optimales pour un vol de prise en main : 10/15 km maxi de brise marine laminaire... largement agitée des petits pétard teigneux comme on en trouve en zone méditerranéenne urbanisée sur les coups de 14h fin juillet, et par plus de 33° à l'ombre,... quand on en trouve. Sur place, 2 bi-placeurs effectuent des rotations et ainsi qu'une demi-douzaine de pilotes d'origines divers et variées équipés pour certains en parfaits crossmen.
Au sortir du sac, la première nouveauté à me sauter aux... mains ce sont les nouvelles poignées de frein larges et ergonomiques munies de barrettes pour plus de précision et sensibilité de pilotage. Autre changement, les avant sont désormais vert et non plus rouge, ça change tout !
Coté voile, le colibri stylisé est plus design et en y regardant de plus près, des fins et discrets joncs ont remplacés les mylards. Mais ceux-ci sont très courts et ne pénalisent pas trop le pliage. Rien a voir avec ceux du d'une Gin Atlas par exemple. Et le fait est qu'au sortir du sac, le bord d'attaque se met en place plus rapidement pour écoper, même sans vent. Ce bord d'attaque a aussi été retravaillé façon shark-nose. Pour être franc, cela ne ma pas sauté aux yeux de suite, mais n'a pas échappé à ceux d'autres pilotes. Le fait est qu'il est possible de tirer sur les avants avec plus de virulence que sur les précédentes versions qui préféraient un gonflage en douceur avant l'accélération et la prise d'élan.
15 mn de gonflage et de jeux au sol confirment une montée en douceur, sans puissance, ainsi qu'un contrôle et un recentrage aisés. Le débattement des commandes est toujours important. A noter : la garde aux freins me semble plus longue que sur ma précédente 21.
Pour mémoire, je suis à 73/75 kg de PTV pour une fourchette préconisée de 75 à 120 kg et j'utilise un sellette Kortell Kairn à cuissarde.
Il est temps de décoller à la suite des bi-placeurs. La prise en charge est rapide en 3 pas maxi, malgré les conditions faibles au déco. Le temps de deux aller et retour sur la colline pour identifier les zones d'ascendances potentielles... et me voila à pied d'œuvre pour voir si je peux faire aussi bien que les bi et les parapentes habitués du site.
La charge ailaire étant moindre qu'avec mon habituelle 21, la voile vit et respire sensiblement plus, mais aussi avec plus de douceur. En resserrant la ventrale ces mouvements seront largement atténués. Le résultat est là : Dans ces conditions et sur ce site que je découvre, je monte et tiens aussi bien que les autres. La voile reste très manœuvrante, il suffit d'enfoncer un peu plus les commandes qui sont moins fermes. Comme me l'a conseillé Bertrand, j'essaie de détrimer de 2cm pour retrouver la vivacité de la 21 et un peu de vitesse... sans trop dégrader la finesse et le taux de chute. 45 min plus tard, ma femme commençant à griller au soleil, j'ai pitié d'elle et je descend poser sans avoir besoin de faire les oreilles juste avec quelques virages à la commande bien appuyés et 2 cm en plus aux trims. La méthode est toujours aussi efficace et simple à gérer. En revanche au moment d'enfoncer les freins en finale, je dois revoir mes habitudes, la ressource et le plané sont sensiblement meilleurs.
Sur la route du retour même Ager, Organya et Font Romeu auront été pris dans la tourmente Ce n'est donc qu'une semaine et à nouveau 3000 km après ce premier vol que je vais à nouveau retrouver un créneau volable chez moi dans les Alpilles : une heure, pas plus, entre deux orages en préparation.
Le décollage est toujours aussi facile et la montée de voile en douceur, sans puissance excessive, facile à contrôler. Une fois en l'air les nouvelles poignées de frein confirment être très confortables et précises, tout comme le virage et la montée en thermique. Dans ces conditions soutenues d'accalmie entre deux orages, la voile monte bien et facilement en étant trimée à fond, mais je ressent le différentiel de vitesse en moins par rapport à la 21. La différence avec l'Atlas qui vol à mes cotés n'est plus flagrante. Je dois relâcher 2 cm pour retrouver ce potentiel, mais avec en contre partie une dégradation sensible de la finesse.
C'est logique. Tout aussi logiquement la 23m2 de 2014 accepte d'évoluer à bien plus basse vitesse que le 21 version 2012. Peut-être aussi en partie grâce au simili shark-noze. Je passerais confortablement et facilement près d'une heure en l'air sans jamais avoir à me battre pour tenir.
En relâchant totalement les trims, le caractère change, on gagne très nettement en vitesse et réactivité, mais on dégrade tout autant la finesse. Je n'ai pas essayer l'accélérateur pour voir si son action avait les mêmes effets ou s'il dégradait moins.
Assis au fond de ma sellette, j'ai toujours les bras trop courts pour attraper les suspentes au dessus des élévateurs et faire les oreilles. On transforme pas un basset en échassier comme ça.
Je privilégie donc toujours l'usage des trims et des virages appuyés à la commande pour descendre rapidement... Et je me fais surprendre à nouveau en finale par le plané et la ressource largement supérieurs à la 21.
Il va me falloir changer mes habitudes, mais le potentiel est là. L'usage des trims permet vraiment de modifier et de choisir le comportement de la voile qui reste très agréable même "surtoilé". Dans ces conditions il devient même possible d'évoluer à basse vitesse. La voile "respire" et vit plus, mais les petites fermetures sont bien moins rudes et n'altèrent en rien le cap et les trajectoires. La voile rouvre tout aussi rapidement, mais plus en douceur.
Le lendemain, troisième et dernier vol d'essai, toujours dans les Alpilles. Les conditions sont faibles et la brise tarde un peu à se mettre en place : 3 fusibles finissent au tas. Le quatrième, un bon pilote en EN C sera gagnant, je lui emboite aussitôt le pas. La voile est toujours aussi rapide à mettre en œuvre et à gonfler. Je monte, ce n'est pas gagné de suite, mais j'y arrive sans trop de difficulté. La brise et les thermiques finissent par s'installer, et nous nous retrouvons une demi heure après à une bonne quinzaine de voiles en l'air. L'occasion de se comparer aux Artik, Rush, Névada , Diamir et surtout aux nombreuses Senso qui sont de la partie et susceptibles de répondre, elles aussi, à mes attentes.
En restant trimé, et à niveau de pilotage égale, la Zunzun monte désormais aussi bien et aussi haut. Avec ma modeste charge ailaire, le bénéfice en vitesse n'est plus flagrant et le plané reste un poil inférieur. La Zunzun semble aussi un tout petit peu moins amortie. On est donc vraiment très proche, mais pas encore tout à fait au même niveau dans une optique "cross tout confort". En revanche, mon Colibri fluo reste plus joueur à la commande, même trimé.
La grosse différence, c'est que qu'avec la Zunzun, j'ai la possibilité faire évoluer ce caractère et de l'adapter à ma guise pour lui redonner de la vitesse et encore plus de réactivité ou de facilité à descendre en réglant les trim sur 6 cm de course... et il restera encore possibilité d'utiliser un peu l'accélérateur !
Après 1h30 de vol à me comparer aux uns et aux autres, j'hésite toujours : parmi les EN B loisir, les perfs et le confort se tiennent. Chacun avec ses petits plus et ses petites faiblesses.
De retour au sol les arguments qui emporteront la décision finale viendrons lors du pliage. La facilité de démêlage des suspentes courtes et ...lorsque je mettrais le sac de ma voile à coté de celui des copains, l'évidence me saute aux yeux
: pour des composants et une construction aussi solidement échantillonnée, presque 30% plus petit et un bon kilo de moins. Voila qui est tout bénéfice pour mon vieux dos au portage et la place dans mes bagages en voyage !