Indépendamment du problème des voitures électriques, voici deux articles intéressants.
Le second étant réservé aux abonnés, j'ai fait un copier-coller de son contenu.
Article 1 :
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https://www.nouvelobs.com/sciences/20230217.OBS69698/climat-les-cercles-vicieux-du-rechauffement-planetaire.html--------------------
Article 2 :
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https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/02/10/en-europe-l-effondrement-des-populations-d-insectes-est-vertigineux_6161277_3244.htmlBiodiversité : les populations d’insectes s’effondrent en EuropeStéphane Foucart
De nombreuses études récentes suggèrent des chutes d’abondance de 70 % à 80 % au cours des dernières décennies dans les régions dominées par les activités humaines et l’agriculture intensive.
Publié le 10 février 2023 à 11h03.
Dans une indifférence générale, les études se succèdent et indiquent un effondrement vertigineux des populations d’insectes, en Europe et ailleurs.
Les estimations de ces déclins, dans les régions de basse altitude dominées par les activités humaines, sont souvent à peine croyables, mais toutes convergent, quel que soit le pays. Prises dans leur ensemble, elles suggèrent des chutes d’abondance de ces organismes, vitaux pour les écosystèmes et l’agriculture, d’au moins 70 % à 80 % au cours des dernières décennies.
Les données les plus récentes ont été rendues publiques en décembre 2022 et proviennent d’une expérience de science participative pilotée au Royaume-Uni par les organisations de conservation Kent Wildlife Trust et Buglife : des centaines d’automobilistes ont accepté d’installer un petit écran à côté de leur plaque d’immatriculation permettant de compter le nombre d’impacts d’insectes, en fonction de la vitesse de déplacement, du trajet, des zones traversées, etc. Toutes choses égales par ailleurs, les impacts d’insectes ont chuté, selon cette étude, de 63,7 % entre 2004 et 2022. Entre 2004 et 2021 ce déclin était évalué à 58,4 %, soit une aggravation de 5 points en une seule année.
Les données les plus solides et les plus nombreuses proviennent d’Allemagne. L’étude la plus célèbre est celle conduite par le biologiste Caspar Hallmann (université Radboud à Nimègue, Pays-Bas) et publiée en 2017 dans la revue PLoS One. Sur un échantillon de 63 zones protégées allemandes insérées dans les paysages agricoles, les auteurs enregistrent un déclin moyen de 76 % de la biomasse d’insectes volants entre 1989 et 2016, soit en l’espace de vingt-sept ans. En effectuant la mesure au milieu de l’été, la baisse atteint 82 %.
Résultats inquiétantsAucun paramètre climatique ou environnemental n’a pu être associé par les chercheurs à ce déclin, mais la nature des pesticides utilisés autour des zones investiguées est inconnue, de même que l’évolution de leurs usages. Mis en doute pour le caractère rétrospectif de l’analyse (les prélèvements n’avaient pas été, à l’époque, conduits en vue de l’usage qui en a été fait), ces chiffres ont été corroborés deux ans plus tard par d’autres travaux, publiés par la revue Nature et coordonnés par Wolfgang Weisser (université technique de Munich).
Des résultats plus inquiétants encore. Les chercheurs ont effectué des prélèvements annuels sur 150 prairies allemandes entre 2008 et 2017 ; ils mesurent une diminution de 67 % de la biomasse de l’ensemble des arthropodes (insectes, mille-pattes, araignées, etc.), de 78 % du nombre d’individus capturés et de 34 % de la diversité des espèces rencontrées. « Ce déclin était cohérent à tous les niveaux de la chaîne alimentaire et touchait surtout les espèces rares, écrivent les auteurs. Son ampleur était indépendante de l’intensité de l’utilisation locale des terres. Cependant, les sites intégrés dans des paysages présentant une plus grande couverture de terres agricoles ont montré un déclin plus fort. »
Un peu plus au nord, au Danemark, le biologiste Anders Moller (université Paris-Sud, CNRS) a estimé le nombre d’impacts d’insectes sur deux routes régulièrement empruntées, dans les mêmes conditions de vitesse, entre 1997 et 2017. Son analyse, publiée en mai 2019 dans la revue Ecology and Evolution, suggère une chute du nombre de collisions de 80 % sur le plus court (1,2 kilomètre) des deux tronçons et de 97 % sur le plus long (25 kilomètres).
ControverseLe biologiste indique que ces déclins sont fortement corrélés à ceux de trois espèces de passereaux insectivores (hirondelle rustique, hirondelle de fenêtre et hirondelle des rivages) dans la zone étudiée. Celle-ci, écrit M. Moller, n’est pas une zone industrielle mais bien une région rurale agricole, « constituée de fermes et de maisons dispersées, parsemée de prairies et de champs où les principales cultures sont le blé et la pomme de terre ».
En France, peu ou pas de données actuellement publiées permettent d’évaluer l’évolution de populations d’insectes, mais tout indique que les mêmes tendances qu’ailleurs en Europe y soient à l’œuvre. Dans la zone-atelier Plaine & Val-de-Sèvres – une plaine de 450 kilomètres carrés où des chercheurs du CNRS, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et de l’université de La Rochelle, étudient les relations entre écosystèmes et pratiques agricoles –, des données de capture de carabes (des coléoptères) de l’espèce Poecilus cupreus ont été compilées depuis le milieu des années 1990 et devraient être prochainement publiées. « Depuis 1996, l’abondance de cette espèce a chuté de 85 % sur la zone que nous étudions, dit le biologiste et écologue Vincent Bretagnolle (CNRS). Or cette espèce représente environ les trois quarts des effectifs de carabes que l’on trouve dans la zone-atelier. »
A quelle vitesse les insectes disparaissent-ils des régions dominées par les activités humaines et l’agriculture intensive ? Dans une étude internationale coordonnée par Anders Moller et publiée en 2021 dans Avian Research, visant à évaluer le lien entre pesticides et engrais de synthèse d’une part, et disparition des insectes d’autre part, les auteurs estiment qu’une quinzaine d’études menées dans les zones tempérées pointent collectivement vers une réduction de l’abondance des insectes de 70 % à 80 % au cours des dernières décennies.
Mais la question est débattue. Des travaux de synthèse publiés en avril 2020 par la revue Science estiment pour leur part que l’abondance d’insectes terrestres ne perdrait qu’environ 9 % par décennie au niveau mondial (et croîtrait de 11 % par décennie pour les insectes aquatiques !).
Depuis leur publication, ces travaux alimentent toutefois une vive controverse. Au total, une soixantaine de chercheurs ont contesté ces résultats dans différents articles de réfutation, dans d’autres travaux, ou par le biais de lettres à l’éditeur de Science. Les reproches concernent des biais d’analyse statistique, la prise en compte d’études de repeuplement, l’inclusion dans les séries de données d’espèces invasives n’appartenant pas à la classe des insectes, etc. Une dispute qui illustre l’impossibilité de savoir précisément quels insectes – et combien – ont disparu depuis le tournant du siècle.
Stéphane Foucart
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Ce sont des sujets qui ne font que conforter les conséquences, potentiellement graves, du réchauffement climatique actuellement en cours.
Marc