En son temps, Confucius enseignait qu'il fallait avant tout "restaurer le langage" et il fustigeait ceux qui détournaient le sens des mots.
Sa maxime n'a pas pris une ride et notre époque s'est fait une spécialité du détournement des mots pour tromper les populations crédules, naïves ou incultes, toujours bien soumises aux diktats de "ceux qui savent".
On pourra citer :
- Les criminels réactionnaires de thermidor An II qui assassinèrent Robespierre et Saint-Just, pour prendre les devants parce qu'ils allaient passer au "rasoir national" à cause de leurs crimes à Lyon, Toulon, Nevers, Nantes etc... ils manipulèrent une faction parisienne et firent croire aux Parisiens, puis à toute la France, qu'ils avaient débarrassé le pays d'un tyran sanguinaire, et la désinformation dure toujours.
- Louis-Napoléon Bonaparte qui se disait républicain et se fit élire président de la République, plus démocrate donc que son oncle qui se fit proclamer 1er Consul après le 18 Brumaire. Le populo marcha et on connaît la suite.
- "Monsieur" Thiers, le massacreur de la Commune de Paris (28 000 morts lors de la Semaine Sanglante en mai 1871), qui convainquit une Chambre à 75% royaliste de proclamer la République parce que c'était plus difficile à abattre qu'un roi cristallisant sur lui tous les mécontentements, et que cela sonnait bien mieux aux oreilles populaires tout en dissolvant les responsabilités des gouvernants "élus" pour protéger les fortunes avec les voix des opprimés.
- Les guerres coloniales servirent, sous prétexte d'enrichir le pays, à éliminer les opposants en détournant leur agressivité.
- A Berlin ! criaient nos grands-pères en 1914, qui partaient reconquérir l'Alsace et la Lorraine... à Paris ! criaient les autres d'en face, qui partaient parachever l'unité de l'Allemagne en mettant à genoux l'ennemi de toujours qui avait tant et tant ravagé leur pays au cours des siècles passés.
Cela faisait faire des affaires juteuses aux Wendel, Krupp et autres Thyssen, IG Farben etc.
- Le "communisme" de Lénine n'avait pas grand chose à voir avec le manifeste de Karl Marx, il établit une dictature féroce et terroriste bien pire que le régime des tsars et encore plus stupide, en faisant croire au populo qu'il était transitoire, une marche nécessaire à gravir pour atteindre le socialisme et la fin de la domination des hommes par les riches. Les gens qui ne marchèrent pas bien dans la combine peuplèrent les camps du goulag.
- Le "judéo-communisme" d'hitler amalgamait les Juifs aux communistes, sous prétexte que Marx et Trotsky étaient juifs, l'ennemi devenait donc le Juif et l'amalgame servit à justifier la Shoah.
- Déjà dans "mein kampf", écrit en prison après l'échec du putsch minable de 1923, le moustachu écrivait ce qu'il proclamait depuis 1919, qu'il fallait "entfernen" (éloigner) les Juifs... mais en allemand le verbe "entfernen" a aussi un autre sens, en chirurgie, qui signifie "amputer".
- Les "Einsatzgruppen" (littéralement "groupes d'intervention") ne dérangèrent personne, alors que leur mission (aucun ordre écrit) était d'exterminer les Juifs sur les arrières de la Wehrmacht. Le détournement du sens des mots a toujours servi à tromper ceux auxquels il s'adresse.
- En France, le slogan "travail-famille-patrie" cacha bien mal l'inféodation du régime de Vichy aux ordres de Berlin.
- Les Waffen SS étaient recrutés partout en Europe sous le prétexte de constituer une armée européenne contre le bolchevisme, et quand les vocations manquaient les jeunes étaient enrôlés de force, les cadres des divisions SS se chargeant d'en faire des soldats simplement parce que les pauvres gars voulaient essayer de survivre au massacre.
Dans l'esprit pervers et torturé de himmler, la Waffen SS était le germe d'une armée européenne, c'est à dire de l'Europe sous le joug nazi. Il y avait du vrai dans le slogan, si on cherchait bien, mais au prix de tant de détournements du sens !
- Le plan Marshall fut présenté par l'administration Truman comme une aide à la reconstruction de l'Europe, ravagée par les bombardements US et ruinée par la guerre, cela pouvait paraître philanthropique... mais les Américains sont les gens les plus durs en affaires avec les Anglais et les Chinois. Les dollars du plan Marshall ne coûtaient rien à imprimer et ils n'allaient pas produire d'inflation aux USA, ils servirent surtout à faire tourner l'économie US qui exportait en Europe des biens de consommation et à établir une domination économique... donc politique, ce qui était indispensable quand les armées soviétiques occupaient la moitié est de l'Europe et y installaient des gouvernements fantoches.
Ces dollars circulent toujours, évidemment.
- Le "socialisme" chez nous faisait référence aux idées républicaines, sociales et généreuses qui agitaient l'Europe du 19e siècle, d'Auguste Blanqui à Karl Marx, et qui s'implantèrent dans une classe ouvrière exploitée de manière féroce par le capitalisme violent des riches de l'époque. Il faut relire Hugo (les Misérables) et surtout Zola (l'Assommoir, Germinal) pour en avoir une idée.
Cela fit très peur aux gouvernants, issus de la classe possédante, et cela ne prit quasiment jamais sur le monde agricole, très éloigné des conditions précairesde survie dans les villes, très dispersé et encore plus ou moins gouverné par "les châteaux". L'épisode de la mutinerie du 17e en 1907, mettant la crosse en l'air et refusant de tirer sur les vignerons du Midi victimes du phylloxera et en révolte, fut un magnifique mouvement de solidarité des "soldats" issus de la classe ouvrière avec les paysans de la classe agricole, mais si cela marqua le monde paysan ce fut surtout lié à la répression qui suivit.
Gloire au 17e et honte aux "républicains" marrons et corrompus qui gouvernaient à l'époque, pour servir les gens d'argent.
- Jaurès fut une grande figure des socialistes historiques, après Blanqui, mais c'était un bourgeois et son combat pacifiste de 1913-1914, parce qu'il avait compris le mécanisme de la marche à la guerre, se termina sous les balles d'un assassin manipulé. On pourra bien chercher parmi les socialistes historiques d'après Jaurès, on ne trouvera que des bourgeois et des intellectuels issus de la bourgeoisie, avec souvent des idées généreuses mais peu ou pas en prise sur la condition ouvrière ou paysanne, sur la condition des immigrés. Ils racolèrent les votes populaires parce qu'ils étaient moins pourris - en apparence - que les gens de droite ouvertement favorables au patronat, mais ce fut pour mieux tromper et exploiter cette "ressource électorale".
- Cela nous fait arriver à un salopard fini, que j'avais hélas un peu encensé dans ma jeunesse, un certain Michel Rocard. Ce "socialiste" historique énerva toujours Mitterrand (qui l'admirait) parce qu'il lui mettait le nez dans son caca vu que Mitterrand était un homme de droite, issu d'une bourgeoisie de droite, aux Croix de Feu dans sa jeunesse (une ligue "patriotique" qui fit échouer la tentative de coup d'état du 6 février 34, ne collabora pas et fournit des cadres à la Résistance gaulliste, puis au RPF de De Gaulle après la guerre), et qui avait compris que pour accéder au pouvoir il lui fallait un parti-charnière (l'UDSR), ce qui ne marchait plus sous De Gaulle à partir de 58, d'où son OPA sur les partis de gauche parce qu'il ne pouvait pas rallier ceux de droite pour atteindre l'Elysée.
Rocard fit du bon boulot au Parlement de Strasbourg, paraît-il (le fils de mon ex bossa avec lui après avoir bossé à la mairie de Meaux avec Copé) mais il traduisit en français les ouvrages de Milton Friedman, fondateur de l'école de Chicago et promoteur le la théorie économique dite "libérale" qui a produit des désastres partout où elle a été appliquée, pour le plus grand profit des possédants et la misère des petits.
Et hop ! Un autre détournement du sens des mots destiné à abuser les esprits mal ou pas informés.
Le "libéralisme" friedmanien prône des dogmes aberrants : moins de régulation, moins d'état, moins de lois, moins de contraintes, liberté totale des entrepreneurs qui seuls peuvent faire fonctionner l'économie.
C'est à la fois faux et criminel.
Face aux puissances d'argent, les états sont les seuls remparts pour protéger les populations - et les pays - de la rapacité des entreprises, de leurs produits frelatés, de toutes leurs exactions, des lois qu'ils imposent au moyen de leurs relais dans la société (on appelle ça des lobbys). Avec moins d'état et moins de régulation, il n'y a plus de liberté pour les gens, ils sont encore plus soumis à la brutalité des riches que ne l'étaient les esclaves à Rome, les sociétés régressent de 2000ans d'un coup. Et quand cela ne se fait pas tout seul, à la faveur d'un désastre, parce que le pays est avancé dans le domaine social, les militaires font le boulot, savamment équipés et entraînés par la CIA.
Objectif de la ploutocratie internationale : prendre le contrôle de vastes marchés pour y exploiter de nouveaux clients pour ses produits.
A l'époque coloniale, cela s"appelait l'impérialisme et les Anglais étaient passés maîtres dans cette politique inhumaine et criminelle.
A notre époque, on ne conquiert plus des marchés par la soldatesque mais par l'économie, en imposant la doctrine de Friedman (fort à propos nobélisé).
Avant la guerre, Hayek avait tenté de faire comprendre ça à hitler, que faire la guerre était ruineux, aléatoire, dangereux et historiquement inefficace, qu'il était plus judicieux d'utiliser l'économie. Hitler était trop con et Hayek quitta l'Europe pour s'installer... à Chicago, où il trouva un écho dans la droite réactionnaire (le parti républicain) opposée aux réformes de Roosevelt et Keynes, et forma à ses vues le jeune professeur Milton Friedman.
Thatcher aimait beaucoup Friedrich Hayek et le recevait Downing Street.
Le "libéralisme" de thatcher ruina l'Angleterre et mit les syndicats en révolte en fermant les mines, démantela les services publics pour les privatiser, et il fallut une répression terrible pour mater les syndicats. Son gouvernement fut sauvé par la guerre des Malouines, qui souda la population. Je me suis toujours demandé si le MI6 n'avait pas un peu manipulé les généraux argentins pour leur faire commettre cette énorme connerie pile-poil au meilleur moment.
Le "libéralisme" de Chirac et Juppé mit toute la France en grève et dans la rue, à l'automne 95, en s'attaquant à la Sécurité Sociale. La leçon porta et depuis, touche par touche, les "libéralistes" on privatisé la SNCF, qui ne fonctionne plus correctement, EDF, GDF, AREVA (qui rapportaient du fric et maintenant coûtent cher au contribuable), les autoroutes (qui rapportaient et qui rapportent maintenant aux actionnaires), tout ça ce sont des ressources du pays, des infrastructures de services publics, c'est naturellement du domaine de l'Etat.
Ils ont vendu l'aéroport de Toulouse aux Chinois ! Ils veulent vendre les aéroports de Paris, mais qui les arrêtera ? Certainement pas Macron, qui fait partie de leur sérail et se dit "libéral" sans préciser que c'est au sens de Friedman, pour mieux tromper les gens mal informés.
IL NOUS MENT AUTANT QUE CHIRAC ET LES AUTRES.
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Ils ont commencé à vendre aussi l'armée.
Nos commandos sont maintenant transportés par des avions civils, affrétés auprès de sociétés privées, sous prétexte qu'ainsi ils seraient moins voyants !
Nos militaires ne font plus leur bouffe, des sociétés privées exploitent ce créneau juteux.
La France n'en est pas encore à remplacer ses militaires par des sbires de sociétés privées du genre Halliburton aux USA, ce qui enrichit ce genre de société aux dépens du contribuable, évidemment, mais sur le plan tactique l'efficacité n'est jamais au rendez-vous. On le savait depuis toujours, les mercenaires ne valent pas grand chose quand ils risquent de se faire tuer, ils ne sont efficaces que face à des civils sans armes ou à des peigne-culs mal armés et mal commandés.
La guerre de Cent-Ans et les guerres civiles du 16e siècle ne nous auraient rien appris ?
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Méfiez-vous, bonnes gens et couillons d'électeurs, ILS VOUS MENTENT. Quand ce n'est pas ouvertement, par la propagande et la démagogie, c'est en pervertissant le sens des mots.
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Louis XI disait que
la politique consiste à donner ce qu'on n'a pas et à promettre ce qu'on ne peut pas donner. Il aurait pu ajouter "...et acheter ce qu'on n'a aucune intention de payer en le faisant payer par les autres". Il avait à la fois l'honnêteté intellectuelle et le cynisme pour le dire ouvertement, sa qualité de roi le lui permettait.
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Contrairement à d'autres, qui affichent une neutralité malsaine et complice par ignorance et inculture, on ne peut pas se laisser prendre aux discours mensongers sans se faire complice de ce qu'ils véhiculent. Le "libéralisme" économique est le grand fléau qui ravage le monde depuis le 19e siècle, c'est le 6e cavalier de l'Apocalypse (il y en a 4 dans l'Apocalypse de Jean, le 5e c'est la religion).
Nous n'avons pas d'armes pour nous défendre, nos états sont tous pourris par cette vermine sournoise qui les ronge, nos gouvernants sont tous pourris de l'intérieur, nous sommes désinformés depuis des lustres et nous avons perdu la fibre insurrectionnelle, nous n'avons plus de GAUCHE pour relayer notre révolte.
IL N'Y A PLUS D'AVENIR.
Nous pouvons encore boire avec les copains et voler... quand le dérèglement climatique le permet encore.