ah tiens ... pas encore réussi à la finir cette émission(...) le lean management conduit au bonheur au travail (même si c'et un peu raccourci de ma part) , ça me fait bien marrer !
L'as-tu depuis regardé en entier ? Vers 53' ton point est abordé, avec les dérives de la mise en oeuvre du lean dans les entreprises occidentales...
et sais-tu pourquoi "vous" (c'est qui vous ?) voulez mettre ça en place ?
"nous", c'est pour l'instant moi et mon responsable direct.
Pourquoi on veut mettre ça en place ? Parce que personnellement, je suis convaincu que l'efficacité au travail passe par l'épanouissement personnel des collaborateurs et ce reportage le montre assez bien.
Or pour l'instant, nous ne sommes pas vraiment dans ce mode là, en partie pour les raisons que tu cites toi-même :
Quand on te met la pression pour rendre ton projet en temps et en heure (quitte à sacrifier la qualité), que personne ne l'utilise et que tout finit à la poubelle dans l'année qui suit ... tu peux faire toutes les tables rondes de la terre, tu auras toujours des salariés démotivés !
Pour tout dire, j'ai souvent l'impression que cette technique de management compense l'incompétence du management intermédiaire qui ne fait que répercuter ce qui vient du dessus sans comprendre ni filtrer (management intermédiaire qui n'a de cesse de désinformer l'étage supérieur ce qui conduit à des décisions pour le moins "étonnantes" vu du bas).
et je te rejoins complètement. Rajoute à ça une structure organisationnelle éclatée dans le monde, mais qui fonctionne en silos fonctionnels, et on se retrouve dans une situation qui montre chaque jour son inefficacité.
On cherche donc à mettre en place une approche basée sur la confiance, la transparence, la responsabilisation des équipes, au sens où elles soient écoutées et en capacité de prendre des décisions, sans avoir le filtrage du middle-management techniquement incompétent qui ne sert à rien à part tenter de minimiser les problèmes, ce qui est complètement contre-productif (les décisions "surprenantes" dont tu parles), et (re)mettre en place la colocalisation (même à notre ère, on bosse mieux quand on a un gars qu'on connait à coté de soi qui parle la même langue a la même culture, les mêmes horaires, qu'un gars à l'autre bout du monde dont on ne connait au mieux que la voix, qui parle anglais encore plus mal que soi, qui a une culture ou un "oui" peut vouloir en fait dire "non", et avec qui tu ne peux intéragir que deux heures par jour), des équipes pluridisciplinaires, etc, bref, du bon sens comme dirait l'ami JC.
Bon, on a beaucoup de boulot, parce que tant du coté du management que du côté des équipes, ça implique un gros changement d'états d'esprit, mais je dois dire qu'au moins, ça me motive et que contrairement à il n'y a pas si longtemps, je sais pourquoi je me lève le matin, et j'espère bientôt ne plus être le seul dans ce cas parmi beaucoup de mes collaborateurs.
En fait, dans le documentaire, on voit pas mal d'aspects qui concernent la hiérarchie; j'ai suivi il y a peu une formation intitulée "Management 3.0" (
http://management30.com/about/ ) où beaucoup de ces concepts (responsabilisation, aplatissement de la hiérarchie, confiance, etc) sont repris, au travers des approches Agiles (et Lean qui les sous-tendent).
En gros :
- Manager 1.0 = le contremaître éduqué du XIXe siècle qui gère des gens inéduqués
- Manager 2.0 = le manager actuel, qui essaye de faire le pont entre sa propre hiérachie et son équipe et gère comme il peut tout un tas de paradoxes
- Manager 3.0 = manager qui a compris qu'il gérait des gens aussi éduqués et probablement plus compétents que lui, qui est là pour être à l'écoute de son équipe, la servir et être son guide et son entraîneur
Il existe d'ailleurs des boites où ils ont réussi à fonctionner sur ce genre d'approche, par exemple chez Spotify, où "la Communauté est plus important que la Structure" :
https://vimeo.com/85490944(regardez, surtout ceux qui bossent dans l'info, mais les autres aussi ; ça dure 13 minutes, mais c'est tellement intéressant qu'on croirait que ça en dure trois)
Notez d'ailleurs le "wants to be like Spotify" sur le post-it Ma 2.0 de la photo ci-dessus
Le challenge, c'est donc de mettre en oeuvre dans une grosse boite "classique" des approches proches de ce qui existent dans les startups, où c'est plus facile puisqu'on part de rien, mais les transformations sont possibles, comme le montre le doc d'Arte; pour moi les ministères Belges sont des exemples très intéressants.
Sinon on a vu le patron de Chronoflex, une des boîtes du documentaire, nous raconter son histoire à la conférence "Agile Grenoble" pendant une heure : il a captivé 500 personnes, c'était passionnant !