Il n'y a pas de Johnny en moi. (suite)
Quand j'étais ado (au début des années 60) je n'aimais pas Johnny.
Dans les années 70, il disparut complètement de la circulation mais je n'avais pas évolué, je ne l'aimais toujours pas.
Ma cousine (et grande soeur élective) est depuis toujours une fan de Sylvie Vartan, je n'ai jamais rien eu contre elle mais je ne l'aimais pas des masses non plus, disons qu'elle porta ses cornes avec beaucoup d'élégance.
Johnny revint en scène sur le tard et les ados de 1961-62 avaient grandi en âge et la nostalgie de leur jeunesse opéra, bref Johnny puisa sans vergogne dans leurs porte-monnaies avec ses tubes, pompe à phynances plus efficace qu'un percepteur.
Je continuais à ne pas l'aimer, mais alors vraiment pas.
Quand il a replié son pébroque, je suis intervenue sur ce fil pour dire le peu de bien que je pensais de ce mec et voilà qu'il a déshérité ses enfants.
Mon paternel a fait de même, ma frangine et moi n'avons eu que ce qu'il nous avait donné en 87 - ce qui n'était pas rien - et c'est le fils de notre belle-mère qui a hérité de sa mère, décédée une semaine après le dabe.
Il n'y avait rien à faire, attaquer le testament n'aurait eu aucun avenir (sauf pour l'avocat), tout était légal et bien ficelé, nous l'avions dans le
et cela ne faisait pas de bien. Au moins cela nous permit de ne pas rester affligées par un deuil qu'il n'avait pas mérité. Notre vieux était de ces gens qu'on oublie sitôt qu'ils sont sortis des radars.
Je compatis donc - en ricanant - au chagrin de David et Laura qui voient le magot leur filer sous le nez, non seulement les actifs mais surtout les droits d'auteur que la SACEM (entre autres) leur aurait versés, une manne colossale pour continuer à jouer les nababs.
Pauvres chéris !
Ils se sont donné la peine de naître dans une famille (si on peut dire) pleine aux as, on aurait tort de les plaindre et ils n'ont pas fait grand chose pour devenir richissimes.
Leur frustration me ferait presque rigoler, déjà que je rigole de la mienne.
Eux ont toujours eu les poches pleines, des belles maisons et des belles bagnoles, moi j'ai une toute petite retraite, un appartement miteux dans un immeuble miteux d'une banlieue miteuse, je vis 8 mois de l'année dans une caravane déglinguée et je roule dans une Dacia d'occasion un peu cabossée.
Et c'est moi qui rigole, je suis peut-être plus heureuse qu'eux.
Après tout, David héritera de Sylvie Vartan et Laura de Nathalie Baye, les petits chéris ne seront pas à l'Armée du Salut. Gageons qu'ils ont certainement compris que leur géniteur, comme le mien, était un enfoiré, leur chagrin en sera bien atténué.
Universelle dualité du Yin et du Yang.