b_42
Rampant
Hors ligne
Aile: Blacklight, Kagoo2
pratique principale: vol / site
vols: 800 vols
Messages: 0
"Foutez-moi la paix"
|
|
« le: 05 Juillet 2014 - 12:49:32 » |
|
Voici la suite (et de ce qui aurait pu également être la fin) de ce d’aucun appellent mes « tentatives de suicide par le sport ». Ce que ni la plongée profonde (+ de 80m à l’air, c’est bon ?), ni la spéléo et la combinaison des 2 précédentes, l’alpinisme et le ski de rando, le canyonnig et la nage en eaux vives n’est arrivé à accomplir, le parapente a bien failli y arriver. Je pose le tableau. Commune de Rosans (05), montagne de la « crête du raton » le vendredi 4 juillet. La météo est maussade, une haute couche de stratus gris, temps bâché donc. Et ma pioupiou qui ne sait pas qu’il ne lui reste que quelques heures à vivre ( DCD à 17h24, RIP), ne me donne pas d’indication faute d’internet…j’aurais tout de même du avoir la puce à l’oreille d’après les indications des balises radio environnantes comme celle du Soubeyrand, mais bon… Je monte donc à pieds avec ma kagoo (little cloud, j’adore), sans secours parce que c’est lourd, ni aucune protection sellette, parce que…c’est lourd aussi ! Arrivé sur les crêtes, c’est clairement le genre de situation « chiante » : pt’êt. Que ça l’fait, pt’êt que non, va savoir…le vent est soutenu, certes mais pô abo non plus, 15 à la louche, mais rafales à 25 mesurées a mon sky-machin…vous devez vous dire : « et alors ? C’est bon pour moi, avec une voile pouvant aller à +50 detrimée, je le fais tous les jours… ». Certes, mais moi, je suis un gros péteux, alors je regarde autour de moi, suis pas sûr, et devant quelque rafales un peu plus soutenues, je décide de faire confiance à l’adage parapentiste de base, le fondement des règles de sécurité : « il vaut mieux regretter de ne pas être en vol, que regretter d’y être ». Un adage comme ça, avec moi, ça tient 5 mn… En fait, je voulais pas. Mais redescendu quelque peu, le vent semblant être un peu moins fort, j’ai eu envie de faire un peu de gonflage…moins de 30 km/h de vent max, avec une voile rapide, sur une pente douce orientée face au vent (sud, ou à peu prés) et 300m à courir derrière moi avant de passer au dessus de la grosse falaise de 100, 200m de hight, franchement… vous auriez hésité vous ? Sérieux ? Perso, j’aurais du hésiter, jusqu'à aujourd’hui même et plus encore. Donc, un peu moins de 10mn après avoir décidé de ne pas me mettre en l’air, j’étale ma voile. Dommage que la gopro que j’ai sur le casque (et qui aurait largement contribué à mon décès imminent) a sa mémoire pleine : LE CON ! Je n’installe donc pas le secours que je n’ai pas, pour du gonflage, c’est pas utile. Et là… Là…. Là, c’est ici que le cauchemar prend sa source. Je suis sûr que peu de parapentistes ont vécu ce que j’ai vécu par la suite. Tout le monde ou peu s’en faut à déjà vécu de GROS sketchs, des fermetures (latérales, frontales, mixe des deux et plus encore), abattées zombiaques et d’autre trucs pas dans le manuel…mais pas pendant prés d’un quart d’heure sans arrêt….si ? Là, donc, le temps que ma voile entièrement détrimée monte au dessus de la tête + 5 ‘’, j’étais déjà a 15m/sol, et les 10’’ suivantes, 50m/sol en net recul, mains hautes, oreilles (les miennes, la kagoo ne les acceptant pas) rentrées ainsi que les genoux pour avoir une meilleur pénétration dans l’air, mais rien n’y fait , je recule inexorablement vers le haut de la falaise (et accessoirement du gros rouleau qui doit s’y tapir infailliblement). Sérieusement, en ce moment précis, je me suis dit que c’est là mon dernier vol et que je vais mourir écrabouillé. Arrivé donc en haut de la falaise 200m au dessus du vide, je fais un 180° pour m’éloigner un max du relief… ça a marché 20’’, et…le rouleau compresseur m’a empoigné. Méchamment. J’ai eu l’impression d’être un dé de 421 dans un cornet, sauf que là, la mise, ce ne serait pas moi qui la récolterais… J’ai donc expérimenté toutes les figures imposées jusqu’au moment où, la voile me passe devant puis dessous 1’’ plus tard. La kagoo possède un suspentage court, on peut donc ainsi admirer son intrados d’un beau vert/jaune tendre plus prés qu’avec une autre voile. Pour les amateurs d’intrados, on peut donc dire que une mini, c’est pour les myopes et pour les « grandes », c’est mieux pour un presbyte, mais je m’égare. Je décide toutefois de constater de plus prés, et c’est ainsi que je me retrouve DANS ma voile! Oups, pas bon ! Je suis dans le tissus, un peu coincé au niveau de la liaison casque/gopro (éteinte)/suspentes et jambe (droite, je le sais et je sais aussi que je vais bientôt pouvoir enchainer parapente/spéléo. Dans un sol quarstique et à l’allure où je plombe, je vais faire un beau cratère. Mon enthousiasme est toutefois tempéré quand je m’aperçois que j’ai omis de prendre une lampe frontale : la spéléo sans lumière, c’est chiant.) J’en reviens donc à ma jambe droite passée derrière ce qui me semble être une suspente de frein. Je vais mourir, c’est certain, mais pas au point de ne pas tenter tout de même de démêler ce merdier…et j’y arrive pour me retrouver twisté. Je detwiste donc, car même n’ayant JAMAIS fréquenté une école (parapente j’entends), je subodore néanmoins que ce n’est pas une situation… « normale ». BREF, j’ai eu tout les cas de figure pendant 10 bonnes minutes. Je pourrais me la péter en arguant du fait que j’ai piloté comme un chef, tout géré, contré-sellette et patati et patata, mais je crois que j’ai plus subi que géré et tout était tellement violent et rapide (mini-voile, suspentage court) que pour anticiper la fermeture et l’abatée et tout et tout, QUE DALLE ! Ce qui est certain en tout cas, c’étais que je n’ai pas fait de grosses conneries de pilotage non plus. Bref, le temps (long, long, long, long, long, long….) passe et un jour je vais me retrouver plus prés du sol, dans une vallée déserte et inamicale sous ce ciel gris. Peut-être va-t-il bientôt être temps de me trouver un petit attéro accueillant ? Pour moi, ce sera les arbres que je cherche, un (tout) petit étang me semblerait faire mon bonheur, mais impossible de suffisamment avoir de contrôle pour y parvenir. Tant bien que mal et de toute façon, je me dis que ça va taper très fort, je survole une zone qui va m’accueillir dans quelques seconde…que du bonheur pour moi : un taillis de buissons épineux de 2m de haut, mais très dense, et c’est la dedans que je me (pose ?), (scratch comme une merde ?) j’atterris, comme une fleur, même pô mal, rien, nada, que dal, vivant, indemne, sauf, entier. Et il ne me faudra qu’à peine une heure pour sortir une voile (que j’adore, mais je crois l’avoir déjà dit) qui n’aura même pas de mal (mais il faudrait que j’y regardasse de plus prés). Puis que je courre sur quelques km pour trouver une route, puis une voiture qui daigne me prendre en stop…en vain, (un haut-alpin ou un drômois, c’est pô cool pour le stop, mais ça conduit vite). Je fais donc appel à un ami. Qui me ramène juste à temps pour ma prise de service. … Pour l’instant, je ne sais pas comment va se passer mon « choc post-traumatique », je sais que ça va arriver, et dans le cas de mon accident de plongée, il s’est manifesté plusieurs MOIS après…mais cette nuit j’ai bien dormi ! Par ce récit, je ne souhaite pas « me la péter » parce qu’il n’y a pas de quoi. Mais j’avais besoin de verbaliser mon expérience, de manière « amusante » pour dédramatiser et faire passer un message en toute modestie : « IL VAUT MIEUX REGRETTER D’ÊTRE AU SOL QUE REGRETTER D’ÊTRE EN L’AIR »…Et je rajouterais : « si tu hésites, alors faut pas y aller »
Et moi j’appréhende déjà mon prochain vol…mais aujourd’hui, c’est tout pourri !
|