Si on se met à s'aligner sur les critères du plus prudent, du plus trouillard ou du moins expérimenté pour juger des conditions il est sur qu'on va faire baisser l'accidentologie. On ne volera plus jamais !
Si un pilote visiblement pas au point techniquement se met une tourte faut il incriminer les pilotes qui volaient ?
Chacun sa vérité, j'aime bien celle de Patrick aussi,
on voit quelquefois en compétition des pilotes qui font arrêter la compétition alors que les conditions étaient magnifiques.
J'ai justement une anecdote intéressante (au moins pour moi), et j'aimerai en témoigner:
J'ai vécu ça hors compète (je n'étais pas inscris mais j'étais en vol les 2 manches de la compète):
un très bon pilote très prudent nous a malheureusement offert à tous les pilotes au déco, un très pénible spectacle: il a enchaîné une cascade d'incidents de vol depuis relativement haut, jusqu'au sol sur le bas du décollage devant tous les pilotes encore en attente de décoller. (il s'en est heureusement miraculeusement sorti après quand même un mois alité) .
Un des pilotes en vol (des pilotes de la compétition étaient déjà en vol), a donné l'alerte de plus haut niveau.
Le DTE de l'époque (directeur technique d'épreuve) que j'adore, a longuement (rapidement en fait mais il cogite tellement que je sais que c'est tout relatif) réfléchi, et pris la décision qui s'imposait (et la bonne): de mettre fin à la compétition.
Ma voile en bouchon, je voyais les cumulus au dessus de ma tête me jurer que les conditions étaient pourtant juste idéales.
Je suis en nage dans ma combinaison de l'époque, et le dernier pilote vient de décoller: c'est à mon tour...
Le verdict du DTE tombe: fin de la compétition pour cause d'alerte de dernier niveau donné par un pilote en vol + accident au déco.
Je sais que le DTE à dû se demander mille fois dans sa tête pourquoi il prenait cette pu$#*n de décision alors que la journée lui semble si bonne!?!!!!
Mais une alerte et un accident ne peuvent qu'aboutir à ce résultat pour toute personne responsable. (et une fois de plus, pour moi il a pris la bonne décision).
Mon entourage me presse de ne pas décoller.
Je tends la main au ciel et je m'insurge à mon coéquipier de vol: << mais punaise, même si il y a eu un accident, on sait pourquoi: il y a du sud et on est sous le vent au déco,
c'est terrible il y a eu un accident, mais la journée est-elle moisie pour autant ?
Mon coéquipier de vol me rétorque qu'il y a beaucoup de vent, de cisaillements, et que si le niveau maximal d'alerte a été donné lors d'une compétition ce n'est sans doute pas le moment de décoller.
Je rétorque quelque chose comme : << pu£%in mais regarde ce cumulus , il te semble bouger?
est-ce qu'il est fouetté par du vent météo? Il faut vraiment ouvrir les yeux et regarder la vérité en face: est-ce que oui ou non il est fouetté?
S'il n'y avait pas cette humidité on ne pourrait pas en juger mais là? tu ne trouves pas qu'il est le témoin d'une superbe journée?
Mon acolyte me rétorque: il y a eu un accident au déco, un pilote te donne le dernier niveau d'alerte et fait interrompre la compétition en cours, à toi de prendre ta décision.
Je rétorque quelque chose plus ou moins confiant comme "non mais moi ça me semble vraiment bon si ce n'est le déco.
Un pilote local que je connais un peu, pilote que j'admirais pour plusieurs raisons, décolle et se prend une fermeture phénoménale sur 3/4 de sa voile: il connait très bien le site, c'est un très fin pilote mais là c'est vraiment très
très costaud: il a juste eu un réflexe que j'ai trouvé sur le moment incroyable: il a instantanément déporté tout son poids à l'opposé de la fermeture (il savait bien de toute façon qu'il était sous le vent et qu'il allait s'en prendre une)
ceci dit ça reste à ce jour encore un des plus violent décollage qui s'est bien terminé que j'ai pu voir.
Le pilote a finalement décollé mais ça a finalement mis fin à toutes mes convictions du moment: je remballe et me fait à l'idée que la journée est moisie.
C'était un Samedi.
La deuxième manche ouvre le Dimanche.
Je passe un peu les détails mais cette journée de Juillet dans le Sud de la France est juste fantastique, je me trouve dans la grappe des compétiteurs, moi, tout débutant, la compétitions étant "au but" je ne me suis pourtant pas pressé pour décoller (j'étais le tout dernier pilote en fait), je m'efforce à faire chaque balise, moi, pilote débutant qui rêve de cross et qui s'efforce tant bien que mal à aller chercher chaque balise à pourtant que 2 ou 3 kilomètres du décollage.
Mais quel challenge personnel!
Plus personne en l'air (d'autant que j'étais le dernier à décoller), je me sens nul, d'autant que ma vie personnelle n'est pas simple.
Je me dis qu'une fois de plus, je suis à la traîne et tout doit être si simple pour tous les autres.
Je termine la dernière balise locale lorsque je transite enfin après le dernier plein vers la balise finale qui se trouve à environ 15 Kms de là (une énorme distance pour moi, et je suis sûr à ce moment là de poser bien avant mais pourquoi pas essayer).
Alors que je me trouvais bien seul, je me rends compte assez vite que certains pilotes sont encore en vol!
Pire, je vois enfin une nuée de pilotes en transition SOUS moi.
Moi, sous pilote qui a pris tout le gaz possible afin de me donner toutes les chances pour arriver le plus loin possible.
Et là je suis sidéré: je vois quelques pilotes en transitions, d'autres qui posent dans un champs un peu avant la balise finale.
Autant je peux comprendre les premiers pilotes qui se posent, autant je ne comprends plus du tout les pilotes qui transitent avec la même altitude de départ
voire plus bas, sans essayer de se refaire ou faire demi-tour.
Enfin, je suis stréssé, je vois tous ces pilotes en transition et je suis témoin d'une hécatombe de pilotes qui posent dans un champs à quelques kilomètres seulement de la balise finale.
Je poursuis mon vol et recherche comme toujours la meilleure ligne de portance, celle qui me fait perdre le minimum d'altitude.
Je me sens comme un planeur: je suis si haut, et je me suis mis une telle pression pour arriver à mon but que lorsque je réalise que je suis sorti d'affaire et que forcément les derniers kilomètres sont gagnés, j'ai alors une remontée d'adrénaline qui me récompense comme jamais.
Je transite simplement et observe la nuée de voiles qui posent les unes après les autres dans ce champ qui semblait les attirer comme un aimant.
Je pose à l'attérro officiel et dernière balise de la compétition: il est très tard, et je n'ai aucune idée des pilotes qui ont posé avant ce jour là.
Peut-être qu'il y en a eu avant vu que je suis parti le dernier, mais j'en ai vu un sacré paquet atterrir dans ce champ quelques kilomètres avant la balise.
Mon père vient me chercher, extrêmement heureux pour moi, (aucun mot n'a besoin alors d'en témoigner), on remonte au cœur du village, et là on rencontre des compétiteurs, dont une monitrice adorable que je connais qui me demande mon classement: << ben je ne suis pas inscrit, je n'ai pas encore mon BPC >>: elle me rétorque << ah et bien dis donc, si tu as besoin de valider ta pratique vient me voir, je te la valide >>.
Je repars bien sûr fier comme un coq, de cette journée sublime, mon père témoin de la scène ajoute à mon plaisir de cette journée de vol inoubliable.
On continue notre chemin en voiture, mon esprit encore perturbé par la remarque de cette monitrice qui résonnait encore dans ma tête...
Ah ben je pourrais valider un BPC un jour qui sait?
Mon rêve prend fin brusquement lorsque sur le retour j’aperçois un parapentiste au bord de la route que je prends pour un auto-stoppeur.
Je m'arrête et lui demande où il va, si je peux le ramener quelque part:
<< non merci j'attends quelqu'un mais c'est super sympa de s'arrêter >>
on discute un peu, et il me dit quelque chose comme : << punaise c'était super chaud aujourd'hui, j'ai failli donner l'alerte comme je l'ai donnée hier >>
Heuu, je lui réponds: << mais, heu, j'étais en vol jusqu'à la dernière balise, mais j'ai trouvé ça très bien qu'as-tu trouvé de dangereux à ce point pour donner le dernier niveau d'alerte? >>
La réponse a été quelque chose comme : << ben oui je n'étais pas sûr mais j'ai été sous le vent de reliefs et franchement les conditions étaient vraiment moisies!!! >>
Ma pensée du moment a été : " mais punaise quel relief? ce vol est un vol quasi de plaine, si tu es sous le vent d'un relief c'est que tu es en train de poser!!!"
Je saluts le parapentiste (dont je ne dénigre pas pour autant sa décision qui a été pour lui aussi difficile à prendre et responsable) et poursuis ma route.
Lors d'une autre compétition, j'ai la chance de rencontrer mon cousin, qui est un des meilleurs parapentistes que je connais (kilomètres effectués ou pas), ayant souvent terminé premier de petites compétitions
régionales, mais sans doute digne de boucler des compétitions bien plus ambitieuses. Certains choix de vie ne permettent pas toutes les victoires.
Je demande alors à ce cousin, (que je n'ai malheureusement vu que quelques fois dans ma vie), ce qu'il avait pensé des conditions météo de cette fameuse première manche de la compétition interrompue à laquelle je savais qu'il avait participé.
Il me rétorque alors: ben écoute je n'ai pas compris: moi j'étais en vol, je volais de cum en cum, et j'approchais la balise finale: un ciel magnifique, pas de surprise à des kilomètres à la ronde....
Et puis le message radio: compétition annulée...
Un autre (bon) pilote de mon club de l'époque me dit lui qu'il avait vu lui, en vol aussi ce jour là, un vent météo le contrant vraiment très fort et qu'il comprenait vraiment la décision prise...
Pour ma part, je mets 20/20 au DTE qui a pris la décision de stopper la manche car c'est forcement la bonne décision à prendre en pareil cas avec de telles informations.
Mais pour autant, dans l'absolu, j'ai l'impression que certains pilotes se sont fait avoir par de forts thermiques qui les ont contrés, mais qui n'ont pas sût faire la distinction
entre vent météo et compression liée à un thermique ou à un flux d'air localisé. Ils ont eut ceci dit le courage et le bon sens de donner l'alerte, et c'est bien ce qu'il faut faire en cas de doute
même si ça peut faire rager les pilotes les plus expérimentés ou ceux qui ont pu observer une situation différente, juste parce-qu’ils avaient un point de vue/un angle différent.
L'accident a pesé sans doute lourd dans la balance mais, même si le pilote accidenté m'est proche, la seule raison pour moi qui a initié l'accident est un fort placement sous le vent à ce moment là.
(un problème matériel aura sans doute une xième fois de plus échappé aux statistiques et dédouané le constructeur de l'époque, comme ceux d'aujourd'hui d'ailleurs).
Une attente d'un moment plus favorable au décollage aurai permis pour moi une très belle manche pour les derniers pilotes qui n'avaient pas encore décollé ce jour là et bien sûr
pour tous les autres déjà en vol.