Non pas voler par contrainte mais par défi, par souci de la performance ou par inconscience ou manque de connaissances ou d'analyse.
Un vol plaisir est un vol dont on sait que les conditions ne seront pas un enjeu de bataille par rapport à son niveau du moment, son envie du moment et son mental du moment. Des fois par contre, on sait que les conditions seront fortes et pour faire de la distance ou simplement un vol, on va rogner ses marges (pas nécessairement de sécurité mais au moins de confort)
La question que l'on peut se poser est, POURQUOI ?
Pourquoi voler pas defi ? Defi rapport à quoi ? Rapport à qui ?
Pourquoi par souci de performance ? Quelle performance ? Mesurée rapport à quelle aune ?
Reste l'inconscience, les manques de connaissances et/ou compétences qui ne peuvent qu'entraîner des analyses non-pertinente. Mais bon aucun des concernés ne repondra, alors passons...
Pourquoi un vol plaisir ne pourrait pas SI les conditions sont reunies (niveau, envies, mental et... aussi aérologie, etc.) Pourquoi un vol plaisir ne pourrait pas aussi etre un vol de performances dont on peut être fier et sans pour autant s'être ch.. dessus pendant ?
Pourquoi devrait on rogner ses marges pour faire un "simple" vol ou même un vol de distance ? Cela commence où d'ailleurs la distance, la performance ?
Est-ce que le plus beau vol n'est pas celui encore à venir ? Est-ce que les sept copains-pilotes qui nous ont quitté depuis le début de l'année pour un vol de trop, n'auraient pas préféré plutôt vivre le suivant ? Et leurs familles, proches et amis qu'est-ce qu'ils peuvent penser de tous cela ?
Un slogan syndical dans les mines disait quelque chose dans le genre ;
travailler pour gagner sa vie et non pas pour la perdreIl me semble que l'on pourrait aussi le déclamer par ; voler pour vivre plus fort et non pas moins longtemps.
Wowo, je ne sais pas comment tu voles, avec qui tu voles etc...
Mais il y a autant de manières de voler que de caractères différents. Des fois tu n'as pas volé pendant une semaine, un mois, un hiver, tu as envie juste de voler. Vol balistique, contemplatif, ce que tu veux...
Mais il y a des fois où tu as envie de plus. Défi par rapport à soi, en ce qui me concerne. Défi par rapport aux potes, aux copains du club pour d'autres, et enfin défi par rapport à la CFD et autres records pour les meilleurs.
Mais quel que soit le niveau, on ne se dit pas "je vais voler une heure et rentrer chez moi" si les conditions sont excellentes. Si ?
Toi et moi savons que pour faire de la distance il faut soit d'excellentes conditions, soit des conditions où le pilote doit se retrousser les manches. Mais je ne sais pas comment tu prends les journées où ça va bien voler. Vas-tu te contenter du petit vol en bocal ? Vas-tu te contenter du petit cross classique ?
Personnellement, je ne pars jamais en me disant "je vais aller là ou faire tant de kms", je n'ai ni le niveau, ni la prétention. Je me dis juste, faire du mieux possible avec ce que j'ai aujourd'hui. J'ai un objectif bien sur mais ce n'est pas pour ça que je vais me prendre la tête si je n'y arrive pas et suis maintenant plus enclin à aller poser si je ne le sens pas par rapport au feeling. Des fois on accepte de se faire bousculer, des fois pas.
La performance est donc relative puisque c'est par rapport à sa propre histoire. Désolé de prendre encore un exemple perso, mais le dernier cross dans les Alpes, ça a été au bout de la deuxième journée de séjour à Chamonix. Ca changeait de tous les vols des 4 ou 5 derniers mois. Suis à La Tournette à 3200m et tout s'offre à moi, Il est 14h. Pour moi l'objectif était rempli (voir le lac d'Annecy en partant de Cham). Je me sentais bien, mon "défi" rempli, j'ai fait la GROSSE bêtise de vouloir revenir sur Chamonix alors que les conditions étaient si douces et si bonnes que j'aurais pu faire un tour sur le Roc des Boeufs, m'aventurer dans les Bauges et revenir plus tard quand les faces ouest auraient été bien allumées. Au lieu de cela, je me dis "allez on rentre par les faces ouest des Aravis, tu as déjà eu la chance de voir le lac". Donc pour répondre à ta question, ce vol était pour moi une performance (un an que je courrais après, et j'avais sauvé un ou deux points bas), un vol de distance (même si je n'ai pas battu mon record) et plaisir car je ne me suis pas trop ch... dessus.
Mais si j'avais pensé après le premier point bas qu'il était temps de rentrer en pensant aux pauvres parapentistes décédés, ou en pensant juste au vol suivant, je n'aurais jamais été dans l"instant. Or comme l'escalade, le parapente est une activité que j'affectionne car on est obligés d'être dans l'instant, de s'extraire, d'enrouler, de transiter, de donner le meilleur de ce que l'on peut faire en fonction des autres voiles, des éléments naturels. Depuis qu'on argumente tous les deux, je me dis que tu dois trop voler avec des pensées négatives. Et c'est pire je trouve.
Certes quand les conditions sont trop fortes pour moi, je sais que je suis prêt à poser et à écourter. Mais des fois pour progresser on est obligés de passer par des étapes et ce ne sont pas les vols contemplatifs qui aident à progresser. Tenir sa voile, faire en sorte qu'elle reste au-dessus de la tête, se rendre compte qu'on est tendus et tout faire pour diminuer son rythme cardiaque, respirer profondément, ne pas se faire doubler par ses émotions, mai analyser objectivement ce qu'il se passe autour de soi, c'est important pour progresser. Donc nécessairement on rogne sur les marges. Mentales, psychiques. Après je ne dis pas qu'on doit se mettre dans le rouge mais je me rappellerai toujours cette demie-journée stage à Mieussy, où le vent d'ouest est bien présent et que sur la falaise de Rovagne, je suis ballotté comme un vulgaire fétu, que je suis en apnée, que je vois à chaque 360 la falaise se rapprocher; la voile n'a jamais fermé mais là je ne pensais qu'à une seule chose, me barrer et poser. Et quand je prends la direction de l'atterro, j'entends le moniteur m'ordonner de revenir, prendre du gaz à Rovagne etc... J'avais les larmes aux yeux, car je pensais que je ne pouvais pas. J'avais peur. Je me chiais dessus grave. Je me demandais ce que je faisais. Le moniteur m'a repris en main au micro en me disant que je pouvais le faire, que oui c'était turbulent mais rien de dangereux.
Je suis reparti au combat et au lieu de me fixer sur mon angoisse, je me suis fixé sur ce put... de thermique couché par le vent d'ouest. Je suis monté au plaf, et le vol a continué pendant encore deux heures (Marcelly, Samoëns, Criou, Bourgeoise etc...)
Cela n'a pas été un vol plaisir, ni un vol distance, ni performance (sauf par rapport à soi) et je peux te dire que j'ai beaucoup appris.
Je n'étais pas inconscient car le moniteur était là. Je connaissais ce vol. mais je ne connaissais pas ces conditions. Heureusement tous les vols ne sont pas comme ça mais un palier avait été franchi. Et j'ai remercié le moniteur d'avoir "gueulé" de revenir sur le thermique de Rovagne.
Ainsi les vols suivants sont plus beaux