Accident à la dent le 28 mars
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Paytagnol:
https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2022/03/28/saint-pancrasse-un-parapentiste-gravement-blesse-a-la-dent-de-crolles
lharmattan:
Bonjour,
Je suis le pilote qui a eu un accident à la dent le 28/3
Je tiens d'abord à préciser que mes blessures ne sont pas aussi graves que ce que l’article laisse penser: fracture costale avec léger pneumothorax, fracture de cervicale non invalidante, fracture du coude. Après 6 jours de repos, j’arrive à me déplacer et les douleurs sont devenues tout-a-fait supportables. Je voudrais d’abord remercier l’équipe de secours, ainsi que le personnel médical de l’hôpital Michallon, qui ont été au top. J’espère ne plus avoir à utiliser leurs services, mais quelle chance d’avoir pu compter sur eux! Merci aussi aux pilotes qui ont appelé les secours car je n’ai pas réussi à sortir tout de suite mon téléphone, et à ceux qui m’ont apporté leur point de vue sur les conditions de vol ce jour-la.

Je vole en Epsilon 9 au milieu de fourchette de poids, avec une sellette Kolibri. Depuis que je me suis mis au cross, il y a 4-5 ans, j’ai fait une dizaine de vols de 50 km ou plus, la plupart à St-Hil. J’avais fait le tour de Chartreuse St-Hil/St-Eynard/Granier/Lumbin avec un ami le mardi 22 Mars. Ce vol animé mais agréable m’avait donné confiance. Mon envie de voler s’est aiguisée les jours suivants en voyant les beaux vols réalisés par les copains. Le lundi 28 Mars, les conditions météo s’annoncent bonnes avec des plafs élevés et peu de vent. RTT posé, mon plan est de faire St-Hilaire/St-Eynard/Granier/Belledone/Lumbin.

Arrivé tôt au déco sud de St-Hil pour prendre le temps de me préparer, je décolle à 12:30. La trace GPS montre que j’ai traversé la combe du Manival vers le Sud à 25 km/h ; Je fais demi-tour au St-Eynard et entame la remontée, direction Le Granier. Les thermiques le long de la crête sont forts mais pas teigneux ; je les exploite au mieux pour être le plus haut possible. Les voiles devant moi cheminent plus à gauche vers le Bec Charvet.

6 jours avant, j’avais traversé le Manival vers le Nord sans passer par le Charvet, en visant directement le bas de la dent de Crolles. Parti de 2200 m à l’extrémité Sud du manival, j’étais arrivé au dessus du Pas des Terreaux, l’épaulement situé juste au Sud de la dent de Crolles, à 1720 m. Je m’étais alors écarté du relief pour chercher le thermique qui m’avait remonté à 2000 m.

Ce lundi, je tente de suivre le même trajet mais en partant de plus bas: 2050 m
Ma vitesse est de 45 km/h au dessus du plateau de St Pancrasse. On a donc bien 10 km/h de Sud.
Je passe le Pas des Terreaux 30 m plus bas que durant mon vol précédant. Peu de temps apres l'épaulement, ma vitesse monte à 54 km/h), et mon taux de chute descend à moins de -2m/sec, mais je ne m’en rends pas compte car je ne regarde pas mon instrument à ce moment-là. Je vois des ailes 500 m devant moi qui ont l’air de bien monter et je me dirige vers elles. Je ne pense pas à chercher le thermique situé probablement à ma droite comme la dernière fois (les traces du jour me montrent qu’il était toujours au même endroit). Je ne me rends pas compte que je viens de m’enfermer dans un piège : 1/ entre le thermique et la falaise, et 2/ dans le venturi, 300 m après l’épaulement du Pas des Terreaux, 3/ à seulement 15-20 m du sol !

Le suite ne dure que quelques secondes donc je ne suis pas du tout sur de son déroulement.
Je me prends une énorme fermeture frontale, suivie d’une abattée qui me fait tourner vers la gauche (vers la pente). Je vois le sol se rapprocher très vite ; je ne suis pas capable de regarder autre chose. J’ai juste le réflexe de freiner à droite pour essayer de m’écarter du relief. Je touche le sol sur le dos, coté droit ; j’en déduit que mon aile a décroché, ou bien le virage était assez engagé pour me mettre dans cette position. Je penche plutôt pour la deuxième hypothèse car il y avait pas mal de résistance dans ma commande de droite.
Mon aile n’est pas restée assez de temps dans mon champ de vision pour que je puisse en tirer une information.

La zone où je suis tombé est un pierrier avec des pierres de petite taille. La mousse et l’Airbag de ma sellette ont du beaucoup limiter les dégâts. J’ai des douleurs aux cervicales, au bras droit, et au thorax coté droit. J’ai du mal à bouger, en particulier pour récupérer mon téléphone qui est dans la poche droite de ma sellette. Je me dis maintenant que j’aurais pu utiliser la commande vocale SIRI pour appeler en utilisant le haut parleur.

Pour me dégager, les secours ont été obligés de découper ma doudoune en duvet de canard. Il y avait un nuage de plumes autour de nous. C’était féérique ! Comme il m’avaient laissé la manche de la doudoune sur le bras, j’ai continué de semer des plumes jusque dans l’hôpital. Et pourtant je ne suis pas un Duck !

Pour conclure, je dirais que j’avais un excès de confiance ce jour-là. Je n’ai pas vu que je me mettais dans un piège parce que je n’observais pas assez ce qui se passait autour de moi. J’étais focalisé vers le point où je voulais aller sans me rendre compte que j’étais en train de traverser une zone potentiellement dangereuse. Tous les pilotes à qui j’ai parlé depuis m’ont dit que les conditions étaient un peu malsaines à cause du Sud plus fort que prévu. Je n’avais pas non-plus anticipé cette complication.

Volez safe ! Prenez des marges !
Tibo:
Hello. J'ai volé ce jour là en décollant plus tard.
Quend je suis arrivé à l'Emeindras de retour du St-Eynard, j'ai entendu que quelqu'un était mal en point à la Dent. Je suis heureux de lire que c'est moins grave que ce que j'imaginais.
Le vent n'était pas clairement un vent de sud mais plutôt une tendance S-SO et à l'endroit où tu as ton sketch c'était aussi selon moi sous le vent météo. Je suis passé par la face SO de la Dent puis j'ai survolé la Dent par au-dessus et je me suis aussi bien fait secoué. Au Granier face au vent à 2400m, j'avançais à 8km/h...
Le vent de sud était annoncé mais pas aussi marqué à ces altitudes.
Les prévisio's restent des prévisions et dès lors que nous déplaçons en dehors du bocal l'analyse des conditions durant le vol doit devenir le réflexe prioritaire parce que nous observons ce qui se passe en vrai et non pas en théorie.
Enfin, tu l'as écrit, un vol en parapente, ce n'est jamais 2 fois la même chose.

Bon rétablissement.
sylvain_p:
Merci pour ton récit.
Ce jour là on était au serpaton, c'était très mauvais et ça ne sautait pas du tout aux yeux au déco. En l'air du SO assez fort (20km/h voir + sur les compressions, et tous les thermiques sous le vent). Je plussois ta remarque et celle de Tibo sur les previs sous évaluées
Si j'ai bien compris la plupart des pilotes qui ont volés à Laffrey ce jour là on trouvé ça... très surprenant
Bref SO=caca boudin
Je te souhaite un prompt rétablissement...
calvat1:
Bon rétablissement,  ce jour là j’ai traverse à partir du moucherotte (grosse degueulante depuis 2450 à la moucherolle, viré comme un malpropre jusqu 1250m vers les déco de lans), remontée 2650 puis direction la Pinea,  63 en pointe,  11 face au vent,  des baffes plein la gueule,  remontée à chamechaude.  Direction Lumbin, c’en était  trop. Tu as du avoir le même genre d’aerologie, perte d’altitude subite face au vent, etc. Le vent était plus fort que prévu,  jusqu'à 25 de sud avec des thermiques de printemps,  forcément cela ne pouvait pas être sympa. Heureusement pour toi tes blessures ne sont aussi graves que dans l’article, bonne guérison.
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