En jouant sur la longueur du bord de fuite,
1- on tend celui-ci comme la corde d'un arc, ce qui fait reculer les bouts d'aile et accroît leur incidence en plume… Effet collatéral : le vrillage ainsi causé accroît l'amortissement, en particulier en lacet et peut améliorer le comportement spirale,
Gib : « -Trimer modifie seulement le centrage pilote ... tu enfonces les trims => le pilote recule, tu les relâches => le pilote avance .... C'est exactement le même effet que tirer ou pousser la speed barre d'un deltaplane .. l'aile à ce moment là adopte un autre équilibre d'incidence plus cabreur (trimé), ou plus piqueur (détrimé)… Pincer la fuite exagérément n'a que pour effet de créer un volet de frein parasite lorsque tu veux de la vitesse (en accélérant)..
Dans le cas présent, il est fort probable qu'un certain réglage eut été nécessaire pour passer les tests, et qu'après ils ont modifiés les pinces pour permettre d'accélérer plus fort !
La limitation se situe clairement au débattement d'accélo ... Trop pincé = débattement réduit, au delà un volet apparaît, c'est très pénalisant en perfos .. Mais ça permet aussi de passer les tests plus sereinement ! "
Bruce : « - Modifier la tension du bord de fuite peut n’avoir aucun effet ou bien avoir un effet énorme, selon l’aile. 1/ Dans le 1er cas, si le bord de fuite était initialement trop long, le raccourcir ne modifiera pas grand chose 2/ Si -au contraire- le bord de fuite était déjà à sa bonne longueur, alors le raccourcir affectera toute l’aile. Pour la modification constatée (raccourcissement du bord de fuite de 30 à 40 cm sur l’Enzo 2.0), je m’attendrais à ce que la vitesse max soit plus faible, la finesse détériorée et que l’aile ré-ouvre plus facilement après une fermeture. <A contrario> rallonger le bord de fuite <sur l’Enzo 2.1> produira les effets inverses <vitesse max plus élevée, meilleure finesse, l’aile récupérera plus difficilement d’une fermeture>"
En jouant sur la longueur du bord de fuite,
2- on réduit le rayon moyen du lobe, ce qui abaisse le bord de fuite d'une valeur non négligeable : en première estimation, 40 cm causeront une variation de calage équivalant à quelques... dizaines de millimètres sur les "B"
Effet collatéral : il a généralement gain d'amortissement en tangage associé à un recul du centre de poussée.
Gib : "- Les effets sur l'incidence correspondent au déplacement du CP du profil par action des volets, alors à moins de comparer beaucoup de volet et volet complètement détendu (voir négatif), l'effet est relativement minime si par ex les pinces sont un poil trop importantes ...
Après pour arriver à vriller les plumes avec les pinces, il faudrait pincer un sacré coup .. Les pinces sont proportionnelles à la longueur du profil, vers la plume il y a quasi presque rien, genre 1,5 mm par caisson..."
Bruce :"- Utiliser des pinces est une pratique courante pour ajuster la tension sur des prototypes. La réalisation de pinces en bord de fuite permet de modifier la façon dont l’aile se comporte : c'est une partie importante du travail de conception et cela affecte l’aérodynamique de la voile.
Si vous raccourcissez le bord de fuite, alors les plumes reculent, rendant celles-ci plus lentes et plus traînantes…
40 centimètres représentent la largeur de quatre caissons entiers - ce n'est pas une modification subtile...»
Gib : «- Si la fuite est détendue de 40 cm par rapport à l'original archivé, c'est pour permettre plus de débattement avant apparition d'un volet parasite à fond d'accélo, à fortiori si les B et B" on été avancés .. Le centrage du pilote n'a pas du changer, mais l'effet est que la voile peut abattre plus violemment !
Peut être ils ont reculé un peu le pilote pour compenser les effets, ça dépend de plusieurs paramètres, dont la géométrie du profil utilisé .."
Bruce :« Quand vous utilisez votre accélérateur sur une aile en 2 lignes, vous abaissez les A sans que la position des B ne soit modifiée, ce qui veut dire que la voile pivote autour des B. Du fait du lobe de l’aile, le bord de fuite s’allonge et le bord d’attaque au contraire se raccourcit. <Conséquence> Une aile n’est optimisée que pour un angle d’incidence donné.
Rallonger le bord de fuite de 40 cm <relâchement des pinces sur l’Enzo 2.1> entraînera que l’aile accélérée aura un meilleur rendement, une tension dans la voile plus élevée et la traînée de profil sera plus faible à ces hautes vitesses <que l’Enzo 2.0>
Tous les parapentes de compétition sont optimises pour les vitesses élevés. Mais tout est une question de compromis : avec un bord de fuite plus long, l’<Enzo 2.1> sera moins stable à haute vitesse et en ascendance et son comportement en cas de fermeture sera différent. "
Sur ce dernier point, dans le cas d'une aile à deux rangées de suspentes, ce déplacement du centre de poussée va provoquer un moment parasite dans le plan des nervures - Ce moment parasite est généralement révélé à l'extrados ou à l'intrados par des plis parallèles à l'envergure.
Gib : " - Oui .. dans pareil cas on repositionne toute la structure interne justement pour éviter les déformations .. "
Ce moment parasite peut avoir des effets positifs sur le comportement d'une aile, notamment pour contrôler les abattées par cabrage automatique du bord d'attaque -Je vous renvoie à l'excellent article qu'avait écrit Mickael NESLER (ICARO, entre autres...) sur le sujet.
Gib : "- La seule chose qui permet ça , c'est l'utilisation de profils auto-stables ...profil en principe pas utilisé sur les voiles de compet ..
Il y a Gin qui avait fait des essais avec une chiffraison quelque peu exotique à la limite du cmo 0 en jouant sur une importante épaisseur de corde moyenne, ce qui rend le cmo négatif (franchement instable
), et pour compenser il l'avait auto-stabilisé afin de ramener le cmo vers 0 ou très légèrement positif .. Bref.. je ne sais pas où il en est actuellement !
Il me semble avoir lu l'article de Nesler .. Il faudrait que je le relise, mais si je me souviens bien, il partait dans des considérations qui me semblaient un brin farfelues .. Je ne prétend pas tout connaitre, mais juste pour rappel les premiers engins en 2 rangées ont été dessinés sur mon pc avec mes petites mains, j'ai volé avec le premier proto bien 2 ou 3 ans avant les autres marques, donc je sais de quoi je parle ! "
Mais dans le cas d'une voile de compétition, ces plis sont préjudiciables à la très haute performance recherchée et doivent être effacés ou atténués.
Pour cela, les logiciels de conception intègrent un module de "lissage automatique" qui va recalculer en quelques minutes la position optimale des points d'ancrage des suspentes de façon à "gommer" ses moments (et donc ces plis) parasites.
Gib : "- Ouais ... euh crois pas trop à ça, la position optimale des points d'ancrage est plutôt le fruit d'une longue expérience, de multiples prototypes réalisés ..etc .. Et puis les logiciels tout fait type "glider plan" ou autre, quand une innovation importante voit le jour, c'est la panique pour les concepteurs qui ne savent plus utiliser que ça
"
Bruce :« - Un des moyens les plus simples de changer les performances d’une aile est de modifier son incidence. Certains programmes de conception <CAO> réalisent cela en quelques clicks tout en permettant d’obtenir une structure d’aile parfaitement tendue. »
<Source (Bruce) :
http://www.xcmag.com/2014/01/paragliding-world-cup-superfinal-2013-bruce-goldsmith-and-adrian-thomas/ >
Paul-le-béotien commente :
Des trois avis exprimés ci-dessus sur l’influence –ou pas- des écarts constatés entre l’Enzo 2.0 et l’Enzo 2.1, il semble bien dominer le sentiment que les écarts géométriques constatés entre les bords de fuite des deux ailes influenceront sensiblement leur comportement en vol
De la façon dont sont réalisées ces « pinces » : sur l’Enzo 2.0 stockée chez AT, on constate que celles-ci se limitent au galon du bord de fuite -l’effet serait donc assimilable à celui des tenseurs de frein positionnés en bord de fuite actionnés par les commandes de frein (sous lesquels ces pinces sont cachées)-