Bonsoir
Je ne parlerai que de la ION3 L que je charge à 112 kg ptv
1er vol à Oô dans son réputé thermodynamique, cette fois un peu haché par le vent météo (W), juste ce qu’il faut pour sentir comment l’aile travaille sur des incidences variées
Le gonflage de l'ION3 L chargée à 112 kg est digne d'une voile école : l'aile s’élève facilement avant de ralentir pour s'arrêter à l'aplomb du pilote qui doit s'impliquer pour l'accélérer (à moins d'aimer décoller à basse vitesse, ce qu'elle tolère très bien... mais je ne suis pas fan, surtout quand des bulles sèches rodent devant la pente)
L'ION 3 est très amortie en tangage et des actions amples sur les freins parviennent difficilement à ébranler sa stabilité, comme on le constate à l'atterrissage où l'aile ralentie bien mais sans ressourcer
Le freinage montre un "effet cuillère" accusée en plume et un volet relativement peu étendu vers le centre : la prédominance est donnée au roulis mais celui-ci est contrarié par des stabilo très marqués (alors que 80% de la voûte sont plutôt aplatis)
La voile réagit ainsi très sainement à des actions appuyées aux commandes, repoussant loin la vrille à plat involontaire, et facilite les recentrages dans le thermique, d'autant plus si celui-ci est fort
Effet collatéral : l'aile "tombe" un peu sur son stabilo lorsque l'on cherche à l’inscrire en virage thermique faible et/ou incliné, dégradant son énergie jusqu'à ce que l'effet girouette ne réaligne l'aile sur sa trajectoire
Le remède est de remonter la main intérieure dès que le roulis est établi à l'angle souhaité, ce qui est obtenu avec peu de frein et un effort faible : l'aile reprend sa vitesse en ressourçant et se rétablissant sur un virage moins incliné
A moins de vouloir "monter sur les freins" (effort très important) pour jouer la montgolfière dans une ascendance puissante (ce que je déconseille encore une fois près du sol - même si la ION3 le tolère bien)
Il est très rentable de procéder ainsi, par amples ondulations induites en pompant doucement la commande intérieure au rythme les accélérations ressenties dans l'ascendance, sur peu de débattement
Ainsi pilotée chargée en milieu de fourchette de poids constructeur, la voile réclame très peu d'effort, d'autant plus qu'elle se débrouille très bien sans devoir être retenue à la commande extérieure (dont l'action ralentit immédiatement l'aile, dégradant de trop son énergie), et ne nécessite pas d'être accompagnée à la sellette (j'ai même pendant plusieurs minutes piloté avec le poids à contre sans trouver grande différence de comportement dans l'équilibre de la voile ou la réponse à la commande intérieure - ce qui est intéressant lorsque l'on est en attente dans un dynamique faible) : là aussi, l'effet directeur des stabilo est bien présent
Du point de vue ressenti, la commande communique peu et il faut se concentrer sur les variations de portance de l'aile qui -bien qu'elle est très monobloc- communique bien sur ses appuis, non seulement en roulis mais aussi, et c'est très appréciable, par ses accélérations horizontales comme à proximité d'une ascendance : l'aspiration est très perceptible
Il est intéressant de constater que l'on retrouve exactement ces mêmes comportements en 360 :
- engagés progressivement à partir d'une course d'une vingtaine de centimètre sur les deux commandes, les 360 s'établissent et se contrôlent sagement avec des accélérations progressives et facilement pilotables aux alentours de 3G
- engagés de façon plus volontaire et en remontant les mains dans le retour du lacet, on sent cette fois nettement l'aile piquer et s'inscrire sur un virage plus rapide avec des accélérations passant au delà des 3 G en moins d'une seconde et d'un demi-tour - ce qui est prévisible vu les performances des profils choisis par Nova)
En conclusion de cette prise en main, je trouve cette aile remarquable par son homogénéité à tous les régimes de vol et son accessibilité
En milieu de fourchette, on se concentrera sur les accélérations communiquées par la voile pour la piloter avec un minimum d'action aux commandes, en favorisant la "glisse" et le rendement, que ce soit en transition accélérée à moitié (faible dégradation du plané), qu'en ascendance où l'on sera très efficace en ratissant plus d'espace en moyennant pour ne retenir que les meilleures bulles !
Pour toutes ces qualités, y compris ses basses vitesses sur lesquelles on pourra toujours compter pour se vacher en campagne ou dans des endroits hostiles, je pense que cette voile n'est surement pas loin de la voile idéale pour des pilotes bien formés qui effectuent leurs premières saisons de cross en aérologie de montagne, ce qui implique de pouvoir à volonté adapter son rythme de vol tout au long de la journée sans se poser de questions et sans aucune surprise ou facette de comportement cachée (je n'ai personnellement rien ressenti de particulier qui puisse être associé au "shark nose"... hormis les perfos accélérées qui m'ont vraiment étonné et incité à me servir fréquemment du premier barreau, y compris en thermique)
Pour tous les autres, ils devraient au moins l'essayer, au moins pour comprendre où sont les véritables apports de la compétition parapente sur la voile de Monsieur et Madame "tout le monde"
Pour ma part, je n’ai pas mis longtemps à m’adapter à son virage « école » qui peut -je le comprend- dérouter les adaptes des bolides "vif-argent" dont il ne faut jamais lâcher la bride
Il aura suffit mois de deux heures de bonnes sensations, partagées avec quelques bonnes voiles bien pilotées (Atis 3, Epsilon 7, Ucross, Eris 4), pour forger ma conviction : après 26 saisons de vol passées sous des voiles compé, allongées, (beaucoup) plus exigeantes, je ne regrette pas un instant d’être descendu en catégorie « access-middle B (je ne sais pas où ranger la ION 3 vu ses perfos !?) »
Bonheur supplémentaire : c’est un vrai « plus » en tranquillité d’esprit pour les proches et aimées
qui vous le rendront bien en vous voyant partir voler avec le sourire !