Manifestement, la canicule vous emballe.
Ouaip, mais pour avoir chaud en vol, il faut éviter d'empiler les culottes.
Bon, j'arrête là parce que sinon cela va flouder un max.
Retour aux choses sérieuses.
A mon avis, pas plus humble que ça - c'est une vieille alpiniste qui rouscaille ici - partir au Mont Blanc en tongs ou baskets dans le cocon est une variante assez débile de la roulette russe, parce que s'il faut redescendre à pied on n'a aucune chance de s'en tirer vivant.
Donc :
1 - Grolles de haute montagne obligatoires aux pieds (moi j'ai mes bonnes vieilles hivernales, aucun risque de me geler les pinglots).
2 - Crampons obligatoires dans la sellette, parce que redescendre en ramasse avec le matos sur le dos n'aurait aucune chance de bien finir.
3 - Piolet obligatoire dans la sellette. Là le bât blesse parce que nos sellettes n'ont jamais été prévues pour transporter un piochon, même court, mais crapahuter sur une arête quand elle est en glace avec des bâtons de rando pliants est aussi une excellente façon de se faire des vieilles peurs, au moins jusqu'à Vallot.
Une préparation de la sellette s'impose, avec des bouts de suspente. Moi je mets le piolet sur le côté du sac, derrière l'épaule gauche.
4 - Bonne expérience alpine fortement conseillée. Même si le mathieu lambda peut arriver au sommet (et en redescendre) avec un guidos, ce n'est pas forcément le cas du parapentiste moyen pour qui les connaissances en glace se limitent aux cassates et autres tranches napolitaines.
5 - Le parapentiste lambda est mal barré s'il tente de descendre en solo par le Maudit (pas mal la rimaye, héhéhé) s'il n'a pas une bonne corde d'au moins 60m et s'il ne sait pas descendre en rappel.
6 - La descente du Goûter est complètement à vaches, c'est un sentier et cela fait dans les mains, mais s'il y a des sarpés au-dessus c'est très dangereux parce que qui dit sarpé dit cailloux qui descendent... on arrive alors au couloir, un des endroits les plus dangereux des Alpes. Là il y a toujours une trace et on a l'impression que c'est aussi à vaches, mais il faut artiller parce qu'on est menacé en permanence par l'artillerie de la montagne, il en tombe des petits et parfois des gros comme des pianos, et si on dérape il n'y a aucune chance de se rattraper, c'est le plongeon mortel sur le glacier de Bionnassay. Et il ne faut pas imaginer que les rives du couloir soient plus abritées, il y passe aussi des cailloux qui ont ricoché.
Dans ma jeunesse, le couloir était toujours en neige et on pouvait se cramponner au piolet, mais maintenant il est sec et on n'a aucune prise.
Chagrin et culotte bien grasse.
7 - On oublie parfois aussi que le Mont Blanc est une énorme montagne très haute, avec des préalpes basses qui ne bloquent pas les perturbations, bref c'est le pot de chambre des Alpes du nord... moi j'y suis toujours allée avec un sac de bivouac, la carte au 1/25000 angles de marche tracés, boussole et altimètre. Maintenant il y a le GPS mais si on n'a pas entré les cotes des points de passage obligatoires cela ne sert à rien... et quand il fait très froid les batteries faiblissent, alors que la carte, la boussole et l'altimètre sont insensibles à la température.
Bref il faut arrêter de déconner avec la Haute Montagne. C'est un domaine qui exige des compétences et une bonne expérience, et je ne raconterai pas ici comment cela se passe dès que la météo se dégrade un tant soit peu. En général c'est infernal, mais sur le Mont Blanc, même en plein été, ce sont carrément des conditions et des températures himalayennes, avec des vents énormes, la foudre peut tomber n'importe où n'importe quand, et même d'excellents alpinistes bien équipés y ont laissé leur peau.
La liste est très longue.
J'en vois qui rigolent au fond de la classe, en tirant sur leurs bretelles et en se vissant l'index sur la tempe : "Mme POB roule sur la jante avec du mou dans les rayons, cette vieille pioche antédiluvienne radote, nous nous sommes jeunes, modernes et en pleine forme", etc.
Je m'en fous, je n'irai pas à leurs obsèques.
Vent fort et canicule annoncés, j'en profiterai pour faire ma lessive. Il va y avoir des kites sur le lac d'Annecy et du monde au bar de Bruno à Planfait.
Salut et fraternité*