Mai- Juin 1968 n'a pas été une Révolution de pacotille, comme dit l'autre, cela n'a pas changé grand chose dans la ringardise archaîque du système "gaulliste" qui a continué comme devant à opprimer les corps et les esprits.
Ce ne fut un succès que pour les embastillés de l'OAS qui furent amnistiés par le Vieux pour avoir le soutien de l'armée au cas où il aurait pris l'option d'un coup de force militaire contre la Société en révolte.
Un démocrate, De Gaulle ? laissez-moi pisser de rire.
C'était un dictateur anachronique qui se prenait peu ou prou pour Napoléon, et que le dessinateur Moisan avait caricaturé dans le Canard, en pleine page 8, et Napoléon III sous le titre "Badingaulle".
La Constitution de l'An VIII, qui instituait le Consulat, était beaucoup plus républicaine que celle de 1958 qui a organisé une monarchie élective bananière et mafieuse.
Mai- Juin 1968 a été un grand pavé jeté dans la mare putride et stagnante d'une France qui s'ennuyait, comme l'écrivit de manière prémonitoire Pierre Viansson-Ponté dans Le Monde juste avant l'explosion.
Le mouvement partit de la fac de Nanterre parce que la sexualité des jeunes adultes était réprimée comme aux temps honnis de l'Inquisition.
Il n'y avait rien de politique au début mais la répression imbécile, menée de façon imbécile par un gouvernement d'imbéciles, dirigé par un gros imbécile, mit le feu à la sainte-barbe.
Un autre imbécile notoire nommé Marchais, porte-coton de Brejnev, écrivit dans son torchon qui portait le nom du journal de Jaurès : "des gauchistes et des trotskistes".
L'expression fit florès mais elle n'avait rien de pertinent, évidemment.
De ma position (je faisais le secrétariat de la commission d'enquête sur les crimes en lien avec la barbarie policière, parce que j'écriais un français correct avec une orthographe parfaite), je fus amenée à côtoyer toutes sortes de gens qui n'étaient pas tous de Gauche dure, comme par exemple le Pr Jacques Monod (prix Nobel), le Pr François Chatelet, le Pr Claude Chevalley et bien d'autres, les avocats Gisèle Halimi, Lucienne Hamon (fille du ministre et épouse du cinéaste Robert Enrico), Anne-Marie Parodi et aussi Mireille Glaymann, de tous les combats contre l'oppression.
J'avais à peine 20ans et côtoyer des gens de ce calibre fut une expérience marquante de ma vie.
J'avais pris part à l'insurrection le 6 mai et à l'époque j'étais de Gauche et surtout viscéralement anti-de Gaulle, sans connotation partisane et je n'ai jamais adhéré à un parti ni à un syndicat.
Mon père se droitisait de plus en plus et mon père spirituel s'appelait Georges Brassens.
Les événements me radicalisèrent peu à peu mais je n'ai jamais pu lire la "littérature" de Lénine, Trotski ou Mao, ces gens-là m'emmerdaient immédiatement, et même si j'avais une grande affection pour la mémoire du Che (je l'ai toujours) je n'ai jamais pu lire ses écrits.
J'étais viscéralement anti-communiste et pour moi le PCF et ses sous-marins ont toujours fait partie de l'extrême droite la plus conservatrice et la plus nuisible parce qu'ils pervertissaient leurs sympathisans de gauche en tapinant sur le trottoir de la droite affairiste et anti-républicaine issue de la tendance versaillaise de 1871.
Un demi-siècle plus tard, l'Ancienne ne s'est pas droitisée et conchie toujours la droite sous tous ses avatars, les conservatismes, les religions, les emmerdeurs et toute l'immensité de la connerie humaine.
En ne nommant personne et en n'envoyant pas chier vertement les gugusses qui imaginent m'injurier en se roulant dans leur pipi.
Ou pire.
1968 fut une grande fête libertaire et joyeuse :
"Nous n'avons rien laissé debout
"Flanquant leurs credos leurs tabous
"Et leur dieu cul par-dessus tête". (Brassens dans "le boulevard du temps qui passe")
C'est dans les moeurs et les rapports humains que 1968 opéra une révolution : la minijupe, la loi Veil, la pilule, la sexualité libérée des carcans catholiques, la littérature, la création artistique, la pensée politique, l'éveil (trop lent) des consciences citoyennes, la sortie du placard des minorités LGBT, j'en oublie mais la liste est longue.
Giscard enterra vite la ringardise archaïque de ses deux prédécesseurs mais il fut très vite limité par sa conscience de classe et s'enferra lui aussi dans la ringardise, la corruption et l'immobilisme, ouvrant un boulevard à Mitterrand... qui suivit en vieillissant la même pente fatale mais entre temps il avait aboli la peine de mort, dépénalisé les comportements LGBT, libéré la parole dans les entreprises avec les lois Auroux, accéléré la construction européenne etc mais je lui en voudrai toujours d'avoir conservé l'ignoble constitution de 1958.
Mitterrand était un bourgeois de droite, un opportuniste éclairé mais certainement pas de gauche et je n'ai jamais voté pour lui (ni contre lui, n'étant pas inscrite sur la liste électorale).
"
Ceux qui font les révolutions sont les cocus de l'Histoire" (Alain Geismar en 1970 lors de son "procès" inique devant la "cour de sûreté de l'Etat", juridiction d'exception fondée en 1962 pour "juger" les gens de l'OAS suite à l'attentat-bidon du Petit-Clamart).
Le "Gros" avait parfaitement raison et 50ans après son aphorisme n'a pas pris une ride mais il est devenu historique parce que la mouvance révolutionnaire et la fibre insurrectionnelle ont disparu dans nos sociétés occidentales.
Il n'y a plus que moi, et quelques autres qui ont encore dans leurs gènes l'esprit et l'éthique de la Commune.
Nos successeurs sont les lanceurs d'alerte.
Ils commencent à faire trembler les gros culs cousus d'or sale et autres esprits malsains qui font des affaires malsaines et pas propres pour en faire craquer leurs poches.
Salut et fraternité*