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Forum de parapente

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Auteur Fil de discussion: La Valse des Vautours - Grand Pic de la Lauzière  (Lu 4486 fois)
0 Membres et 1 Invité sur ce fil de discussion.
ororange
Invité
« le: 08 Novembre 2021 - 23:18:43 »

Dissertation temporelle

Les projets, ce n’est pas c’qui manque. Comme pour beaucoup, ce qui fait cruellement défaut c’est le temps pour les réaliser ! Encore et toujours lui… Autant le temps, notion temporelle, que le temps, celui de la météo, pour qu’il fasse grand beau et qu’autant en emporte le vent…

Mes projets, ce n’est pas une to-do list avec des cases à cocher. C’est plutôt des envies qui évoluent au gré du temps, des rencontres, des opportunités et les projets d’hier sont parfois remplacés par ceux de demain sans n’avoir jamais été réalisés. Mais qu’impote ! Car au finish, le principal est de garder la tête pleine de rêves et quelques disponibilités bien placées !

Toutefois, quel que soit le « projet », il y a quelques incontournables non négociables auquel je ne veux déroger. Celui par exemple de partager l’aventure avec de bons amis, mais également celui de passer par un bel itinéraire. Car le sommet n’est pas le but en soit, ni le vol d’ailleurs (si si je vous assure !). En effet, la rando représente souvent, pour moi, plus de 90% du temps passé sur une sortie, 90% de la longueur mes récits (qui s’allongent chaque fois un peu plus, je vous l’accorde), et peut-être bien 90% du plaisir ! De fait, la façon de rejoindre un sommet rend, à mon sens, l’aventure encore plus belle. Alors certes, je me retrouve souvent à aller tout là-haut par la voie normale, parce que je n’ai pas toujours l’envie de me compliquer la tâche, parce que je n’ai pas le niveau pour faire beaucoup plus, et surtout parce que, même avec ce faible niveau, je trouve les voies normales très esthétiques ! Et ça me convient bien ! Mais parfois, il faut savoir ne pas se contenter de la VN et lui faire une entorse lorsqu’une occasion se présente, ou que je l’ai insidieusement provoquée…

Rêveries historiques et présentes

Quand je grimpais encore un tant soit peu, j’avais repéré en 2018 une voie qui avait l’air sympa au doux nom de Rave Party au Grand Pic de la Lauzière. Cette voie d’escalade correspondait à tout ce que j’aime dans l’escalade : pas trop dure, avec une longue marche d’approche qui donne un caractère sauvage à l’expédition, et la descente se fait par un glacier en face nord ce qui permet de faire une grande boucle et non pas un aller-retour. Et je m’étais déjà dit à l’époque que ça serait cool de faire cette voie et de redescendre en volant. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, ça fait deux ans que je n’ai pas tâté du caillou et encore plus longtemps pour les prises en résine… Et une nouvelle voie a été ouverte le 1er octobre 2021 menant au Grand Pic de la Lauzière intitulée « La Valse des Vautours ».

J’ai eu la langue un peu trop pendue et en ai parlé à l’autre zouave de Bruno avec qui je fais cordée de temps à autre. Je lui ai envoyé le lien, mais juste pour lui passer l’info, hein, pas pour y aller ! ou pour qu’il y aille avec ses copains grimpeurs. « Quoi ? une nouvelle voie ouverte en Maurienne ? » m’a-t-il répondu illico (Bon les tarins dirons que c’est plutôt du côté de chez eux, mais ils ont tendance à tout vouloir s’approprier alors, nous, nous dirons que c’est en Maurienne Sourire). Du coup, il se met en tête d’y aller… et v’là-t-y pas qu’il est persuadé que je vais le suivre !!! Le pire c’est que j’ai presque dit BANCO !!!

Non. En fait, il faut l’avouer, j’y ai mis beaucoup de mauvaise volonté (avec le sourire quand même, peut-être un peu trop pour être prise au sérieux quand j’avais pourtant dit que non, j’irai pô !) et j’ai longtemps essayé de le dissuader d’y aller (« t’es sûr parce que là je vais être ridicule !!!! » « Je ne suis même pas entrainée, je grimpe plus ! » « Tu veux pas y aller l’année prochaine plutôt ? » « Regarde, on pourrait faire cette petite arête qui va vers cet autre sommet en II/III à la place, c’est plus facile ! ça a l’air joli aussi »). Mais que voulez-vous, j’avais moi-même planté la graine de ce projet dans son cerveau, il ne l’a que trop arrosée et elle a germé plus vite que prévu. Et je lui avais dit « c’est ton tour de choisir la sortie pour une fois ». Ma faute donc si nous nous retrouvons à faire les mariolles dans cette sortie qu’on ne peut plus vraiment qualifier de vol « rando » … Enfin pour lui c’était rando ! Moi j’y ai mis aussi un peu les mains, les dents, les genoux et tout ce que je pouvais pour tenter de le suivre …

La Valse des Vautours

Au premier temps de la valse, nous sommes seuls, nous sourions déjà à la perspective de cette belle journée en montagne. Il est 8h15 ou 20 quand nous débarquons sous le col de la Madeleine, côté tarentaise. J’ai bien tenté de lui proposer plein d’autres sommets alternatifs plus faciles en route (« oh regarde l’Etendard comme il est beau ! tu veux pas plutôt on fait ça ? ») Grand sourire… ça n’a pas marché… il n’a pas dévié d’un pouce, il la veut sa valse ! Un petit café du thermos avant de se lancer dans cette danse endiablée, et c’est parti ! Monsieur, dans toute sa galanterie me fait porter la corde… Au prétexte qu’il a déjà la quincaillerie dans son sac… Décidément, tout se perd…



Nous attaquons gaiement les 800 et quelques mètres de dénivelé qui nous séparent du pied de la voie, à un rythme correct mais sans trop forcer pour en garder sous le pied pour la suite. Nous sommes rapidement au soleil et suons par cette chaude journée d’automne. Trop habillés, les couches de vêtements tombent une à une. Nous distinguons au loin deux silhouettes que nous rattrapons quelques temps plus tard. Quelle surprise ! c’est Max, avec qui j’avais fait la Pointe de l’Observatoire par la voie Trop Belle pour Toi en 2018, et Jean-Nicolas que Bruno connait de copains communs, ou un truc comme ça. Retrouvailles…

Nous discutons un peu et apprenons qu’ils voulaient aller dans la même voie (nous nous en doutions un peu) mais sont sur le point de renoncer : Max ne se sent pas en forme et ne veut pas se lancer dans un tel projet dans cet état. Ni une ni deux, nous embarquons Jean-Ni, qui n’en revient pas de la chance qu’il a de maintenir son projet qui venait juste de tomber à l’eau ! Il déchantera bien vite en se rendant compte que les deux gugusses avec qui il fait maintenant équipe sont aussi insupportables l’un que l’autre ! Par contre, nous l’avons prévenu, nous, on redescend par la voie des airs alors il sera seul pour le retour. Mais il s’en fiche pas mal alors le binôme devient trinôme et nous ne serons pas trop de trois dans cette affaire ! Nous revoyons le matos et échangeons notre corde simple (que nous confions à Max qui la reposera dans la voiture à la descente) pour la version double de Jean-Ni. Nous portons chacun un brin et Bruno, toujours rien ! L’escroc !



C’est reparti en direction du pilier où démarre la voie, sous une chaleur étouffante, j’explose déjà ! Heureusement, le passage sur le névé me rafraichit un peu les idées.



Une nouvelle voie dans le secteur ? Trop bien ! Tous les vautours du coin semblent s’être donnés rendez-vous pour profiter des dernières belles journées d’automne et du caillou tout neuf. Au départ de la voie, il y a donc déjà une cordée de trois qui est à pied d’œuvre.

Au deuxième temps de la valse, nous sommes deux à compter sur toi, Bruno, pour nous mettre la corde et nous hisser tout là-haut. Nous nous équipons et en avant la musique ! Bruno donne le ton et le tempo, pour lui, c’est de la balade dans cette escalade de niveau modeste. Jean-Nico assure d’assurer pendant que je lézarde au soleil en prenant mollement quelques photos pas toujours bien cadrées. Je suis décidément un escroc à laisser tout le sale boulot à mes compagnons, mais qu’est-ce que c’est bon !



Ça démarre en douceur dans un petit 5b. Quand je regarde le mur raide face à moi, je pâlis un peu. Mais j’essaye de ne pas perdre la face devant mes compagnons… fierté quand tu me tiens… ! Mais lâche-moi de temps en temps bordel… ! Je me demande encore une fois comment Bruno a réussi à me convaincre de venir ici, et ce que je fous là. J’ai mal aux pieds dans mes chaussons, les doigts me piquent sur ce rocher abrasif, et je suis raide comme un piquet, ça promet d’être long…

Mais le caillou est superbe et chaud, la vue est démente et Jean-Nico est un partenaire de choc. Il m’encourage, m’aide, rit poliment à mes conneries. Impossible d’être grognon, alors j’ouvre les vannes du bonheur à fond. J’engage les premiers pas d’escalade. Ça y est, il n’y a plus de retour possible, il faudra sortir par le haut.

Et finalement, « c’est pas si pire » comme on dit… La pression retombe progressivement et le moral repart à la hausse. Après quelques pas trébuchants, certains automatismes reviennent. Les prises sont évidentes, ça déroule bien, ce n’est pas aussi dur que ce que j’avais imaginé. Et si ma grâce et ma souplesse légendaires (hum hum) ne sont pas au rendez-vous, la forme physique permet de les compenser en activant le mode bourrin parfois. Je me mets à apprécier pleinement cette aventure et cette belle journée en montagne.



Deuxième longueur, les difficultés montent d’un cran, 5c. Bruno annonce « Y a une belle Dülfer à faire ». Je prends peur car j’ai horreur de ça ! Mais la Dülfer n’est en réalité pas obligatoire, y a des petits pieds dalleux juste en dessous qui permettent de passer en mode normal sans faire d’acrobaties. L’autre zouave a juste voulu se faire plaisir et crâner… Bon, faut dire que je crois que c’est quand même le passage où j’ai posé le pied sur le point sans vergogne, à moins que ça ne soit la fois où j’ai tiré au clou… où la fois où j’ai chu… ou les trois… ! Bref, c’est passé et en fait, j’ai vibré dans cette belle longueur !



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ororange
Invité
« Répondre #1 le: 08 Novembre 2021 - 23:26:28 »

Et même dans la suivante ! Annoncée 6a mais nous, les expert d’la moul’ (Jean-Ni et moi), avons trouvé que c’était un peu trop facile pour du 6a…. Nous décidons que c’est plutôt 5c et en avant pour rejoindre Bruno au troisième relais ! Jean-Nico fait le ménage en faisant tomber les grosses écailles bancales et des blocs branlants qui chutent dans les couloirs, nous laissant avec les échos assourdissants, tels des détonations, du fracas des pierres contre la falaise, des volutes de fumées et l’odeur soufrée du caillou explosé.

Nous nous élevons progressivement vers le sommet, longueur après longueur. J’ai la fâcheuse tendance à vouloir poser le pied à l’endroit où JN a mis ses doigts et à m’en rendre compte in extremis avant que le bruit des phalanges écrasées ne vienne s’ajouter à l’horrible concert de cailloux en chute libre. Tout ceci engendre beaucoup de politesse entre nous :
-   Excuse-moi, je voudrais mettre mon pied où tu as ta main,
-   Ah pardon, je suis désolé ! Voilà tu peux aller !
-   Merci beaucoup, c’est très gentil !
-   Non non, ne t’inquiète pas, aucun souci, je t’en prie.

Et puis il y a des moments où nous sommes moins polis et où nous racontons plein d’âneries sur Bruno qui de toutes façons est devant et ne nous entend pas. Nous lui faisons alors notre plus beau sourire quand nous le rejoignons au relais suivant. Il suspecte quelque chose mais motus et bouche cousue, ce que nous avons dit sur lui restera plus bas dans la voie !

Nous ne sommes pas aussi rapides que ce que nous avions prévu mais pourquoi courir quand il fait si beau et que le paysage et le rocher ne demandent qu’à être admirés ? Nous enchainons les longueurs suivantes, une en 4 puis une en 5a. Les relais, pas toujours ultra confort, favorisent la proximité. Nous tricotons un peu pour démêler les sacs de nouilles des cordes qui ne font que s’emmêler à chaque longueur. Passer en dessous de la rose, au-dessus de la bleue, un petit tour de valse et c’est reparti !



Au troisième temps de la valse, nous valsons enfin tous les trois, y a Bruno, y a Jean-Ni et y a moi !!! Nous grimpons maintenant corde tendue dans les trois dernières longueurs de cette voie qui en compte huit. Pour gagner un peu de temps et parce que c’est plus facile. Nous avons gardé les chaussons et même si j’ai affreusement mal aux pieds, je suis bien contente de les avoir plutôt que d’être en grosses pour grimper.

La fatigue aidant, cette dernière partie cotée 3 / 4 me parait aussi dure que du 9a+. En fait, j’en sais rien si c’est dur le 9a+, j’en ai jamais fait, alors autant c’est p’t’être facile… ! Je commence à atteindre mes limites mentales. Ce n’est pas dur mais je doute de ma capacité à rester concentrée, de la qualité des prises, de mes muscles qui n’ont plus l’habitude de cette gymnastique et qui commencent à tirailler. Mais Jean-Nico veille encore et toujours, avec ses mots apaisants et rassurants. Il se place derrière moi pour me parer. Je trouve encore la force de dire quelques bêtises, de rigoler aux siennes et même de m’émerveiller et d’apprécier des pas d’escalade qui d’ordinaire me paraîtraient bien insignifiants (c’est que du 4, hein…). Mais tout me parait beau aujourd’hui, pas une ombre au tableau hormis celle dans laquelle nous sommes maintenant puisque l’heure tourne et le soleil également (oué je sais c’est surtout la terre qui tourne mais bon…). Heureusement, nous rejoignons vite une zone plus ensoleillée !



Nous arrivons au point d’orgue de cette ascension, ou presque. Arrivés au sommet de la voie, nous ne sommes néanmoins pas au sommet du Grand Pic de la Lauzière. Pour l’atteindre, il y a encore une heure de grimpouillette sur une arête. La cordée de devant est d’ailleurs dedans. Si j’ai la force physique d’y aller, mentalement je suis épuisée et j’ai envie de conserver le peu de pêche qu’il me reste pour apprécier le retour en vol en toute sécurité. Mes deux compagnons sont déjà allés au sommet. Moi pas, et donc la décision d’y aller m’échoit. Ils me regardent tous les deux impassibles. Dur de savoir ce qu’ils souhaitent faire… Je ne veux rien leur imposer, ils ont été tellement gentils avec moi… Je leur indique que s’ils veulent monter, je les suivrai jusqu’au bout du monde Grand Pic de la Lauzière. Toutefois, ils sont bien lucides sur l’horaire et le timing pour la suite (il est déjà 15h, le temps de monter, redescendre etc, il sera 17h bien tapé au moment de décoller et si ça fait pas, il nous faudra encore une bonne heure et demi pour rejoindre la voiture) et voient bien que je n’irai au sommet que pour leur faire plaisir. Nous sommes tous trois déjà très heureux d’être ici, et avons envie de garder un bon souvenir de cette expédition. D’un commun accord, nous décidons de nous en tenir là pour aujourd’hui à mon grand soulagement. Et je sens bien que Bruno, malgré ma faible prestation du jour, arrivera à me trainer dans Rave Party une prochaine fois, donc nous passerons par ce sommet à une autre occasion !



Nous mangeons et buvons un peu. Mais je n’ai pas pris grand-chose avec moi, pensant que nous serions beaucoup plus rapides et j’ai encore soif quand nous reprenons notre route. Cette courte halte a néanmoins permis de recharger les batteries. Nous redescendons alors sur le glacier où JN taille des marches avec ses pieds et son piolet quand le neige, ou la glace, est trop dure. Il aurait déroulé le tapis rouge que ça aurait été pareil ! Décidément, je suis bien entourée. Et ça ne s’arrête pas là !

Préparer les voiles sur la neige s’avère être un joyeux casse-tête. Aucune zone plate, la voile ne tient pas en place. JN m’aide à faire une plateforme sur la neige et à y maintenir la voile en y mettant des morceaux de neige dure dessus. Bruno et lui tiennent ma voile le temps que je démêle les suspentes et que je m’installe. Bruno a insisté pour décoller avec les crampons. Je n’en voyais franchement pas l’utilité mais je n’avais plus la foi de discuter. Si chez lui ça doit ressembler au Vieux Camp’ et qu’il n’a que l’embarras du choix des crampons, je n’en ai qu’une paire, c’est mes crampons 12 pointes. Galère pour enfiler la sellette avec ces lames acérées au bout de mes pieds. Les deux zouaves me regardent avec amusement m’entêter avec ma technique à deux balles pour tenter de m’équiper, mais j’y arrive enfin. Le sac de ma sellette est pour une fois bien léger : plus rien à manger ou à boire, les cordes sont celles de JN qui se charge de les redescendre et je n’ai pas pris de piolet.

Le vent est clairement descendant mais quelques accalmies laissent des créneaux libres pour décoller. Bruno part sur un coup de tête et décolle sans soucis. Je fais mine de le suivre mais incroyable, la SKIN ne lève pas ! Ben tiens alors, ça c’est original ! c’est bien la première fois qu’elle me fait le coup ! Je pense que j’ai dû mettre beaucoup trop de neige dedans et je suis partie avec un très léger vent de cul. Elle me revient dans les jambes, zut. Heureusement, JN est toujours là. Il me demande ce que je veux qu’il fasse pour m’aider. Alors je lui dis de récupérer le bord d’attaque au milieu, de le ramener derrière moi et de laisser le reste comme un vieux chiffon. Elle est en boule par terre sur la neige. Je vérifie que les oreilles soient bien libres de toutes suspentes. Je mets les watts pour décoller et la SKIN s’élève tranquillement, c’était bien la peine de se faire ch*** à l’étaler proprement le premier coup…

Et c’est parti pour le vol ! Le survol du « glacier » dure moins d’une demi-seconde et je bifurque à droite pour contourner le massif, abandonnant définitivement Jean-Nico qui redescend à pied comme prévu. Je ne vois pas Bruno, j’ai donc été si longue que ça à repartir ? Je longe le relief qui est dans l’ombre. Bruno, lui, est passé entre les mamelles mais je suis arrivée trop basse pour faire de même et je me farcis le contournement intégralement du massif. Qu’importe, l’ambiance minérale et hivernale est tout simplement magnifique ! Je m’appuie sur le relief et prend un peu de dynamique au passage qui me permet de me maintenir à niveau.



Tout au fond, les sommets englacés de la Vanoise forment de petites taches blanches. J’ai tellement peu l’habitude de les voir sous cet angle que je peine à les reconnaître… Doit bien y avoir le Pourri et la Grande Casse dans le lot… Serait bien temps que je sorte un peu de mon trou, moi... J’arrive enfin au soleil et aperçois un rapace un peu plus loin. Peut-être le même qui a inspiré les ouvreurs pour le nom de la voie ? Le col de la Madeleine est en vue, avec sa route qui serpente. Je repère Bruno qui est déjà presque en phase d’atterrissage, tout petit point blanc et vert un peu avant le col.



Je prends quelques bullettes au passage mais je doute de réussir à aller jusqu’au même point que lui. J’ai l’impression que le col est si loin et que je suis si bas ! Je regarde sous moi pour me faire une idée des options de repli possible. Mais je continue d’avancer en direction du col avec l’espoir de l’atteindre. Je me groupe au maximum pour diminuer la trainée. Un petit vent de face me ralentit. Finalement j’arrive presque jusqu’à Bruno mais pas tout à fait, manquait quelques mètres de hauteur. Je repère un champ presque plat et exempt de tout obstacle à gauche de la route. Je fais mon approche sous l’œil étonné de quelques chasseurs bien visibles avec leur veste orange fluo et qui se demandent quel est ce drôle d’oiseau qui tombe du ciel.



J’ai gardé les crampons en vol et avec ce vent descendant du col qui promet un atterrissage en douceur, je suis sereine. Je pose comme une fleur, sans un pas. La SKIN reste un moment au-dessus de ma tête dansant la valse dans le léger souffle du vent et je la charrie un peu… « tu faisais moins la maline là-haut ! ». (« ché pas » si vous aussi vous causez aux objets inertes… Moi ça m’arrive, mais le pire, c’est qu’ils me répondent et que je les écoute !). Elle me sourit et me dit « Fallait bien que t’en chies un peu ». Je la remercie de m’avoir encore une fois portée dans les airs et pour cette belle aventure que nous avons vécue ensemble. Je la couche doucement au sol et la range alors dans son sac malgré ses protestations, elle aimerait bien continuer à prendre l’air… Alors je lui murmure « bientôt ma belle, bientôt ! ».

Bruno me rejoint sur la route qui mène à la voiture. Je le félicite pour son beau décollage et le remercie de m’avoir trainée dans cette belle aventure. Même si le retour parapente n’était finalement là que pour la beauté du geste. Car entre le portage, le temps de préparation de la voile et les galères au déco, je ne suis pas sûre que nous soyons gagnants… Mais le vol n’en reste pas moins exceptionnel et sauvage. Et nous aurons bien fait baver JN qui est redescendu à pinces. Il se tâte à se remettre au parapente. Nous l’attendons donc de plume ferme pour danser tous ensemble la valse à mille temps ! D’ailleurs, une nouvelle voie vient d’être ouverte au Grand Pic de la Lauzière et porte le doux nom « L’appel de la Mousse »… et je lui ai envoyé le lien… Vous devinez quelle est la suite ???

Bruno s’essaye aux vidéos, voici son opus : https://www.youtube.com/watch?v=ztTt7uJEwtk

http://www.youtube.com/watch?v=ztTt7uJEwtk
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Cowa
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« Répondre #2 le: 09 Novembre 2021 - 09:28:11 »

Double skin ou Bantam ?
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Là où il y a la volonté, il y a un chemin... Jamais le même en l'air !
Il vaux mieux regretter un vol que l'on n'a pas fait, qu'un vol que l'on a fait !!!
Petit Toro
Invité
« Répondre #3 le: 09 Novembre 2021 - 09:30:24 »

Très beau récits et très belles photos !  pouce
Merci pour ce moment d'évasion.
Dans l'attente des suivants  Mr. Green
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plumocum
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« Répondre #4 le: 09 Novembre 2021 - 09:36:01 »

Quand Charognard va apprendre qu'il y a un coin chez toi où on peut passer entre les mamelles  effray

Sinon c'est quoi une Dülfer ?
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Nager dans le sens du courant fait rire les crocodiles (Afrique)
Comme de toute façon je finirai ma vie dans un trou, autant qu'il y ait du poil autour. (Frédéric Dard)
sylvain_p
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WWW
« Répondre #5 le: 09 Novembre 2021 - 09:59:06 »

Très chouette récit Sourire ça donne envie d'aller y trainer ses chaussons !
Pour Plum, la dülfer :


cowa, sur la vidéo c'est une doubleskin
« Dernière édition: 09 Novembre 2021 - 10:05:29 par sylvain_p » Signaler au modérateur   parapente Enregistrée

Bien souvent, le problème se trouve entre la sellette et le parapente.
ororange
Invité
« Répondre #6 le: 09 Novembre 2021 - 11:01:31 »

@plum, c'est moi qui appelle ça des mamelles, c'est pas le nom officiel. Et en même temps, t'appellerais ça comment???? Je trouvais que c'était assez imagé pour que tout le monde comprenne et vous faire réagir Clin d'oeil.

Cela dit, il y a des "vraies" mamelles juste à côté "les mamelles de Beaune" https://www.communes.com/photo-saint-jean-de-maurienne,162959

et oui Double Skin pour le collègue et Skin pour moi.
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mike57
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WWW
« Répondre #7 le: 09 Novembre 2021 - 11:48:14 »

 salut ! ororange

Merci pour ton récit bien imagé et la vidéo. pouce

Tu as fait rentrer un peu  de soleil dans la grisaille de Lorraine.

J'espère que tu es consciente de la chance que tu as de vivre dans ce coin. parapente
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Le parapente reste avant tout un cocktail d'aventures avec un soupçon de folie,deux doigts d'émotion et un grand zeste de plaisir.
Airtoysdealer
Invité
« Répondre #8 le: 09 Novembre 2021 - 18:17:44 »

merci, ça fait du bien de lire ça après le boulot  pouce
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Géraud
passager biplace
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Aile: AirDesign Soar
pratique principale: vol rando
vols: 200 vols
Messages: 0


-Corrélation n'est pas causalité-


WWW
« Répondre #9 le: 10 Novembre 2021 - 09:20:07 »

Monstre !! Bravo à vous, très beau combo ! Sourire  pouce 
Toujours un plaisir... Va falloir que tu ouvres un blog ou un truc comme ça pour partager ces aventures bravo
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Pour passer le temps quand ça vole pas, des vidéos de parapente dans les Pyrénées : https://www.youtube.com/channel/UCf6CbyFnr0nfK-N7PgdbOfw?view_as=subscriber
ororange
Invité
« Répondre #10 le: 10 Novembre 2021 - 12:27:13 »

J'espère que tu es consciente de la chance que tu as de vivre dans ce coin. parapente

 salut ! Mike57,

C'est vrai qu'il fait bon vivre par chez nous... Je pense faire suffisamment de pub pour cette contrée lointaine mais bizarrement on est toujours aussi peu nombreux! C'est ce qui fait le charme!

Dans l'histoire, je suis surtout consciente de la chance que j'ai d'être bien accompagnée. Oué les paysages sont chouettes, la météo aussi mais s'il n'y a personne pour partager ces belles balades, ça n'offre plus grand intérêt... avec qui je pourrais bavarder????

Pis en plus, je suis très loin d'être capable mentalement de faire du free solo même dans du IV alors vaut mieux qu'il y ait quelqu'un à l'autre bout de la corde  mort de rire

@Géraud, y a déjà le CDV, pas besoin de blog Sourire
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kris
Rampant
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Aile: MCC explora
pratique principale: vol rando
vols: depuis 1987 ? vols
Messages: 3



« Répondre #11 le: 13 Novembre 2021 - 09:40:03 »

Merci du partage, je me suis régalé a la lecture. bisous
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