Vu ce matin sur le site du Monde.fr :
https://www.lemonde.fr/planete/video/2018/09/06/pourquoi-l-acces-au-mont-blanc-doit-il-etre-limite_5351394_3244.htmlLa vidéo montre le maire de St Gervais qui dit des conneries plus grosses que lui tout en posant mal le problème, d'une manière démagogique de politicard incompétent.
Et bing ! l'Ancienne a frappé.
Il y a certes trop de monde sur le Mont Blanc, dont trop de gens incompétents venus de partout et qui ne respectent pas forcément les règles de bienséance, par exemple l'absolue nécessité de ne laisser aucune trace de son passage et donc aucun déchet.
Le refuge du Goûter est une horreur architecturale, il est beaucoup trop petit et je ne vois pas pourquoi les "responsables" ont imaginé de faire dormir les gens sur des lits individuels. Les bat-flancs de jadis n'étaient pas plus inconfortables, malgré la promiscuité et les odeurs un peu fortes, et les refuges actuels n'ont pas d'âme.
Avant, on montait la bouffe et les popotes, on cuisinait dans une salle des réchauds dédiée. Maintenant il faut s'inscrire, payer les repas, les refuges sont devenus des hôtels-restaurants d'altitude et il ne faut pas s'étonner d'y trouver des gens différents qui demandent un SERVICE.
Ce n'est pas en mettant des
gendarmes vigiles avec délégation d'autorité au départ de la montée au Goûter qu'on résoudra le problème de la sur-fréquentation du Mont Blanc.
Jadis, les alpinistes étaient éduqués, soit par les guides qui transmettaient leur éthique de la montagne, soit par les moniteurs des clubs qui avaient une éthique encore plus élevée.
La première fois que j'y suis allée, j'étais seule pour pouvoir m'attaquer au temps-record de Lachenal. Le refuge était plein comme un wagon de métro à l'heure de pointe mais je m'en foutais, le porteur était un copain et j'avais dormi dans le dortoir des guides
La 2ème fois j'emmenais 4 jeunes de mon club et le refuge était bondé, il y avait du monde partout, deux par matelas (il fallait se positionner tête-bêche), des gens sous les bat-flancs, des gens par terre, sous les tables, quelle rigolade ! C'était en 1975 et nous avions évidemment emporté nos déchets. A cette époque, j'avais été révulsée en voyant la montagne de détritus aux abords du refuge des Ecrins. Les jeunes alpinistes étaient déjà imprégnés d'écologie et les vieux s'y mettaient.
Il semble que cela ait un peu changé.
Quand je suis retournée au Mont Blanc par le Goûter en 2009, j'emmenais Corinne. Il y avait plein d'Anglais qui avaient monté leurs tentes aux abords du refuge, c'était dégueulasse.
J'y suis retournée en 2014 : le refuge neuf était en service, les abords étaient propres.
Pour nous autres parapentistes, le Mont Blanc n'est pas accessible en juillet-août, cela nous évite de côtoyer des foules de sarpés.
Mais "en saison" ?
Je suis violemment hostile à toute règlementation arbitraire.
Le sommet du Mont Blanc est pollué par des milliers de "trous jaunes", résidus des gens qui pissent, et cette pisse n'est pas perdue pour tout le monde, elle va finir dans l'Arve côté français ou dans la Doire côté italien.
A la bonne vôtre !
Les trous jaunes ont cependant une fonction vitale : ils permettent de savoir qu'on est au sommet quand on est pris dans du mauvais temps, et c'est à partir de là qu'on peut descendre à Vallot pour s'abriter.
Les autorités cantonales bernoises crurent intelligent d'interdire l'accès à l'Eiger après la catastrophe de 1936 et la mort des 4 alpinistes allemands.
Ce fut totalement inefficace et la 1ère eut lieu en 1938.
Aucune règlementation de l'accès au Mont Blanc ne pourra être légale avec un simple arrêté, municipal ou préfectoral, il faudrait une loi et je doute fort qu'une telle loi serait constitutionnellement valable.
La seule solution viable me semblerait résider dans la fermeture du refuge du Goûter, réservant alors l'ascension du Mont Blanc par cette voie aux VRAIS alpinistes... mais privant des quantités de guides fainéants d'une manne qui les fait vivre.
Ils devraient alors partir de Tête Rousse et traverser le couloir deux fois par jour.
Brrrr ! Les guides n'aiment pas prendre des risques et ce couloir est horriblement dangereux.
Il faudrait alors construire un passage abrité pour traverser le couloir en sécurité et c'est peut-être là la vraie réponse. Après tout, le site est d'une laideur repoussante, tout en caillasse sans grâce ni attrait avec la Mort qui rôde. Le glacier qui couvre l'arête interdit de construire un téléphérique, l'arête Payot est à peu près impraticable tant c'est pourri, il n'y a pas de plan-B.
La fréquentation accrue du refuge de Tête Rousse posera alors d'autres problèmes, notamment au niveau de l'assainissement, parce qu'il faudra l'agrandir... mais si le refuge devient réservé aux alpinistes, équipés et titulaires de la carte d'un club affilié à la FFM ou accompagnés d'un guide, si on refuse les randonneurs (il n'y a pas de rando à partir de ce refuge), on aura peut-être un début de solution.
En tout cas le maire de St Gervais passe pour ce qu'il est.