Le genre de situation qui me rappelle une conversation suite au troisième vol de cette après-midi à Talloires.
Le pilote qui se fait embarquer ne se bat pas ; il est relativement passif ; il n'a pas cette capacité dans cette situation à faire ressortir son côté animal ; cette sorte de colère sourde qui lui permettrait de se stopper et sûrement de ramener à lui l'apex ou un côté du secours pour neutraliser l'ensemble.
Les ingrédients sont souvent les mêmes :
1. les yeux plus gros que le ventre
2. préparation et analyse incomplète
3. passivité dans l'action ou absence de réponse appropriée (incapacité d'analyse et réponse dans le feu de l'action ou schéma de réponse à l'incident inconnu)
Un bon exemple
https://www.youtube.com/watch?v=F723rIlW_NoLà c'est les champions du monde du style ! Indétrônables !
Bref pour revenir à ce troisième vol ; après un petit vol depuis les frètes à 10h00 et un plouf amélioré à 12h00 depuis Planfait remontée pour récupérer la voiture et le piquenique sur le décollage.
On casse la graine et on en profite pour essayer de comprendre cette météo curieuse depuis 15 jours à Planfait.
Arrivent par le chemin deux pilotes dont un dont l'expérience est inversement proportionnelle à la mienne (de pilote du dimanche en l'occurrence).
Le pilote pas totalement inconnu.
Nous sommes 4 sur le décollage (deux plouffeurs et deux crosseurs).
A 14h00 la brise est moins forte que la veille pour le même heure, le ciel est chargé, le décollage (trop) calme avec parfois un peu de cul.
En fait, je fais remarquer que c'est un peu l'ambiance du matin avec un début de brise ; des manches à air entre deux eaux.
Vu de Planfait la brise à l'atterrissage semble encore dans des valeurs normales ; au loin quelques rafales plus marquées courent sur le lac.
La tendance est NNO à la balise de Montmin dans des valeurs acceptables.
Néanmoins plus haut la tendance N - NE est présente mais semble filer doux toutefois en amenant son ciel de traine.
J'imagine que le petit flux de cul épisodique est du à la masse froide qui déborde derrière les dents de Lanfon et descends vers nous (je raconte probablement de grosses conneries et mon analyse de l'aérologie du moment est probablement en carton).
Le ciel s'ouvre à un moment est le soleil nous rattrape ; un petit plouf en guise de désert : pourquoi pas !
Je me prépare en 5 minutes car je pense que le soleil va raviver la brise qui a pris le soleil avant nous au dessus du lac.
Ma seule crainte : être vraiment sous le vent et cette pseudo brise est le météo courbé parle brise qui nous reviens en rouleau sur le décollage (explications entendues auparavant et données par deux stars du secteurs).
Quoiqu'il en soit un pioupiou présent à ce moment là en déduirait que selon la théorie des plaques de JMG c'est tout bon : feu vert ; le gruyère est à la fête !
Je me doute bien que une fois quitté ce décollage trop calme je vais retrouver un flux de brise NNO assez établi ...
Préparation, double check, observation des cycles, dernier coup d'œil à la voile, à la sellette, aux pointes de sapins, face voile : feu !
Un petit plouf tranquille pour digérer.
Décollage paraît-il propre, sortie véloce, aux aguets !
J'entre dans le flux, éjection verticale puis passage en stationnaire et j'oscille entre 5km/h et 10km/h avec mon antigun.
Des rafales plus fortes traversent la bâche ; des "trucs thermiques" ; un peu de méli-mélo : une brise qui forcît, un flux de sous-le vent qui veut copiner, des thermiques qui voudraient vivre ... Bref je m'écarte gentiment du relief et je sais qu'il va falloir s'employer pour poser.
C'est volable mais pas pour moi à ce moment là ; la fessée est à portée de mains ; c'est trop actif et trop orienté gestion de voile au dessus de la tête.
Plus j'approche du lac ; plus la brise forcit, je m'emploie à poser détendu dans ce maelstrom et ce ciel d'orage qui manquera de chaleur pour aller jusqu'à son terme.
Bref, je vais me cacher, posé vivant posé content.
Je gonfle un peu. C'et trop irrégulier.
Et là je vois un paquet d'appels en absence : c'est comment en l'air ?
L'idée ne n'était pas venu de donner un avis éclairé sur le sujet ; ça me semble évident : ca brasse pour un pilote du dimanche.
Le pilote aguerri décolle ; je suis moyennement surpris mais évidement on ne navigue pas dans les mêmes courants et sur le même rafiot.
Sa superbe voile colorée avance lentement et un petit tour vers Bluffy et il vient poser.
Et là à mon grand étonnement ; il donne son feu vert à son partenaire dont le nombre de vol est probablement 1/100 de son bagage.
Personnellement je suggère à la personne qui m'accompagne de ne pas décoller.
Même situation décision opposée.
Rapidement le pilote est l'arrêt puis par moment recule (c'est assez curieux cette sensation de reculer).
consigne : oreilles accélérées -> résultat : une oreille ; tentative d'attraper le barreau mais à 100 vols et quand ca brasse c'est retour au contact.
consigne : 360 pour descendre plus vite. D'après ce que j'entends une voile en 360 ferme difficilement (pourquoi?) par contre il faut accepter la dérive et cette sensation de se faire un peu arracher dans le flux -> résultat : rien
consigne : comme le ciel est bâché ; ca va descendre ; on se place et on attend ... Ca pose.
L'expérience semble bonne.
Je me suis juste demandé : et si la prise passait à 35km/h-40km/h ; il se passe quoi ?
Et là ; parmi les réponses ; super-pilote tout naturellement a suggéré à l'autre pilote (qui d'ailleurs n'envisageait pas de descendre à pieds) d'aller aux arbres (ce qui me semblait être dit le plus sérieusement du monde).
Un dimanche à Planfait ; j'ai appris que les marges ne sont pas les mêmes pour tout le monde avec une perception du risque différente et fortement influencé par un des biais du type (je suis tête brulée, c'est quand même dommage de redescendre maintenant que l'on est monté, ...).
Je vois très peu d'anémomètre sur les décollages quand c'est visiblement fort. Etonnant non?!