Quand j'étais prof en activité, les bases de la météo figuraient au programme de physique de 5ème mais cela n'allait pas plus loin que le mécanisme de formation d'un cumulus et la reconnaissance des divers types de nuages.
Cela faisait 2h au programme, pas bézef !
Je faisais donc 5 minutes de météo à chaque séance, avec l'observation de la direction du vent, de sa force et des types de nuages dans le ciel, et à la clé une prévision du temps à 6heures.
Cela boucha un coin à un inspecteur venu me rendre visite ! Il n'avait jamais imaginé que les conditions météo changeaient tous les jours et qu'avec 5' par leçon je pourrais boucler efficacement les 2 heures au programme.
C'était finalement une mini-séance de TP et les gamins aimaient bien ça, ils avaient enfin l'impression d'apprendre quelque chose d'utile.
Je ne volais pas encore en parapente mais j'avais une très longue expérience de la météo en montagne, cela aide.
Les principes de base de la météo ne sont pas très compliqués, faire une prévision à 6h est facile. C'est plus compliqué à 12h, compliqué à 24h et plus on allonge la durée de la prévision plus des phénomènes aléatoires viennent augmenter les incertitudes.
C'est là que les sites météo deviennent indispensables pour nous.
Interpréter un émagramme n'est pas très compliqué, avec une formation de base, et cela aide bien pour préparer un vol hors du bocal.
Pour faire des ploufs, c'est inutile.
La physique de l'atmosphère est une autre histoire, cela requiert des connaissances importantes en thermodynamique et en mécanique des fluides mais à notre époque il y a des modèles qui permettent de mettre en forme les données recueillies par les navires en mer, les avions, les satellites, les ballons-sondes, les balises diverses et l'escalade des grenouilles, sans oublier les rhumatismes des paysans.
Bref si une prévision locale à courte échéance est assez facile, c'est plus difficile quand on change de "local", c'est à dire de versant, de régime de brise, d'altitude etc.
Une bonne formation de base est donc nécessaire et les écoles le font quand on ne peut pas voler, et le font assez bien même si les moniteurs n'ont pas tous une formation scientifique pointue. Ils ont appris, acquis de l'expérience et appris de tous leurs vols, reçu une formation pédagogique, on aurait grand tort de ne pas les écouter attentivement.
Après cette formation basique en école il est très utile de bouquiner un peu, de discuter au déco avec les pilotes locaux, d'observer depuis le sol et en l'air, d'en parler, bref la formation météo d'un parapentiste lambda s'enrichit chaque jour.
En principe...
Je dis "en principe" parce qu'il y a des gens que cela n'intéresse pas, d'autres qui ne comprennent rien au vocabulaire faute d'avoir acquis les bases, d'autres qui n'ont aucune mémoire et refont toujours les mêmes erreurs faute de logique, il y a de tout.
Il y a aussi des pilotes très affûtés qui sont parfois capables de se gourer, cela arrive, c'est comme une sortie de piste sur un circuit de vitesse ou une chute en escalade.
Quand un pilote novice, abusé par mes cheveux blancs, me demande ce que je pense des conditions météo, je lui réponds qu'il y 3 possibilités :
- Le paysan normand va dire "p'tet' ben qu'oui, p'tet' ben qu'non".
- Le paysan savoyard va dire : "des fois"...
- Le paysan arabe va dire "mektoub".
Cela détend l'atmosphère, ce qui est de circonstance.
Après ça je lui suggère d'observer le ciel, la nature et la vitesse des nuages visibles aux diverses altitudes, l'orientation des biroutes et le vol de ceux qui sont en l'air (quand il y en a) en ajoutant - quand il n'y a personne en l'air - que si personne ne décolle il y a des raisons, et je lui demande de trouver lesquelles.
Je pense que cette approche est plus pédagogique qu'une réponse toute faite entachée d'incertitude parce qu'elle fait appel à l'observation et à la réflexion.
On a le droit d'avoir des opinions différentes.
Mon pote Pasdoué, qui ne mémorise rien et qui n'a pas un esprit analytique, se borne à regarder comment volent les autres et quand cela lui semble bon il met sa voile en place. Il ne peut pas dire pourquoi il y va, il ne différencie pas un stratus d'un altocumulus mais il s'en fout parce que si cela vole pour les autres cela volera aussi pour lui.
C'est une forme de pragmatisme qui en vaut une autre, même si cela condamne à faire des vols modestes dans le bocal ou des petits ploufs peinards.