Petit compte-rendu de ma ballade à Chamonix (si ça vous intéresse) :
Alors, après avoir décidé d'ignorer les conseils de Manu qui avait presque réussi à me décourager avec ses prévisions météo, je me suis dit que de toute manière, j'avais pas mieux à faire ce week-end.
Après un passage le vendredi (29) par le Salève (pas de vol car mer de nuage et jamais posé là-bas ... !) où mon acolyte m'annonce lâchement qu'il est pas très chaud pour descendre l'arête de l'aiguille du midi le lendemain avec un parapente sur le dos, j'arrive (seul) au pied du téléphérique le samedi matin, pas très chaud non plus d'ailleurs !
Les conditions ont l'air bonnes et la caissière m'informe qu'il n'y a pas de vent là-haut, mais que l'arête n'est pas équipée. Après avoir tourné en rond une bonne demi-heure en observant le départ des alpinistes (dans lesquels j'espérais apercevoir un ou deux parapentistes, sans succès), je décide d'aller louer chaussures, crampons et piolet et advienne que pourra !
Je reviens à la caisse et là, elle me dit qu'elle s'est trompée tout à l'heure et que c'est rafaleux !!! En plus elle insiste bien sur l'accident deux jours avant et me fait comprendre que faudrait pas prendre des risques inutiles. Bon, de toute manière , je profiterai au moins du panorama et on verra bien là-haut.
Arrivé là-haut, petit tour par les terrasses pour m'en mettre plein les yeux (j'ai l'habitude mais ça le fait toujours), je retourne au départ de l'arête où effectivement je vérifie qu'elle n'est pas équipée mais qu'en plus, vu le peu de neige, elle est très très étroite, interminable et bien acérée. D'un coté Chamonix, de l'autre un peu moins haut mais une bonne centaine de mètres quand même ! Je laisse partir les cordées, quelques skieurs téméraires (neige glacèe) et je continue à psychoter tout seul au milieu des touristes qui ignorent le panneau leur interdisant l'accès à la petite plateforme de départ. Plusieurs bennes plus tard, c?est décidé! je suis là et ce serait trop dommage de pas en profiter, mais va falloir faire très gaffe parce que étant seul, je serai pas assuré! Je chausse les crampons, je m'engage et après quelques premiers mètres rassurant (ça fait un petit bout de temps que j?ai pas pratiqué), l'arête s'incline sérieusement. Quelques frayeurs mais de toute manière, il faut continuer et les sensations reviennent vite (surtout, plier les genoux et tout dans les cuisses!). Je double deux surfers qui ressemblaient à de vrais alpinistes et qui pourtant semblent coincer en plein milieu de la descente ! Quel bonheur de retrouver ces sensations d'équilibriste agrémentées du piment de savoir que l'erreur n'est pas franchement permise. En plus, ma sellette altirando est vraiment très facile à porter et je la sens à peine. J'arrive en bas sans encombre et je me dirige vers un endroit qui me semble intéressant pour décoller. Je dois pas être trop idiot car en arrivant, je trouve un piquet équipé de flamèches. Seulement c'est pas franchement bien orienté, un peu changeant, mais pas franchement violent. Je me prépare sans déplier mon aile et j?attends un peu ... Il y a en contrebas d'autre endroits qui seraient mieux orientés mais je veux pas trop m'aventurer tout seul sur le glacier.
Après mure réflexion, je décide de ne pas décoller. Les conditions sont certainement bonnes, mais je suis seul et le moindre problème pourrait se transformer en catastrophe. Une petite ballade sur l'arête en direction des aiguilles de Chamonix suffira largement à mon bonheur et l'expérience emmagasinée me servira pour la prochaine fois.
C'est effectivement un jour trop tard et je me contenterai de trucider mon patron pour ne pas m?avoir laissé partir plus tôt. Ca aurait certainement pu le faire, mais pas pour une première fois et pas tout seul.
La remontée à l'aiguille sera un peu éprouvante pour les cuisses (plus l'habitude) mais la satisfaction d'avoir au moins essayé comblera largement le vol manqué, et en plus ça m'a redonné le goût des courses en montagne (à suivre).
Seulement, j'ai pas dit mon dernier mot, et en observant en face les parapentes décollant du Brevent (premier tronçon mais je sais plus comment il s?appelle), ça me titille quand même un peu.
Deux choix : redescendre à Chamonix et remonter en face, ou tenter un déco du plan de l'aiguille (premier tronçon pour ceux qui connaissent pas). Je redescend d?un étage (de 1500 mètres quand même !) et j?en profite pour demander au machiniste où se trouve le déco de parapente (sous la gare) et je m'y dirige. Les éléments sont contre moi (ce qui est pas étonnant vu que ça vole en face !). Le vent est pour ainsi dire ? de cul ! Afin d?éviter un échec total de mon expédition qui nuirait certainement à mon optimisme forcené, je finis par trouver une petite arête où le vent est de biais mais où je conserve une petite marge de sécurité en cas d?échec. Heureusement la neige est dure et je n'enfonce pas sytématiquement. Trois ou quatre tentatives diverses et variées me seront nécessaires pour parvenir à décoller (avec un piolet dans le dos !) et c'est enfin le vol tant attendu au-dessus de Chamonix. Merveilleux, sublime... Enfin, bon, c'est certainement pas le vol du siècle, mais c'est un de mes premiers en totale autonomie (en solitaire, site inconnu et plus ou moins sauvage, en altitude, déco sur la neige ...) qui me donne le sentiment d'avoir accompli ce que j?avais tenté. Non mais ! C?est pas grand chose mais ça m?ouvre des possibilités et l?esprit à d?autre tentatives de ce genre.
Alors merci de vos conseils (que j?ai pas forcément suivi, mais l?important était d?avoir l?information) et bonne année à tous pour pleins de vols de ce genre !
(et désolé d?avoir été aussi long !)
PS : vu la météo, direction barcelone le soir même mais mes cuisses s'en souviendront longtemps !!!
J'ai renoncé à roquebrunne. Dites-moi que j'ai bien fait !