Et bien voila un été qui s'achève...
Je ne parle pas ici de la saison, il nous en reste encore quelques semaines au calendrier, mais plutôt de la période des congés estivales qui elle se termine dès maintenant. Comme de nombreux parapentistes, j'en ai profité pour aller promener ici et là mon sac à dos et, lorsque c'était possible, déplier la Zunzun là ou me portait mon chemin : De Passy à Port Del Conte en Espagne, en passant par Millau, Samoëns et Oraison. Sur ces deux derniers sites, j'ai même eu l'occasion de lever une partie du voile de mystère qui entoure quelques unes des dernières légendes urbaines de ce forum : j'ai vu de mes yeux vu, et touché des deux mains Gérard Bosson, mais surtout Patrick "Parapente Samoëns" et Yeager !
Les deux premiers ne sont pas des fossiles issus d'un âge préhistorique aujourd'hui totalement révolu. Ils sont toujours bien vivants et s'épanouissent non de la civilisation moderne dans une réserve à claques ou coulent deux rivières. Celles-ci, avant d'aller se perdre dans la plaine et un grand lac, portent le même nom : Giffre. C'est donc la vallée ou il y a des paires de Giffre qui se perdent ! Voila qui fout un coup, non ?
Quant à Yeager, contre toute attente, ce n'est pas - seulement- un programme de la Matrice destiné à identifier et piéger toutes les vidéos officielles ou pirates de la galaxie. C'est aussi un être humain à peu près biologiquement fonctionnel, une réalité concrète. Alors vous vous demandez surement qu'est-ce qui me pousse à avancer ici devant vous une thèse aussi exubérante ? Quel délire me prend ?!
Et bien c'est pourtant simple : Je l'ai rencontré !
Les plus bassement matérialistes et réalistes d'entre vous auront tôt fait de répondre que j'ai sans aucun doute été le jouet d'un nouveau trucage numérique sur vidéo, ou d'un énième programme d'animation ou d'inception de rêves que la Matrice aurait implanté à l'insu de mon plein gré dans les trous béants qui parsèment mon cerveau ramolli par la chaleur. Que le virtuel introduit par la dite Matrice était si réaliste que j'ai moi aussi, tout comme vous même en bien d'autres occasions, été trompé.... Et bien non ! J'ai des preuves !
Yeager m'a fait une navette en Opel Corsa grise avant de déployer une cucurbitacée violacée géante pour s'envoler. Et depuis quand les "Smith de Matrix", les Terminators, les Super Héros de science friction et autres Comics ont ils des Opel Corsa grises ? Depuis quand, même dans les œuvres d'anticipation les plus avant-gardistes ou certains n'hésitent à voir voler des Frigo en parapente, a-t-on jamais vu une cucurbitacée voler ?!... Jamais , oh grand jamais !!!... Des Frigo, jamais de cucurbitacée.
Donc tout cela ne peut être que la réalité.
Autre preuve de ma parfaite conscience de la réalité en ce jour béni des dieux : le même après midi j'ai enfin vu un type en train de planer à bonne altitude en parapente semer des feuilles de papier toilette recyclées dans le vent... C'est clair non ?
Tout cela prouve bien ce que je me tue à écrire depuis des années et que tant d'entre vous se refusent à admettre : Les parapentiste se chient dessus dés que ça monte un peu fort.
Et que donc, s'ils ne pensent pas à vidanger régulièrement leur air bag... y'a un moment ou tout ça finit forcément par déborder. Quant à ceux qui sont équipés de mousse bag et qui sous le coup de l'émotion l'ont trop vite oublié... Il va leur être très difficile de rendre un aspect présentable à la mousse et au garnissage de la sellette avant de les comprimer aussi fort que possible en vue de les introduire ainsi que leur voile dans le sac à dos...
Mais poursuivons, car là n'était pas l'objet de mon discours initial de ce jour.
Toujours très concerné par la sécurité en parapente et d'une extrême prudence naturelle, et par ailleurs ne disposant pas d'un téléphone 4G web-compatible connecté en permanence aux meilleurs provideurs d'informations météorologiques de la planète ainsi qu'au site de la FFVL, en arrivant sur les Spots de parapente qui croisaient mes déambulations estivales, conformément à toutes les recommandations fédérales et associatives, je ne manquais jamais de me rapprocher des pilotes, structures et enseignants locaux. Cela même, afin de m'enquérir des spécificités et prévisions aérologiques, météorologiques et pratiques coutumières des sites locaux, et de recueillir ainsi de la sorte toutes les informations utiles de première main. Cela même afin de m'assurer des vols en parfaite sécurité après avoir pris connaissance de l'ensemble des éléments indispensables et concomitants inhérents à la prise de décision qui va bien.
L'objet de ces prises de langue et échanges de vigoureuses et multiples poignées de mains étant : De me permettre de glaner l'ensemble des informations et paramètres tangibles et fiables que tout pilote digne de ce nom doit prendre en considération au moment de décider de son envol et du plan de vol qui va immanquablement suivre. Le parapentiste étant par nature loquace, voir même souvent intarissable lorsqu'il s'agit de s'épandre sur ses propres exploits et les maladresses de ses condisciples, les faires parler fut fort simple. Les écouter, facile bien que souvent fort chronophage. Les comprendre et en tirer des conclusions logiques, sensées et utiles à ma sécurité en vol, fut en revanche quasi impossible.
En effet, il n'était pas rare que les experts présents sur les lieux, au déco ou à l'atterro, ne soient pas totalement d'accord entre eux sur la nature des conditions les plus favorables ou les plus dangereuses. Ensuite chacun avait ses propres thermiques et zones de turbulences. Celles des uns n'étant le plus souvent pas perçues de la même manière par les autres. Le consensus n'étant de toute évidence pas de mise, et la multiplicité des avis ne faisant que semer plus de doutes que de dégager des certitudes. Pour plus de sureté, sachant que le domaine des prévisions météo et de leurs interprétations donnaient en plus lieu à de vigoureuses controverses, Je n'hésitais pas à me rapprocher de la structure professionnelle locale. Mon contact - un habitué du
- n'étant pas disponible sur le moment, une charmante et fort aimable permanente de la structure commença à me briefer avec moult détails sur la situation et son évolution lorsque la communication téléphonique fut interrompu brutalement par Orange Télécom. Qu'à cela ne tienne ! Je rappelais quelles minutes plus tard, sitôt la connexion au réseau rétablie. J'eu un nouvel interlocuteur - toujours pas mon contact - mais lui aussi biplaceur pro. A croire qu'un nouveau flash météo venait d'être reçu en urgence au local de l'école, un tel renversement de situation ne pouvait sans aucun doute qu'être du à une inversion du sens de rotation de la planète... Me dissuadant ainsi de toute tentative vol le lendemain.
Bien évidement, le lendemain matin, alors que fort de ces judicieux conseils de prudence je randonnais bien sagement sur l'autre versant de la vallée... Je pouvais admirer en face les biplaces de la structure réaliser moult rotations dans les meilleurs conditions. Je bravais donc le message de prudence et allais me joindre aux pros et amateurs qui s'en donnaient à cœur joie sur l'autre côté de la vallée. Mais avant, par acquis de conscience, je passe à la permanence de l'Ecole pour y saluer mon contact. Il est submergé par un essaim de jeunes et jolies clientes
: je n'ai aucune chance de l'approcher sur le moment avec mon physique ingrat et mes jambes trop courtes.
Je le verrais plus tard. J'en profite pour questionner à nouveau et de vive voix les biplaceurs pros qui s'autorisent 30" de pause avant la prochaine rotation. Le conseil le plus avisé que je parviens à obtenir est "Ben faut juste poser sur l'atterro".
Fort de ce tuyau exceptionnel obtenu de première main, je peux partir voler l'esprit serein. Le vol, bien qu'un peu court, n'ayant pas pus trouver les pompes à couillon locales, se déroule fort bien, et, suivant les conseils avisés des experts locaux, je pose à l'atterro comme prévu.
Là je re-mène avec toute la finesse et la perspicacité qui me caractérisent si bien une nouvelle enquête sur les prévisions météo pour les 24h à venir. Le plus fort en gouaille des pilotes présents certifie que le lendemain, avant 14h et l'arrivée d'ondées, ça doit le faire nickel. Ce qui semble faire consensus auprès des pilotes moins développés sur un plan musculaire qui l'entourent. Rassuré, je vais saluer mon contact à l'Ecole. En chemin, le biplaceur croisé un peu plus tôt en profite pour me questionner : " Alors, t'as trouvé l'atterro ?"
De tout évidence ma présence sur le terrain avec ma voile en boule sur l'épaule ne suffisant pas à le rassurer, je lui confirme donc aussitôt avoir mis en application le plus rigoureusement du monde ses conseils.
Enfin, je peux saluer la légende qui m'a value de traverser la France pour avoir l'honneur de lui serrer une dextre fraternelle et toute empreinte du plus grand respect. Tout à l'émotion qui étreint ma gorge, j'ose à peine lui demander que de quoi demain sera fait, ce que les cieux de sa vallée nous réservent... "Après le passage des nuages en matinée, ça devrait se dégager et le faire en après midi".
Le lendemain, toute la journée, ce sera orage, tonnerre, déluge, débordement des torrents, inondations, glissements de terrains, et évacuation des camping...
48h plus tôt, orages en moins, j'avais été confronté à quelques dizaines de kilomètres de là, face au massif du Mont Blanc à la même avalanche... d'informations et d'affirmations contradictoires... et souvent même en totale contradiction avec ce que je constatais de visu et in situ en vol.
La semaine précédente encore, à Millau, les bons conseils des spécialistes locaux n'avaient guère été plus clairs et clairvoyants.
Que les pros des écoles en question ainsi que les pilotes locaux que j'ai eu plaisir à rencontrer ici et là se rassurent et ne m'en veuillent pas. Je ne leur en tiens absolument pas rigueur ni ne remets en question leurs capacités et connaissances, loin delà. Tous ont aimablement et patiemment accepter de répondre à mes question. Tous ont pris le temps d'échanger et d'argumenter leurs réponses.
Hier, et en milieu de semaine encore, sur mes sites de prédilection, nous étions un certain nombre à disserter sur l'aérologie présente de notre environnement direct, à expliquer pourquoi et comment, à remarquer ici et là tel nuage, tel signe annonciateur, tel mouvement de végétation ou de volatile... et à ne pas être d'accord sur ce qui devrait immanquablement se passer dans l'heure à venir... et qui finalement ne s'est pas produit comme prévu.
En conclusion, je crois bien que
nous ne sommes tous que des "prévisionnistes du lendemain". De ces voyants qui ne sont capable de vous prédire avec précision, et une marge d'erreur acceptable ... que votre passé immédiat.
Il faut bien reconnaitre que pour les pilotes débutants, et bien d'autres, savoir s'il est possible de voler, ou et quand, dans de telles conditions n'est pas chose facile... vraiment pas facile.
Un grand Merci tout de même à tous ceux qui ont pris le temps de m'écouter et de me répondre sur le terrain, ils m'ont tout de même souvent bien aidé... Même si ma mauvaise fois bien connue m'empêche de le dire trop fort.