Stage "cross" avec D. Lacaze
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Buck Danny:
Merci la Matmute pour tes récits toujours sympa  :pouce:
Et ça m'a fait rechercher cette photo prise il y a quelques années, pour ceux qui ne connaissent pas le panorama embrunnais, en vol devant le Méale. A droite, le Mont Guillaume. Derrière au centre: les très belles aiguilles de Chabrière (Rando très sympa, mais pas envisageable en vol-rando)
Flyin Matmute:
arf ta photo n’apparaît pas pour moi (ni sur mon tel, ni sur mon ordi) :/

Récit de mon stage cross avec Damien Lacaze : suite et fin !

JOUR 3 : Col de l’Izoard

Je me réveille avec le couteau entre les dents. J’enfile ma paire de chaussettes fétiches et je prévois une couche dans mes affaires. J’ai clairement envie d’en découdre*.

*Damien aurait dit de manière très poétique « elle est chaude comme un bol de pisse ».

Je ne connaissais pas le Col de l’Izoard et c’est quand même un sacré endroit ! Je fais la marche d’approche avec le sac léger de Tommaso tandis que lui se coltine mon menhir, heureusement qu’il est là. Quand en plus, je réalise au bout de quelques minutes de marche que j’ai oublié de prendre de la nourriture pour la journée, il pose le sac et court à la voiture récupérer de quoi me sustenter mais également mon téléphone que j’avais laissé sur la plage arrière pour mettre le sac sur mon dos. Quand on n’a pas la tête… heureusement qu’on a un mec qui a les jambes !! La couverture nuageuse est aux 4/5e et ça va de nouveau être une journée compliquée. Nos deux navetteurs Nico et Tommaso décollent rapidement tandis qu’avec le groupe on tarde à se mettre en l’air. Alors que les trois premiers pilotes décollent à peu près dans le cycle (Damien, Ludo et Loris, un ami à eux nous ayant rejoint pour la journée), les trois suivants (Simon, Gilles et Pierre) décollent dans des conditions anémiques et radassent lamentablement. Je suis la dernière sur le déco avec Manu qui s’élance. A peine décollé, il retouche lourdement le sol et se tord la cheville. Je me désharnache et viens à sa rescousse. Il a l’air un peu sous le choc mais rien de cassé. Je l’aide à mettre son aile en bouchon et nous voilà en train de nous réinstaller dans l’attente d’une bouffe. Il n’y a plus d’air ! J’entends à la radio que c’est la fin des haricots pour nos compagnons et nous, on va devoir faire un dos voile pour les rejoindre dans cette mort certaine ? Quelle loose ! J’essaye de souffler un coup et je finis par décoller à l’ancienne, je me mets immédiatement en standby dans une espèce de léger thermodynamique pour surveiller le décollage de Manu. Une fois ce dernier en vol, on part taper directement sous la montagne à notre gauche en sortant du déco, « Côte Belle ».  Je rejoins Damien dans son thermique, son sens giratoire ne me plaisant que moyennement, et comme j’ai un peu de hauteur sur lui, je décide d’enrouler dans l’autre sens tout en le surveillant constamment. C’est pas du tout correct de ma part mais je crois que le mode survie m’a fait zapper les règles de bienséance. Heureusement, en grand gentleman, Damien change de sens et nous voilà montant au plafond, que c’est bon !!! Et que c’est beau ! Punaise on m’avait beaucoup parlé du col de l’Izoard mais je pense qu’on ne peut pas imaginer à quel point c’est sauvage et unique tant qu’on n’y a pas mis un stabilo. La couverture nuageuse met pas mal notre terrain de jeu à l’ombre mais je suis remontée comme un coucou. Tandis que Loris fait une première incursion vers le Nord, je surveille mes zouailles qui se battent à l’étage en dessous. Manu et Ludo font preuve d’une belle persévérance, je les encourage en radio et leurs efforts paient : les voilà qui montent eux-aussi ! Que c’est bon d’enrouler avec Ludo, de savourer ce bon thermique qui bip en +2 et la vue qu’il nous offre ! Manu n’est pas loin derrière, trop bien ! On va pouvoir voler ensemble !!

3300 m hé ho let’s go ! On laisse le majestueux pic de Rochebrune sur notre droite, on aperçoit à l’horizon la fameuse nebbia italienne tandis que le Monte Viso reste invisible, complétement pris dans les nuages. J’ouvre la danse, Damien part en exploration sur ma gauche, Ludo dans mes basques, Loris est perché quelque part et Manu ferme la marche, nous glissons dans l’ombre qui sévit sur notre flanc droit, je cherche un appui sur la crête de la cime de la Charvie (en vain) et pars en transition vers la grosse montagne qui domine le village de Cervières. Après quelques secondes de prospection là où j’ai raccroché, je décide de m’avancer vers le sommet des Anges (c’est son petit nom) tout en restant sur mes gardes car je suis sous le vent. L’aile se tortille, je ne tremble pas et je pousse le barreau pour rentrer dans l’ascendance puis enfonce la commande. « Boum baby ! » je trouve le plus gros thermique de ce stage, +3.7, voilà qui fait plaiiiiisir ! De retour au plaf, je pars à l’attaque de Briançon.

J’avoue j’aimerais bien avoir pris des photos ou une vidéo tellement c’était beau. Durant ce vol, j’ai retrouvé le plaisir de mes premiers cross, quand tu te poses des tas de questions, quand, à chaque transition, tu te jettes dans l’inconnu et que chaque montagne que tu raccroches est une surprise, un émerveillement. J’avance vers le fort de l’Infernet qui surplombe la ville de JB Chandelier. Arrivée à sa verticale, je suis les indications de Damien pour transiter sur la montagne qui se trouve sur ma droite. Prendre la direction du Prorel en face puis me diriger vers la crête à droite qui descend vers la ville. Je m’applique pour faire une belle laisse de chien, je rejoins la « Croix de Toulouse » et je rigole des quiproquos à la radio : il y a Manu toujours par terre mais extraordinairement combatif qui s’inquiète de son altitude et puis Ludo qui ne comprend pas bien ce que lui indique Dam’z, s’il ne finit pas dans les télésièges du Prorel, on l’aura échappé belle ^^. Je zérote sur la crête et je me marre. J’ai du mal à me concentrer pour monter mais c’est pas plus mal ce petit standby pour laisser le temps aux autres de me rattraper. L’idée serait de prendre un peu de gaz pour se mettre à cheval sur la crête et progresser vers le Nord. Damien me rejoint, je décide de partir devant. Ça porte tout le long c’est vraiment agréable, la vue est extraordinaire. Le ciel est un condensé de nuages de toutes formes, de toutes nuances de gris et de blanc, le vert des arbres et des prairies est fluorescent, et toutes les montagnes alentour cachent des sommets bien plus grands, avec un aspect bien plus minéral et recouverts de neige et de glaciers. Je ne connais pas et j’en prends plein les yeux ! J’arrive au bout de la crête, Damien me dit d’essayer de faire un plein avant de me jeter sur le plateau. Je fais un timide 2700 et je me jette sur le plateau. Damien et Ludo sont vraiment pas loin derrière et on se retrouve tous les trois à enrouler au-dessus d’un déco où une biroute déchainée nous indique la force de la brise. Que c’est bon de retrouver les copains ! Loris est quelque part dans le ciel, Manu joue les voitures balais. Je quitte les gars pour voir si c’est mieux ailleurs. Les thermiques sont pas hyper agréables et je décide d’avancer encore. Je surveille quand même régulièrement le ciel et la perspective d’être pris dans l’orage est une réalité. Quand je vise en vallée un pré qui semble un atterro pour Boeing, je me dis qu’il est peut-être temps de mettre un terme au vol. Loris nous dit qu’il se prend de la grêle, ça finit de me décider. Je regarde autour de moi comme pour imprimer sur ma rétine les paysages extraordinaires et jusqu’alors inconnus que je viens de traverser. Nous ne sommes plus si loin des cols du Lautaret et du Galibier et j’aperçois les Aiguilles d’Arve au fond.

Je me dirige vers la vallée, fais les oreilles accélérées. J’ai annoncé à la radio mon intention de poser et mes compagnons décident d’en faire de même. Mais quel bonheur ces petits parcours ! En bas, il n’y a même pas de brise ou presque ! Quelle quiétude ! Je plie ma Queen adorée. On se remémore le vol, on plaisante, on mange un morceau, très vite rejoints par Nico et le camion, quel timing ! Encore une belle récup bien efficace. Je suis super heureuse. Je n’ai pas tremblé une seule fois aujourd’hui, j’ai pris énormément de plaisir sur ce vol et je sais que ce stage cross est tombé à point nommé pour moi et ma reprise. Pour sûr je reviendrai voler dans le coin !


La trace du jour : https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20283144
plumocum:
Merci.
Voilà qui donne la motivation pour déplacer qques potes sur ce site tellement que ça a l'air trop beau.
Il y a qd même quelques avantages à être une nana : tu peux oublier et la tête et les jambes tu trouves un serviteur dévoué. Moi si j'oublie tout ça j'me prends surtout une volée de bois vert. :tomate:

Joli récit. Par contre, le bol de pisse au ptit dej, ça casse un peu l'ambiance.  :mrgreen:
M@tthieu:
Sacrée pilote ;)
Lassalle:
Citation de: Flyin Matmute le 06 Juin 2020 - 08:48:41


Quand je vise en vallée un pré qui semble un atterro pour Boeing, je me dis qu’il est peut-être temps de mettre un terme au vol.

La trace du jour : https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20283144



Merci pour le récit de ce super vol !  :pouce:
Je connais bien l'atterro pour Boeing dont tu parles.
Il est en effet immense et situé entre les villages du Monêtier-les-Bains et du Casset.
Je m'y suis posé plusieurs fois lors de mes vols rando dans le coin.
Mais j'atterris en général dans le pré également immense situé juste à la sortie (côté Lautaret) du village du Monêtier où nous possédons une petite maison de village.
Je fais des vols rando dans le coin, mais pas de vols de distance.
Je connais bien les zones que tu as survolées ; j'y ai fait pas mal de randos à pied, à skis ou en raquettes.

Bravo Mathilde !  :bravo:

 :bisous:

Marc
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