Je vous préviens tout de suite, mon récit est long! Mais c'est pour garder une trace de cette semaine si riche en émotions...
ALors c'est parti!
Dimanche 1er juillet, arrivée devant l’école des Gets. Il fait beau, le soleil est avec nous. Renseignements donnés, formulaires remplis, nous voilà partis à la pente école. Nous étions 6, petit groupe très sympa. Arrivé en haut, l’impatience me ronge. J’avais tellement envie de me « mettre en sellette » et de courir ! Avant, un peu de présentation de tout ce matériel et de son nom. On apprend à déplier la voile, à s’installer dans la sellette. Puis, c’est parti. Je cours, je cours… Etranges sensations de sentir son aile se gonfler au-dessus de nous ! J’apprends à la diriger, à droite ou à gauche. Puis c’est reparti pour plusieurs essais. A la fin de la séance, j’ai senti mes pieds se décoller du sol… Juste à quelques centimètres et pendant quelques secondes, mais cela suffit pour mon bonheur du jour ! Et c’est déjà l’heure de rentrer…
L’après-midi, je l’ai passé tranquillement dans mon gîte, à savourer ces sensations nouvelles et à sentir des bleus apparaître sur mes bras, mes poignets quant à eux étaient entaillés (et le sont toujours, un mois après ! ). Mais qu’est-ce que la douleur quand on est en train de vivre un rêve ?
Le lendemain, il pleut. On profite cependant d’une éclaircie pour retourner à une pente école, cette fois ci un peu plus pentue. Et là, ce sont maintenant des tout petits vols que je fais, à plusieurs mètres du sol. J’étais impressionnée. Moi, toute seule, à une dizaine de mètres du sol, c’était incroyable ! Cette pensée m’aidait à remonter la pente, si dure, en traînant mon parapente avec le peu de force que j’ai. Nous avons recommencé plusieurs fois jusqu’à ce que la pluie se réinvite. Alors, c’est la première séance de théorie. Je crois que je n’ai jamais été aussi attentive à un cours. C’est tout de suite plus attirant d’apprendre quelque chose qui nous passionne. Puis nous avons beaucoup parlé du premier vol, évoqué nos peurs, nos doutes. Les moniteurs nous ont rassuré et tout expliqué. Le plan de vol était ancré dans ma tête. Car si les conditions le permettent, le lendemain, c’est le grand jour.
Le soir, avant de m’endormir, je me refaisais le plan de vol. J’avais peur de l’oublier ! Dans ma tête, tout était flou, je n’arrivais pas à croire ce qui m’arrivait.
Mardi matin, nous allons direction le décollage au Mont Chéry. Et ça y est, je me sentais plus que jamais prête au grand vol. Mais le vent était trop fort, nous étions obligés de faire demi-tour. J’étais vraiment déçue, je m’étais bien préparé (mentalement). Mais c’est ça aussi le parapente, c’est la météo qui décide.
On retourne donc à notre chère pente école. On court d’un peu plus haut, nos petits vols sont un peu plus longs et hauts. Les sensations que je ressens sont extraordinaires. Je me sens libre. Bien sûr, il y a des petits vols mais aussi des chutes. Et avec le terre mouillée, ce n’est pas toujours agréable (mon pantalon s’en souvient !). Qu’importe.
Un peu de théorie le soir, on apprend comment s’asseoir dans la sellette. Rendez-vous pris pour le lendemain.
Mercredi 4 juillet. Journée inoubliable. Le matin, toujours pareil : il pleut. L’après-midi aussi. On décide alors d’aller un peu plus vers le Nord. Nous voilà sur un autre site, à Bernex (je ne suis pas sûre du nom….), les conditions ont l’air meilleures. Alors c’est parti : prise de connaissance de l’atterrissage, nouveau plan de vol, dernières recommandations. Je m’installe dans ma sellette, j’ai en main les élévateurs avants. Le premier stagiaire s’élance. Puis un deuxième. On attend qu’ils atterrissent. Je me concentre. Le stress est présent en moi. J’ai besoin de me concentrer énormément. Ca y est, je suis prête. Mais non, les conditions changent, le vent tourne. Il faut tout replier et s’en aller. Ma déception est immense, si prêt du but ! Mais j’ai compris pendant mon stage qu’il fallait apprendre la patience aussi pour pratiquer le parapente.
Nous retournons vers notre site d’origine, au Mont Chéry. Et là, miracle ! Tout a l’air bien. Ce coup là, je sens que c’est le bon. Le stress réapparaît quand je saisis mes élévateurs et me prépare. C’est parti, je me mets à courir. Je lâche les avants, mais je ne cours pas assez vite, je me laisse entraîner. Premier essai loupé. Je m’en fous et je recommence. Là, même problème. Et je recommence ainsi au moins 6 fois. Peut-être 7, ou 8, je ne sais plus. Je me prends plusieurs gamelles mémorables. Je suis au bord d’arrêter. Mais je ne veux pas abandonner, je ne veux pas d’un échec. Et au bout de tous ces essais, un moniteur me propose de changer de voile, car celle que j’avais était mouillée, et donc plus dur à gonfler. Je me retrouve avec une autre voile, les jambes sans force, le visage trempé et plein de terre et d’herbe. Je me dis que c’est ma dernière chance. Cela faisait longtemps que tout le monde m’attendait. Les monos m’encouragent. Je pense à des tas de choses, je regarde le Mont Blanc en face de moi et m’absorbe de sa beauté. Et tout d’un coup, j’expire un bon coup et je me lance. Je n’ai même pas le besoin de courir beaucoup, la voile sèche y est pour quelque chose. Mes pieds décollent du sol. Je n’y crois pas, mais pourtant ça y est, j’y suis arrivé ! Je vole ! J’en ai presque les larmes aux yeux. Je m’installe confortablement et je savoure alors ce moment si particulier. Je suis en train d’accomplir mon rêve. Je n’entends plus aucun bruit, juste les caresses du vent sur mon visage. Je n’ai plus mal nul part, mes jambes si douloureuses ne me soucient plus du tout. Mon esprit est vide, je ne pense plus à rien. Puis il faut me reconcentrer pour écouter les consignes par radio. J’exécute des virages, des demi-tours. Premier virage et sensation de tomber, c’est magique. Puis je lâche mes commandes et fais des virages juste avec la sellette. C’est énorme ! Et c’est déjà l’heure de se préparer pour l’atterrissage. Je me relève, et me voilà à terre. Je n’arrive pas à exprimer ma joie. J’ai juste un grand sourire sur mon visage. Quelques minutes plus tard, il se met à pleuvoir. J’ai eu de la chance ! C’était autour de 20h00. Le ciel devenait plus sombre. Ce soir-là, je m’endormis l’esprit tranquille, heureuse comme jamais.
Le lendemain, le temps est toujours aussi pourri. Nous nous en allons donc vers un autre site beaucoup plus loin, à 2 heures de route. C’est à Mont Lambert. Là, il faut monter un peu à pied avec le gros sac sur le dos. C’est assez dur, j’ai mal au dos, mais je sais que ça en vaudra la peine. Arrivé en haut, il se met à pleuvoir. Nous attendons donc avec patience que ça s’arrête. Et c’est reparti ! Le déco me fait un peu peur au début car la pente est plus raide. Mais j’ai compris plus tard que c’était plus facile qu’avec une pente de faible pourcentage. Et puis, je crois que mon premier vol m’a laissé une peur du décollage pour plusieurs vols encore ! Donc je me lance, et cette fois, sans problème ! Vol tout aussi magnifique que le premier, même si j’avais un petit problème de réglage de sellette. Le moniteur me propose quelques exercices pour que je sente les effets des virages et du freinage. L’atterrissage se passe à merveille.
On remonte pour le deuxième vol de la journée. Déco assez bien réussit, vol toujours magique et atterro pas mal. J’avais un peu plus de libertés sur ce vol et je pouvais faire des virages comme je le sentais.
Puis c’est reparti pour le troisième. Je commence à prendre un peu plus confiance en moi pour le déco, même s’il me faut toujours une minute pour bien me concentrer. Je fais des exercices de tangage, de plage de vitesse. Ca fait bizarre de se sentir partir en avant et en arrière ! Mais j’adore ça ! Je prends les commandes en prise dragonne pour mieux sentir mon freinage. Et je sens que ça bouge, je me sens tanguer sans rien faire ! Autant j’aimais le faire par moi-même mais là je n’aimais pas trop car je ne savais pas comment arrêter ça. J’essaie en freinant, puis en relâchant, mais je n’y arrive pas. L’atterrissage se fait presque sans radio, j’étais juste guidé pour savoir quand faire l’approche. Je n’arrive pas trop loin de l’endroit désiré, c’est une bonne chose !
Journée forte en émotions avec 3 vols ! Le soir, je m’endormis sans problème !
Vendredi, c’était repos ! Ca m’a fait du bien à mes petits muscles endoloris !
Samedi, dernier jour, et dernier vol. Nous allons encore voir un autre site : la Bourgeoise pour atterrir à Samoëns. Mes 4 vols étaient avec un dénivelé de 600 mètres un peu près, donc 10 ou 15 minutes de vol. Celui-là fut de 1000 mètres, peut-être 20 minutes de vol. Je ne sais pas, je perdais la notion du temps ! Il y avait plus de vent que les premières fois, je n’ai pas eu à courir, juste à marcher, le vent me tirant en arrière. Là aussi, je bougeais beaucoup. Mais j’appris à régler ce tangage, et ainsi profiter un peu plus de ce vol. Oui, profiter est bien le mot. Je regarde le sol, si loin de moi, les montagnes si belles. Loin du stress des premiers vols, je remarque la beauté du paysage et je ressens une grande tranquillité assise dans ma sellette. Je suis bien. Extraordinairement bien. J’ai de plus en plus de libertés dans mes mouvements. Je réalise toujours quelques exercices. Cette fois-ci, je fais les oreilles. J’ai mis du temps à les faire, je n’osais pas tirer beaucoup sur mes élévateurs ! Mais j’ai réussit, et ça fait tout drôle de voir son aile se recourber sur le côté ! Quand on les relâche aussi, c’est surprenant. Et là, je réalise mon atterrissage sans aide radio. Mais j’ai tourné un peu tôt et je suis à plusieurs mètres de l’endroit voulu. Heureusement, il y avait plusieurs champs côté à côte ! J’étais contente d’avoir réussi un peu près. C’était, je pense, mon meilleur vol. La vue était très belle, le vol s’est passé sans problèmes, la radio de moins en moins présente, je me sentais tellement bien là-haut ! Et je savais que c’était mon dernier vol avant longtemps sûrement. Alors j’en ai profité à fond !
Voilà, ma semaine est terminée… Des journées inoubliables, dommage que la pluie était présente, j’aurai pu faire plus de vols sinon. Mais j’ai volé, et c’est le plus important !
De plus, les trois moniteurs et les stagiaires étaient tous super sympas ! Je garde d’excellents souvenirs ce ces quelques jours de juillet 2007. Des jours magiques. J’espère pouvoir revenir aux Gets l’année prochaine pour pouvoir continuer mon rêve en stage de perfectionnement.
Un seul petit bémol : je n’ai que quelques photos de moi en vol que ma mère a prises, j’aurai aimé en avoir énormément pour me souvenir de tous les détails… Mais je pense que je vais m’en rappeler pendant longtemps de cette semaine !