Après un Hike and Fly très réussi en mars dernier à la Laupie, la team Erasmus Paragliding version courte – un Espagnol, un Néerlandais et une Savoyarde – se retrouve dans la Yaute avec pour objectif de décoller du Mont Blanc.
Bon perso, c’est pas le sommet qui me fait rêver. Trop de monde, trop de médiatisation, bref c’est pas mon truc quoi ! A choisir dans les 4000, j’aurai bien fait le Grand Paradis, moi ! A choisir dans les moins de 4000 ? Dômes de Miage et j’en passe et des meilleurs. Mais bon les compères sont tellement branchés MB que je ne peux résister à leur appel. Et puis ça fera un bon entrainement pour les autres sommets
Voyage prévu de longue date. Avec des résa au Refuge du Goûter prévues (depuis le mois de mai, s’il vous plait !) pour mercredi 12 septembre, et un back up le vendredi 14. Mais quand je rejoins les copains à Cham ce dimanche 9 septembre, v’la-t-y pas qu’y m’ disent que le temps se détériore en fin de semaine et que le projet est compromis…. Gloups. Plan B, vite vite vite… On appelle le goûter pour voir s’ils ont de la place plus tôt ? Non, bon tant pis… Tête Rousse ? Demain, oui ? Banco, on arrive !
Alors nous voilà à préparer le matos. Avec mon côté un peu psychorigide quand il s’agit de la sécu, on emporte donc baudart, corde, sangles, broches à glace, piolet, mouskif etc. Faut dire qu’on en a croisé des mecs seuls au sommet avec juste le casque. Alors bien sûr, c’est « pas une course difficile » en soi (euh... attention quand même). Mais quand même, la montagne, c’est du sérieux ! Restons humbles et prudents. Côté parapente, je suis à moitié light avec une SKIN 2P 16m² (Niviuk) récemment acquise mais une sellette Reverse 4 de chez SKY qui pèse quand même 3.3 kg (oué oué plus lourd que la voile !) et un secours (ben oui encore mon côté un peu trop sécu, mais la sécu, ça n’a pas de poids !). Bref, ça se transforme en expédition tout ça ! Les copains sont plus ou moins dans le même cas que moi…
Au refuge de Tête Rousse, on rencontre un groupe d’une dizaine de parapentistes avec le même objectif, va y avoir embouteillage au déco
. Mais bien contents de partager cette aventure avec d’autres personnes. Bref, je vous passe le récit de cette ascension vraiment longue, que dis-je interminable, jusqu’au sommet, la chaleur nocturne (mais oui Mr T…., le réchauffement climatique, ça n’existe pas !), le spectacle spécial son et lumières de frontales des chutes de pierres dans le couloir de la mort juste avant de passer (gloups… j’espère qu’on décolle parce que je veux plus repasser par-là de ma vie !), la fatigue, la joie d’arriver au sommet, toutes ces émotions qui se mélangent.
J’en viens au fait, chers amis du vol libre ! Quand nous arrivons au sommet vers 10h15, c’est un défilé de SKIN (Niviuk) qui s’étale sous nos yeux. Le vent est sud comme annoncé. Pas eu trop le temps de me poser au sommet pour admirer le paysage comme j’en ai l’habitude. La tendance Ouest, toujours comme annoncée, s’installe progressivement. Le créneau va se refermer. On étale. Comme convenu entre nous, le moins expérimenté en alpi décolle le premier. S’il n’y arrive pas, personne ne décollera pour pouvoir le ramener en bas, on partage tout jusqu’au bout. Mais c’est qu’il est à fond notre hollandais ! Faut dire qu’à l’ère du light, on en voit plus beaucoup des mecs qui montent leur bonne grosse voile de presque 6kg jusqu’en haut du Mont Blanc ! Félicitations à lui pour sa ténacité. Le temps de se préparer, le déco s’est vidé. Ne reste que Pablo et moi. Le vent passe vraiment travers droit (OSO) mais gentil 5-10km/h. Après m’être emmêlé les pinceaux avec le piolet qui dépasse de la sellette, je finis par décoller et Pablo me talonne de près. C’est parti pour un plouf de 45 minutes ! Et quel plouf !
On contourne le sommet pour prendre la direction de Chamonix. Un dernier coup d’œil à ce mont blanc qui m’a donné du fil à retordre. Une grosse pensée pour ces petits points mouvants sur l’arête qui redescendent à pied. Une explosion de joie. Mais chuuut, profitons du vol, de ces magnifiques glaciers vus du ciel, de découvrir les énormes plaies béantes des crevasses, toutes ces images que tu vois à la télé mais-c’est-quand-même-pas-pareil. L’aiguille du midi et tous ces sommets qui hier encore paraissaient si hauts sont maintenant à portée d’aile. Je me balade, pas de plan de vol défini à partir de là. Chacun de nous va explorer un coin différent. Puis on redescend dans la vallée, le nombre de voiles augmente progressivement. L’esprit clair, je prépare mon approche. Ça aussi, ça fait partie de l’expédition, on ne se relâche pas, jusqu'au bout. Vent nul à l’atterro. Finale… j’enfonce les commandes et mes pieds touchent le sol sec 3800m plus bas.
Erik court vers moi puis nous vers Pablo, on se félicite mais on reste discret. Ce qu’on vient de vivre est encore trop puissant pour que des mots puissent exprimer tout ce qu’on a vécu. Mais le sourire sur nos lèvres ne ment pas. Heureux et fiers de l’avoir fait. Notre premier sommet paralpinisme, une bien belle réussite.
Erasmus Paragliding.