GrooGroo
Rampant
Hors ligne
Aile: Team 5 - RED
pratique principale: cross
vols: Sorti du nid. Atteint de bougeotte aigüe. vols
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« le: 28 Avril 2009 - 13:36:22 » |
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Je suis un peu en retrait sur le décollage, dans un joyeux brouhaha d'excitation et d'interpellation tout le monde s'active à sa préparation. On est à Passy, mais ça pourrait être ailleurs, ce jour, cette sensation, cette impression …
Je sais qu'elle est là, pas loin, je sens sa présence, son regard, l'entends par-ci par-là et n'ose la regarder, lui parler, tristesse passagère qui m'ébranle. Elle m'oppresse, défaillance du corps et de l'esprit, glissement vers un état de fébrilité non contrôlé, mon cœur résonne dans mon être, être bien mis à mal par ses maux que je n'accepte qu'à demi mots. Qu'est ce que je fous ici, piètre fou, incapable de raisonner mon âme et sa vague triste.
Faire le vide, rassembler, se fermer, ne plus penser, l'oublier, ne garder que l'essentiel, mettre de coté l'inutile, le douloureux, ne pas laisser mes pensées aller vers elle, vers eux, vers tout le reste, ne pas se faire envahir par cette surcharge émotionnelle, question de vie, de survie. Respirer, ne pas s'enfuir, ne pas paniquer, recentrer mon regard, mes mains, mon corps tout entier sur l'instant, le présent. J'ouvre les yeux. Beaucoup sont partis, tant mieux. J'attends encore un peu, cachant mes émotions derrière le bleu plastique de mon regard et fait en sorte de calmer cet artichaut de cœur qui va finir par éclater. Je sens toujours sa présence, joueuse cynique, monstre de crainte que je n'ose affronter mais finalement consent à assumer nos côtoiements.
Le calme est revenu hors moi et dans moi, renaissance d'un homme et de ses sens.
Je m'élance vers le vide tranquillement. Passé les premiers instants d'imprégnation, je vole vers mon objectif. Mais sa présence me perturbe encore, je ne l'ai pas encore complètement assimilé. Certainement impressionné par elle, je ne bouge pas, n'entreprends rien et fini par plonger dans les abimes feuillus d'une descente aux enfers par la face Nord. Ma zone de danger n'est pas loin, il faut que je me ressaisisse, que mes gestes obéissent à mes sensations et non à mes obsessions. Et dans la tourmente de ma descente infernale et tumultueuse je vois! Signe non perceptible d'une sortie possible : une feuille, un duvet, une ombelle, une fée qui m'indique l'ascenseur. Je me jette avec ardeur dans celui-ci. Elle, craintive prends du volume pour attiser mes craintes. Mais non, il me faut résister, me battre. Chaque seconde est un combat, chaque mètre arraché au sol est une victoire sur moi, sur elle. Et dans une danse tournoyante, je m'élève vers les joies de l'altitude.
A ce moment, j'accepte, j'accepte de la regarder dans les yeux, de me rapprocher d'elle, devoir de partage de nos espaces, nos désirs, nos instants.
Toujours tournoyant comme un danseur en transe, je glisse le long de ses flancs, de ses rondeurs, de ses griffes et finit à hauteur de sommet. Là, humblement, je la remercie de m'offrir ses meilleurs atouts et ses secrets intimes. Moi, petit pioupiou sous mon bout de chiffon, je me délecte de cette offrande et en abuse jusqu'à plus soif. Je voudrais rester là, mais tout être montant par les miracles de la rêverie doit un jour redescendre à la réalité terrestre. Et comme je ne suis point Dieu ni Superman, mon équipage subit la même loi. De retour dans les herbes folles, accueillis par les parfums des fleurs de printemps, mon rêve s'estompe doucement. Entrouvrant les yeux baignés de soleil, je laisse trainer mon regard une dernière fois vers elle, timidement, puis range ces instants dans la rubrique plaisir de mes souvenirs.
Didi didou didier.
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