J'ai fait le vol depuis le sommet le 25 septembre 2009 depuis les Cosmiques, montée par le Tacul et le Maudit.
Photo prise au sommet. L'orage gronde déjà sur l'Italie
J'avais une Ultralite 19 et on voit bien que mon sac était tout petit. C'était léger cul au sommet et Corinne décolla sur Chamonix dans une rafale de pétole, puis cela repassa cul et je me sentais bien seule là-haut... il fallait décoller sur le col Major et la pente est un peu plus raide, ma voile glissait sur la neige, les nuages m'enveloppaient et je n'en menais pas large, cela commençait à sentir la descente à pied.
Et puis une cordée arriva, ils me proposèrent de tenir mon bord d'attaque levé et ce fut un décollage salvateur, dans le nuage mais je voyais à travers et je pus longer l'arête des Bosses pour sortir au soleil à environ 4600m, bien au-dessus de Vallot. Après ce fut un vol magique mais compliqué, je l'ai raconté quelque part sur ce forum et vous saurez tout avec un CTRL+U pour voir l'adresse de la photo, et dons les pages de mon site où je raconte l'aventure.
J'avais mis un but 2 semaines avant, en étant montée par le Goûter : trop de vent.
J'en ai mis un autre le 8 septembre 2014 en étant montée par le Goûter, en conditions très dangereuses. Tout alla bien jusqu'à Vallot, mais il y avait un vent à déplumer les choucas :
L'aiguille de Bionnassay "fume", cela souffle velu.
Le lenticulaire se formant autour de nous, le sommet était accessible mais voler aurait été impossible. Il fallut redescendre et nous trouvâmes un petit thalweg abrité sous le dôme du Goûter, à 4000 / 4100m.
Ce fut un vol splendide dans le tout petit matin avec un froid à cristalliser la moelle des os. Posés à Chamonix à 8h30. Il n'y avait plus qu'à prendre le train pour descendre récupérer la voiture au Fayet.
Depuis plusieurs années, monter par le Tacul et le Maudit n'est pas plus difficile que d'habitude mais il y a des séracs instables et menaçants qui peuvent tomber n'importe quand, donc je n'y vais pas.
Monter par le Goûter est toujours très dangereux, la traversée du couloir est très exposée aux chutes de pierres et même de l'autre côté on n'est pas à l'abri, cela dégringole dans tous les couloirs et cela ricoche de façon aléatoire. Mummery disait que "les pierres ne visent pas les grimpeurs" mais j'ai vu la mort de très près en 1974, à cause d'une chute de pierres qui cassa la jambe de mon compagnon de cordée, en tête dans cette longueur. Je ne fus pas touchée et j'avais fait un bon relais, la corde ne cassa pas et je tins le coup, ce fut vraiment très limite.
Les chutes de pierres dans les couloirs du Goûter sont permanentes en été et quand on peut enfin voler, en septembre, les couloir sont secs.
En 2016, c'était si dangereux que le refuge fut fermé.
L'itinéraire le moins dangereux est celui dit des Aiguilles Grises, depuis le refuge Gonella.
Lien pour voir une vidéo ("musique" à chier)Il n'y a pas de moyens mécaniques pour monter et c'est terriblement long.
Lien vers le topo.
En décollant du sommet, on va évidemment bifurquer sur le glacier du Dôme et on posera au lac Combal, avec 3km à pied pour revenir à la voiture, ce fond de vallée est paisible.
Le problème peut venir de la règlementation italienne qui interdit le vol sur tout le versant italien du Mont Blanc. Pas vu pas pris, il ne doit pas y avoir souvent de carabiniers au lac Combal, tout au fond du val Veni. En tout cas c'est négociable, tout peut se négocier en Italie.
Il est quand même plus légal de voler sur Chamonix, avec la contrainte pénible d'aller rechercher la voiture.
Monter par les Grands Mulets au printemps se fait souvent, skis aux pieds. Les glaciers sont très ouverts en fin d'été et à tout hasard der pour y aller.
Les anciens itinéraires "historiques" du 19e siècle n'ont qu'un intérêt historique, ils étaient très malcommodes et à notre époque, avec le recul des glaciers, cela ne "passe" plus. On oublie.
Il y a bien entendu des voies magnifiques sur le Mont Blanc, à commencer par l'arête Kuffner (sur la frontière) qui aboutit au Mont Maudit, ce n'est pas du tout à vaches mais c'est sûr. On n'est plus là dans le paralpinisme pépère mais dans une grande course mixte en altitude, avec des difficultés techniques et surtout une longueur qui exigent une solide expérience d'alpiniste et une excellente condition physique.
On peut aussi commencer par gravir l'aiguille de Bionnassay (j'ai fait la face N début juillet 1970) mais elle a maintenant une sale gueule. C'est un parcours glaciaire dans des pentes modérées. L'arête qui descend est extraordinaire, en lame de rasoir, c'est celle qui est mise en scène par Gaston Rébuffat dans son film "Entre terre et ciel". Après, on remonte au Dôme (c'est assez bavant) et de là au Mont Blanc.
Les pentes ne sont jamais raides mais je ne m'y aventurerais pas en fin de saison.
La méthode américaine utilisée en Alaska n'est pas valide chez nous : montée en hélicoptère avec un guide et hop !