200°et 201° vols aujourd'hui dans un panorama magnifique : Décollage de La Bourgeoise face au Mont Blanc, vol de 41 minutes et approche finale et atterrissage aux arrières pour changer.
Que dire de ce qui m'a traversé pendant ce vol thermodynamique ? Que le parapente est une activité incroyable. Je voyais des promeneurs et vttistes arriver au décollage, j'étais déjà au-dessus et je leur ai crié "Essayez le parapente, c'est magique!"
Que j'avais beaucoup de chance d'avoir découvert ce sport-loisir par hasard après un stage escalade grandes voies dans le Verdon il y a de cela 10 mois et 2 jours. Je ne m'attendais ps à être aussi accroc et désespéré comme hier de ne pas voler parce que j'avais rater un thermique et la transition vers le pic du Criou. Désespéré au point de faire la tête, de regarder la vidéo de mon décollage, voir où j'avais fait une erreur. Et non, c'est juste que le thermique avait disparu. Le parapente n'est pas une science exacte et reproductive. Les potes ont pris l'ascendance et 3 minutes chrono après, plus de thermique salvateur. Imprévisibilité de la masse d'air. Pendant ce 200° vol, je me suis dit que j'avais tellement appris, vécu, brûlé des jokers (reconductibles chaque année ?
), vécu intensément des choses incroyables : des vols d'une pure jouissance, des paysages grandioses, des nuages, des plafonds, des dégueulantes, des petits décos, des arbres, du désert, du soaring, des sorties de bocal, des petis cross, un premier validé CFD, la France et le Maroc, 3790 minutes de bonheur intense, d'émotions stressantes ou grandioses. 4 stages perfs, un stage SIV (raté), un stage mini voile, deux journées perfs, 63 heures passées sous voile déjà, des heures de gonflage dont certaines épiques voire désastreuses. J'ai subi les affres d'être différent, d'appréhender les choses différemment, de comparer (à tort) la moto dans laquelle je ne suis pas mauvais avec une activité où tout évolue sans arrêt, sans cesse; se remettre en question, remettre en question ses connaissances. La météo, l'aérologie, les brises de vallée, le vent météo, le soleil, tous ces petits phénomènes locaux et régionaux qui font qu'en l'air rien ne ressemble à un vol passé. Je me faisais un peu chahuter ce matin lors du 201° vol avec des thermiques inégaux, hachés et pas toujours là où ils étaient, et je regardais ma voile en me disant que ma vie ne tenait qu'à un bout de tissu, quelques suspentes et le vent, une ascendance et tous les conseils que certains m'avaient donnés (et que j'avais rejetés de prime abord) sont revenus comme une vague déferlante : on ne se met en l'air que si les conditions sont correctes. Après analyse et c'est là qu'on se dit qu'on a pris ou non la bonne décision de s'envoyer en l'air sans regretter d'y être ou d'assumer sa décision; nous ne sommes rien en l'air, la nature est plus puissante que nous - malgré toute la bonne volonté du monde.
Je me suis rappelé toutes ces rencontres faites sur les décos et atterros, aux bars, dans les navettes. Toute l'encre que j'ai répandue et fait couler sur le chant du vario bien malgré moi.
Je suis autant insatiable de vols, je suis accroc mais plus réfléchi. Parce que certains m'ont fait confiance, certains ont continué à prodiguer leurs encouragements leurs conseils de prudence et leurs conseils techniques, aérologiques. J'ai indéniablement progressé sur les axes de la météo du pilotage et du mental forgé à l'épreuve des vols assez engagés.
Ce n'est pas parce que je viens d'avoir mon brevet théorique et pratique de pilote que je dis ça, c'est juste parce que je sens que j'ai validé certaines étapes. Un travail de longue haleine depuis la prévol, jusqu'à l'atterrissage dans des conditions différentes, tranquilles ou fortes.
Je sais que j'ai vécu et transmis par écrit pas mal de "sketches" mais voilà le résultat est là. Je ne suis pas doué, je n'ai jamais cherché à le montrer ou à le prouver. J'ai bossé (et continuerai) pour arriver à un certain stade, celui où on peut s'affranchir de quelques vols "à tout prix" et ne pas m'affoler si on se trouve dans des conditions fortes.
Je n'ai jamais cherché la reconnaissance, l'admiration ou la haine dans ce que j'écrivais ou relatais. Je n'ai jamais cherché à paraître plus ou meilleur (ou plus fou) que ce que je suis. Je ne suis pas grand chose, un petit parapentiste qui aime voler, découvrir, voyager et pas mal l'adrénaline.
Alors en résumé, je remercie tous ceux qui ont contribué à ce fil passionné qui va peu à peu s'éteindre (sauf que je donnerai de temps en temps des nouvelles de cross ou de stages ou d'expériences) - je sais quelqu'un m'a dit qu'on me prendrait au sérieux après un triangle FAI de plus de 30 kms mais ce sera avant la fin de l'année 2014...ou pas ! selon les conditions...
Je remercie les détracteurs et critiques acerbes car peut-être qu'au fond ils ont allumé des signaux d'alarme que j'ai malgré tout intégrés petit à petit dans mon analyse inconsciente. Vous m'avez peut-être sauvé la vie
Qu'est-ce que l'autonomie en parapente ? Après 200 vols ? je dirais prendre les bonnes décisions pour voyager loin et haut sans se jeter dans la gueule du loup, sans rogner sur sa marge de sécurité (aérologie, distance par rapport aux obstacles). Cela nécessitera encore beaucoup de temps et de vols pour affiner tout ça et s'engager dans des voies inexplorées, celles qui sont dans notre inconscient, dans nos rêves les plus fous et les rêves qu'on n'a même pas osé faire.
A tous les débutants comme moi et les autres plus confirmés, je dirais "
bons vols qui vous remplissent de bonheur et de joie". Nous ne sommes pas des oiseaux, mais on est si bien là-haut et que Dieu (pour ceux qui croient) nous donne la sagesse de ne pas tenter le diable.