Dimanche 6 Septembre 2015
Compétition catégorie Fun à Bassano del Grappa.
C’est le grand jour ! Ma première compétition de parapente ! Dans les faits, c’est en réalité la deuxième puisque j’avais eu mes premiers émois de compétitrice en Juillet dernier en m’inscrivant à la dernière minute à la compétition de Caprino Veronese. Cependant, ce jour-là, c’était différent car je n’y étais pas allée avec l’intention de participer à la compète. C’est sur place que je m’étais laissée convaincre et j’avais plus « subi » le truc qu’autre chose (problème de GPS, problème d’accélérateur…). Comble du comble, je n’avais même pas validé le start ( !) ce qui fait qu’aux yeux de l’organisation, j’étais un pilote « absent de la task ». C’était donc une épreuve fantôme, un coup d’essai et j’étais repartie en me disant que je ne pouvais que mieux faire.
Cette fois-ci, je me rends donc à Bassano dans le but de participer à la compétition, et ce, avec deux objectifs en tête :
- Valider le start (ça parait bête mais quand même !)
- Boucler, peu importe ma vitesse et donc mon classement
Il y a un monde de dingue, tous les pilotes du coin se sont donnés rendez-vous ici, c’est la dernière compète de la saison, tout le monde est de sortie. Le décollage se fait au sommet, juste sous le sanctuaire du Monte Grappa. Je suis parvenue à rentrer les balises dans mon petit GPS mais je ne peux pas en définir le diamètre et pendant le parcours, je vais devoir indiquer à la bête de passer à la balise suivante… Ouh je sens que ça va être galère cette histoire. Je suis le briefing attentivement, j’ai l’impression d’être dans une vidéo de la PWCA ( !), je me note les balises et leurs rayons sur un bout de papier. Le directeur de la course Filippo me fait un cours personnalisé sur « comment valider le start », quand il réalise avec quel GPS je m’apprête à partir, il me propose de me prêter son super Compasse C-pilot, la Rolls des instruments! je suis gâtée ! et super contente parce que cela veut dire que je vais pouvoir me concentrer sur le vol et non sur la galère des balises à changer sur mon Garmin… Je suis vernie !!
La fenêtre de décollage ouvre à 13h, le start à 14h. Filippo insiste sur ce temps de vol qui nous est offert pour se mettre en conditions, sentir la masse d’air etc. et nous incite à ne pas trop tarder à décoller. J’ai préparé ma voile au préalable. Après avoir eu la chance de tester une magnifique Rush4 pendant une semaine, me voilà de nouveau associée à ma fidèle Golden. Sur le déco, je fais tout hyper lentement, comme pour éviter d’avoir le cœur qui bat trop vite et ne rien oublier. Je veux décoller sans précipitation et suivre le conseil de Filippo mais je n’ai pas non plus envie de décoller à 13h pétantes parce que je me dis que ça fera une heure de vol avant le début de la manche et comme je n’ai pas une résistance folle en termes de volume horaire, je préfère prendre mon temps… mais pas trop quand même !!
Finalement, je décolle à 13h20. Alors que lors de mon premier vol d’essai avec la Rush de prêt j’avais été épouvantée par la longueur des freins, super courts à mon goût... cette fois je redécouvre les commandes de ma Golden et elles me paraissent super longues ! C’est dingue comme en quelques vols on s’habitue à une machine puis à une autre. Rapidement, je me félicite de mon horaire de décollage, car je vais effectivement pouvoir profiter de ces 40 minutes pour faire le plein en attendant le start et me réhabituer à ma voile Gradient. Et il m’a effectivement fallu un peu de temps pour me réapproprier l’aile et faire le plaf. Sous le nuage, il fait un froid de canard, je commence à me les peler. J’ai été super longue (à mon goût) à rejoindre les pilotes déjà tanqués là. Mais une fois en haut, je ne sais pas trop comment y rester alors j’enroule sans enrouler tout en surveillant le créneau. A 13.55, comme une ouf (!), je pars faire le start dont la balise a été placée en plaine juste devant le déco. Je pénètre sa circonférence à genre 14.01 ! well done Matmute ! Après je pars en direction de l’Est où se trouve notre balise la plus extrême, le Monte Tomba mais dont le rayon est de 4 km (!), ils ont été cools sur ce coup-là ! Je pense avoir validé le start la première par contre, une fois la course lancée, je suis rattrapée de toute part et mes leading points s’arrêteront là. Aujourd’hui il y a du vent d’Ouest et on a deux branches à faire dans ce sens, ça va pas être de la tarte ! Je claque la balise en enroulant, efficace et pas chère. Je pars donc vaillamment en direction de « l’Occident ».
Ca y est, des stratégies se dessinent, collés aux hauts reliefs vs. Les avants reliefs. Bien sûr comme d’habitude, je n’arrive pas à me décider alors je vise le milieu. Pas bien. Je fais mon premier point bas et ça ne sera pas le seul… Rien de catastrophique mais cette remontée vers l’Ouest va se faire dans la douleur. Deuxième point bas du parcours. Je me suis pris une dégueulante de l’espace, le genre de passage pas cool où je rêverais d’avoir un pro à mes côtés (Honorin ?) qui m’explique le pourquoi du comment. Au lieu de ça, je suis toute seule et je subis. Je fonctionne pas trop à l’accélérateur, j’aurais peut-être dû, je ne sais pas… Avec la Golden, je dégrade tellement lorsque j’accélère… Enfin bref, à peine sortie de la dégueulante, je suis confrontée à un mur invisible (Honorin ??!), le truc impossible à franchir, j’ai l’impression que ma vitesse est proche de zéro et n’a plus de composante horizontale, ça fait peur ! En fait, j’arrive sur une zone de départ de thermiques pas franchement accueillants, il va falloir pourtant en enrouler un et bien ! C’est galère et l’aile se tord, je serre les fesses et je m’applique. Satisfaction personnelle, je suis super contente de ma manière de piloter, je ne sais pas si c’est le cross de Speikboden ou le passage sous la Rush à Canazei, mais je ne me prends absolument rien sur la tête même pas une plume. La Golden gigote mais je maitrise et c’est tant mieux. Je bataille et je sors. Victoire !
Je peux continuer mon chemin vers les Antennes, la balise la plus à l’Ouest, juste avant la vallée de la Valsugana. A ce moment-là du vol, je me dis que si je valide cette balise … eh bien ce sera déjà vachement bien ! Et on verra pour la suite ! Cette compétition n’est pas entre moi et les autres concurrents (niveau timing, je suis dans les méga choux je pense) mais c’est une incroyable épopée avec moi-même. Avant d’arriver aux antennes, je survole le déco moquette (ici ils l’appellent le déco tapis ^^), thermiques généreux, j’enroule avec les deux leaders de la course Sport (une Peak4 –prototype- et une Boom 10). Evidemment avec ce petit vélo qu’est la Golden, je n’ai pas à rougir devant ces bolides de courses. On quitte le thermique ensemble et là c’est une autre histoire… Mais c’est pas grave, ils jouent les poissons pilotes ! La Peak4 se prend une énorme demi-aile sous mes yeux. Surtout ne pas penser qu’il va m’arriver la même chose, se concentrer sur ses sensations à soi !! Les 500 mètres qui me séparent de la balise des antennes me paraissent interminables ! Finalement (finalement !), je rentre dans son rayon accueillant et je réfléchis : balise validée. What’s next ? Ce serait trop bête de s’arrêter là donc je décide de continuer. Après avoir validé le start, ne pas oublier que mon deuxième objectif est de boucler ! En avant Guinguamp ! Direction plein Est avec le vent qui aide et de bons thermiques, c’est presque une promenade de santé. Je claque l’avant dernière balise et j’exulte ! Punaise, almost done Mathilde !! Je ne sais pas si c’est parce qu’aujourd’hui on peut voir Venise et la mer mais je me mets à chanter à tue-tête « la Merrrr qu’on voit danser, le long des golfs claiiiirs, a des reflets d’argent, la merrrrr, bergère d’azur infiniiiiiii ». J’ai une voix super bizarre, c’est la première fois que mes cordes vocales me servent depuis le début du vol, et je m’égosille gaiement. Gros moment de joie, damned j’y suis presque !
Par contre, je suis ultra ultra fatiguée et pas méga motivée pour aller chercher la dernière balise qui se trouve à 3 km de l’atterrissage en direction de ce satané Ouest qui ne veut pas de moi. Nouveau chemin de croix, sauf que là, j’ai beaucoup moins de jus et en repassant la zone de dégueulante+mur invisible, je me débrouille franchement moins bien pour enrouler les bulles teigneuses qui partent de cet endroit. Dur… A cet instant, la lassitude me gagne, plus d’énergie et l’objectif bouclage s’est tout bonnement évanoui. En désespoir de cause, je décide de rentrer à l’atterro sans passer par le col di Dante (LA dernière balise). Peine perdue. Face au vent et de plus en plus basse, j’ai l’atterro officiel en ligne de mire mais l’atteindre me semble compromis… Disons qu’il y aurait moyen…mais des bâtiments et une route (rien que ça !) me séparent du précieux sésame. Je décide donc de vacher. A genre un km du goal. J’ai les boules Roger, j’ai les boules !
Je plie vite-fait et rejoins l’atterro à pied. Punaise j’y étais presque. Je décharge ma trace. Il est 16h. Je suis vidée. On me propose un verre de prosecco. Punaise mais c’est la fête ici ! Ultime compète de la saison, les locaux n’ont pas fait les choses à moitié, il y a du prosecco à vo-lon-té ! Moreno Parmesan, un excellent pilote local, se charge de remplir les verres à peine vidés… Le mini sandwich avalé avant la course et loin maintenant et avec la fatigue du vol… Je finis super mal :S
Au moment de l’annonce des résultats de la saison, le podium féminin me fait clairement de l’œil et je sens en moi une énorme motivation pour participer aux épreuves de l’année prochaine. Monte Grappa, gare à toi !
la trace GPS du vol :
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2015/vol/20177218