C'est un non-évènement (sauf pour moi). Du coup j'ai failli ne rien poster.
Mais ça rajoute quand même un message positif concernant le parapente. du coup, je me suis dis "pourquoi pas".
Alors c'était dimanche de pentecôte. J'ai pris ma bonne vieille aile d'il y a une petite dizaine d'années ? (Nicolas pourra peut-être confirmé) bref, je m'en fiche c'est une "vieille" mais elle me va bien. C'est une EN-D alors que ça fait 2 ans que je n'ai pas volé et que je volais une 20e de vols par ans, mais elle me va bien.
Ça fait ~2 ans que je ne vole plus à cause d'une douleur à l'épaule (capsulite = inflammation de l'articulation de l'épaule) qui m'empêchait de lever le bras. Ma principale question était de savoir si je pouvais réaliser une tempo. Donc le tout premier exercice c'était de faire du gonflage (en plus j'aime bien faire de beaux gonflages).
Je ne voulais pas aller dans un champ trop plat où j'aurais dû bourriner mon épaule. Je voulais que ça soit suffisamment alimenté pour pouvoir jouer avec le vent, je voulais que ça soit suffisamment doux pour pouvoir ne faire que du gonflage. Je suis donc allé au Mont Myon. J'adore cette grosse bute à moitié hémisphérique, toute en herbe, toute douce. En plus je me disais qu'en cette saison plutôt propice au cross, je serais au calme là-bas (oui, donc retenez que c'est tout pourri et qu'il ne faut pas y aller pour qu'on reste pas trop nombreux
). J'arrive sur site. Les conditions sont estivales : il fait chaud. Il y a un peu de monde, mais pas de gros attroupements. Les gens sont répartis sur le déco et dans l'immense terrain de jeu. Certains sont déjà haut et je n'ai aucune peine à deviner que les crosseurs du coin sont déjà aller explorer les environs.
J'ai déplié mon aile. Heureusement pas de souris dedans, mais
les ficelles sont toutes emmêlées. Habituellement je ne désolidarise pas l'aile de la sellette, mais là c'était fait (impossible de me souvenir pourquoi). Sur mon élévateur droit, y avait un bordel. La suspente d'oreille qui passait pas où il fallait par rapport aux avants. Une autre vers les arrières qui elle aussi ne passait pas là où il faut et l'impression que les élévateurs étaient tournées sur eux même. Bref j'ai essayé de passer l'élévateur au milieu du suspentage plusieurs fois, mais sans jamais trouver la solution. Alors j'ai pris ma petite pince pour desserrer mes maillons (que je serre toujours à la main mais qui là étaient souqués) et j'ai refait mon élévateur droit. Le gauche était bon juste en tournant comme il faut.
Me voilà avec mes deux élévateurs agrafés mais un peu d'appréhension quand même : déjà je n'aime pas quand mon aile et ma sellette sont désolidarisées, mais là en plus j'ai dû refaire le suspentage. Je me glisse dans mon cocon ... j'avais oublié comme il est inconfortable au sol (toutes les sangles glissent vers le bas comme un pantalon beaucoup trop large). Y a plein de bazar dans tous les sens. Je ne me souviens plus s'il faut agrafer la jupe avant le décollage (j'ai toujours volé en sellette classique. J'ai seulement une demi-douzaine de vols en cocon).
Ça y est, je suis dedans. L'aile n'est pas complètement dépliée ... mais là je retrouve mes marques : j'aime bien jouer avec l'air pour la déplier. Ça me permet de commencer à contrôler que tout va bien, que je n'ai pas de tour de sellette. Bref ces pré-gonflages font parti intégrante de ma pré-vol et de mes jeux avec aile. L'air s'engouffre gentiment dans quelques caissons, l'aile commence joyeusement à vivre, bouger remuer. Les autres caissons veulent respirer, l'aile se déplie toute seule et se prépare toute seule à prendre son envol.
Petit check circulaire. Toutes les conditions sont réunies pour un beau gonflage. Je suis face à aile. Je lui donne une impulsion. Elle monte très gentiment, très progressivement. J'adore cette aile qui accepte de monter à la vitesse que je veux. Il suffit de lui demander et elle s'adapte. Elle arrive au dessus de ma tête. Je n'ai pas fait forcer mon épaule. Je me retourne et fait un immense statique de plusieurs minutes. J'observe d'abord la position de mes mains-bras-épaules. Tout va bien, je ne suis très loin de mes limites articulaires. Je regarde chacune des suspentes. Elles sont toutes à leur place. Les élévateurs sont droits. Les moments où le zef rentre un peu plus fort ou bien où il est plus paresseux me permet de jouer avec la sensation qu'elle attend très docilement de savoir ce que je veux lui faire faire. Elle me parle comme si on ne s'était jamais quitté. Elle m'annonce ses états d'âmes : "je suis un peu lassive", "je frétille", "je voudrais bien aller voir à droite ce qui se passe" etc ... sans que j'ai besoin de bouger mes pieds (un vrai gros statique) je lui demande de revenir à moi et gentiment elle revient à chaque fois.
Je suis bien, j'ai repris tous mes repères. Il est temps de prendre la décision : je vole ? Tout semble réuni pour que ça se passe bien. J'attends (pas très longtemps) que la bouffe se renforce. Les élévateurs se tendent, aile me dis allons-y, je lui dis d'accord et nous voilà en l'air à survoler l'herbe. Cap de sortie, il est maintenant temps de rentrer dans la sellette ... ben comme d'habitude avec ce cocon il faut que je gigote pour que chaque fesse attrape un peu plus de la planchette pour rentrer dedans puis enfin arriver à glisser un pied dans le cocon. Bref, comme d'habitude c'est pas beau, mais ça le fait malgré tout.
Mais me voilà un peu plus bas que le déco
et je ne trouve plus comment monter. Je tricote à gauche, je tournicote à droite. Je vole enfin non, je plouffe avec élégance peut-être, mais je plouffe vers le bas
ça y est. Juste le temps de m'inquiéter, je retrouve comment ça marche. J'appuie sur le bouton de l'ascenseur et me voilà 100m, 200m ... 400m au dessus. Je n'ai pas la condition physique pour aller explorer le terrain de jeu, mais je joue autrement. Un petit 3-6 pas trop appuyé pour détendre les suspentes. Quelques wings-over mais pas trop extrêmes pour vérifier que nous sommes toujours bien synchro aile et moi (bon, le tout premier n'était pas propre, je me suis pris 1/4 d'aile, mais tous les autres étaient beaux).
Ensuite je me fais une approche assez prudente, mais je teste quand même les (très) basses vitesses. Mes épaules tiennent le coup, l'aile est toujours aussi prévenante, prenant son petit téléphone dès que j'abuse un peu trop, reprenant vite son assiette dès que je relève les mains. Est-ce que je vous ai dit que je l'aime cette aile ?
Bref, je me suis posé à l'endroit où je voulais, comme je voulais. Mes épaules ont tenu (mais je les sens bien quand même). Je me suis fait une petite pause réhydratation, relaxation de l'épaule puis je suis remonté jouer une 2e fois