Ce n'est peut-être pas forcément de la pollution (je ne dis pas que ce n'en est pas ...) mais le vent transporte beaucoupe d'autres choses que de la pollution.
Un peu de glaciologie, par une grande amoureuse de la haute montagne.
Le vent charrie en effet des poussières, même en altitude, lesquelles se déposent sur la neige. C'est ainsi que la neige est parfois rouge quand c'est le sable du Sahara qui tombe, après un crochet au-dessus de l'Atlantique.
Les grains de poussière sont normalement enfouis par les chutes de neige suivantes et cela permet de voir, dans des coupes de la couche de glace, l'âge et l'épaisseur des diverses couches annuelles.
Malheureusement il y a un hic : ces grains de poussière, quand ils sont à l'air libre, chauffent au soleil et font fondre la neige autour d'eux, la transformant en une râpe. Cela augmente considérablement la surface de neige qui prend le soleil et cela accélère le processus de fonte.
Quand il n'y a plus de neige et que la glace est à nu, c'est la glace qui fond. C'est grâce à ce phénomène qu'on peut marcher normalement sur la Mer de Glace, sans crampons. Le bruit des pas est caractéristique, on entend bien les micro-aiguilles de glace qui cassent.
Après une pluie, les petits creux au fond desquels sont nichées les poussières se sont remplis d'eau, qui a gelé, et le glacier devient une patinoire, crampons indispensables.
Ce phénomène que je viens de décrire est parfaitement visible sur les images de YoDaV.
Il suffit de voir l'était du glacier des Bossons, totalement à nu au niveau de la Jonction. Quand j'étais jeune alpiniste, jusqu'à 35 ans, j'allais m'entraîner à cramponner sur la langue terminale du glacier. Depuis, la fonte est très rapide et le front du glacier est remonté de 400m, au niveau des Pyramides (un chaos de séracs) et il est très dangereux d'aller se balader dessous. Chagrin pour faire de l'école de glace !
Ce phénomène s'observe partout. Le réchauffement climatique n'est pas une lubie d'écolo baba-cool, c'est une réalité. Les hivers sont moins rudes et les chutes de neige plus faibles. Les étés sont plus chauds et la neige fond à plus haute altitude que jadis. Cela s'observe particulièrement au niveau de la banquise arctique, qui a perdu près de la moitié de son épaisseur depuis 30 ans.
L'albédo plus faible des régions glacées renforce encore le phénomène par son action sur le bilan radiatif de la Terre.
Profitons bien de la haute montagne telle qu'elle apparaît encore, le pire est à venir.
Salut et fraternité*