Allez j'y vais de mon petit récit... du vol d'hier, jeudi 28 mai 2015.
Moral en béton, ventre plein, batteries chargées, balises rentrée dans le GPS, la journée est annoncée fumante, les crosseurs du club prévoient un triangle de 100km autour des Bauges, le truc fait et refait, mais que pour ma part je n'ai encore jamais réussi... c'est d'ailleurs la 2de fois que je me retrouve au col de l'Arpettaz pour partir.
La dernière fois, c'était il y a 1 an, avec le même objectif, mais je n'étais qu'un petit pioupiou (je suis passé au rang de moyen pioupiou depuis
) et j'en garde le souvenir d'un vol assez mouvementé dont personne de notre groupe sauf un n'avait réussi à tirer un beau vol.
Donc gonflé à bloc je suis le 2ème à décoller, il y a une meute de morts de faim au déco, tous prêt à en découdre!
A peine parti (11h) ça brasse déjà pour atteindre la parois est du Charvin... et une fois là, la bataille commence : des thermiques puissants mais peu organisés, des bulles étroites entourées de dégueulantes, impossible d'enrouler et je reste bloqué autour de 1400m. Je suis vite rejoint par une bonne vingtaine de voiles plus quelques deltas, et tous restent coincé sur cette face est... pendant une bonne heure et demi. Personne n'ose la transition vers la dent de Cons.
Au début je serre les fesses et me concentre, ensuite je serre les fesses et perds patience. Aucun plaisir, je n'arrive pas à lâcher les commandes pour remettre mon vario en route qui s'est éteint (ou pas allumé, mais la sonde barométrique du téléphone avait pris le relais, avec un temps de latence énorme évidemment); je passe mon temps à essayer de garder la voile au dessus de la tête, me fait secouer comme un cocotier, me prends une frontale...
Bref vraiment aucun plaisir, je songe à aller me poser, mais j'ai trop envie de faire des bornes avec les copains qui finissent par craquer et tentent une transition assez bas... le reste de la meute suit alors que je viens de me faire à nouveau dégueuler et me retrouve exactement au même point qu'au départ. J'aurais dû partir avant alors que j'avais réussi à monter à 1600 avec la grappe qui s'était enfin entendue à enrouler dans le même sens!
Soit dit en passant je comprends que les conditions toniques et le monde sur ce bout de falaise soient désorientant, mais certains devraient essayer de faire l'effort de respecter un tant soit peu les priorités de base, à savoir enrouler dans le même sens que ceux d'au dessus et laisser la priorité à ceux qui ont le relief à droite! On est pas passé loin de la catastrophe, surtout quand les deltas étaient parmi nous (et s'était pas des manches!).
Bref les thermiques se sont un peu plus organisé, mais ils ont gagné en puissance et ça devient encore plus difficile de garder l'aile au dessus de la tête. Rageant de galérer autant à s'extraire de ce Charvin.
Je remonte à peine et entame la transition à mon tour en espérant trouver une aérologie un peu plus sympa de l'autre côté de la vallée. Quitte à me vacher directement, je m'en fous il faut que je me barre de ce coin moisi.
On a déjà perdu 2h sur notre timing, mais tant pis, mon objectif est d'atteindre Montlambert a minima, donc je m'accroche et raccroche assez facilement sous la dent de Cons.
La grappe est déjà loin, mais il reste quelques ailes en retard comme moi qui balisent le coin.
Je reprends espoir car la remontée se fait assez facilement, l'heure a tourné et les thermiques sont déjà un peu plus organisés, mais pas moins toniques!
Déjà épuisé par ce début de vol, je redoute la suite...
Quand même du plaisir à survoler ces reliefs pour la 1ere fois qui sont d'une grande beauté!
J'avance en direction du col de Tamier dont j'ai entendu parlé maintes fois pour sa difficulté à traverser et raccrocher de l'autre côté.
Je suis un peu bas mais les thermiques sont là pour donner de l'espoir. J'aurais dû m'appliquer à passer au dessus du relief, mais ça monte en cheminant le long de la paroi et je tente de rattraper un peu mon retard.
Ça fait 3h que je vole et l'aérologie est toujours aussi difficile quand j'arrive au niveau du col. Un bi enroule à côté de moi, mais la grappe est loin, j'ai vidé la réserve de mana, et un grand champ sans clôture me tend les bras... je préfère abandonner et décide d'aller me poser.
Je pose donc au col dans ce grand champ en fleur, au bord de la route, avec juste un arbre pour ombrager le seul endroit fauché, idéal pour plier la voile. Sans aucun doute le meilleur moment de mon vol!
Les autres ont réussi leur pari et claqué le triangle FAI (ou peu s'en faut).
Un peu déçu de n'avoir pas tenu le coup, mais content d'avoir posé avant d'être complètement vidé, je pense que la suite du vol aurait été difficile!
Tout ça pour dire que des conditions de printemps j'en ai déjà eu, des toniques aussi, mais cette fois était vraiment la pire!
Comme quoi le mental ne fait pas tout, à un moment il faut savoir renoncer car à force de serrer les fesses on a des crampes!
Je retiens que j'aurais dû profiter du créneau pour partir du Charvin (enfin vous m'avez compris : d'en dessous!), et être plus patient encore pour faire le plaf une fois à la dent de Cons, au lieu de cheminer, ç'aurait été certainement plus simple au dessus de la crête.
Bravo à tous ceux qui ont réussi à s'accrocher, je bavais d'envie de redécoller quand je les voyais perché.
La prochaine fois je l'aurais ce tour des Bauges!
La (misérable) trace :
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2014/vol/20165914