Hier [mardi 20], on voit certains pilotes s'exciter et annoncer une journée de
malade. Je me dis "pourquoi pas", et donc le matin en allant au
boulot, je prend mon matos dans la voiture. Le matin, ça semble
toujours bon, donc en fin de matinée, je quitte le boulot pour ma pause
midi, en sachant qu'elle risque de durer
Arrivé à l'atterro, on fait une navette en se tassant à 5 dans la polo
de Pirk: on se tient chaud, c'est cool! Dans la voiture, il y a sté,
pef, manu, gwendal et pirk (au volant). Je trouve l'ambiance détendue,
ça sent pas les gros vols de malade. Au déco, RAS. J'ai oublié mon
porte GPS. J'hésite à l'utiliser du coup. Dans le doute, je l'allume,
l'attache à ma veste et le glisse dans ma poche.
On décolle vers 12h30 je crois, mais je sais même plus trop. Je tire
direct aux antennes où ça monte sans soucis. Je fais mon trajet pépère
sans me mettre la pression, j'ai 0 objectif. Même si je me ferais bien
un St Eynard "et plus si affinités". J'avance, plus ou moins seul, je
me souviens plus. Je crois me souvenir que je traverse le manival
alors que Pef arrive à Chateau Marrant (c'est son nouveau nom je
crois). J'avance doucement, tranquille, j'enroule tout ce qui passe
jusqu'à avoir envie d'aller plus loin et ainsi de suite jusqu'au
fort. Aux 2/3 du chemin, je compte les ailes devant moi, j'arrête à
35. Oui, on peut dire que c'est blindé
Au fort, j'enroule paisible et voit Pef qui me rejoint. Je tourne
encore 2 tours : "wow, Pef trace, il a déjà pris le chemin
retour". Donc hop, je me lance aussi sur le retour, toujours sans me
mettre la pression, de toute façon, les crêtes jusqu'au Granier sont
longues, limites trop... Arrivé au manival, je croise une aile
inconnue qui me fait coucou: "ah mais c'est manu en fait, coucou!". Je
me dis que c'est cool, il est sur le St Eynard, il doit se faire
plaisir ! Ça monte. Enfin, plutôt, ça pompe sévère. Le chemin jusqu'au
Granier est une formalité. Pef est loin devant, le salaud, il avoine
sec ! Pendant le trajet, je regarde Belledone, car mon objectif de
l'année serait de sauter d'un massif à l'autre. Mais c'est pas super
engageant, y'a pas grand chose niveau cum. Tant pis. Allons au Granier
déjà ! Je me pèle sévère quand même. On vole à 2500/2600, et j'ai pris
les petits gants. Quel con ! En plus, ça secoue pas mal, donc je lâche
pas mes poignées de chiottes... Arrivé vers le Granier, j'entends un
bruit bizarre: ma radio déconne ?! Ah non, c'est pas la
radio. Marrant, on dirait un bruit d'avion de chasse. Je regarde dans
le ciel autour, je commence un peu à flipper, y'a peut être l'hélico
pas loin, je suis pas sur le freq FFVL et avec ce monde, ça serait pas
étonnant d'avoir un gars aux arbres! Et là, surprise, je vois un avion
de chasse supra bas qui remonte la pente du granier et qui débouche
sur les crêtes. Je suis bien plus haut, mais de là où je suis, j'ai
l'impression qu'il est à 100m/sol. Dingue ! Je reprend mes esprits, il
est loin maintenant... Pef annonce à la radio que les gens transitent
sur les Bauges. Euh, les Bauges ?! Bon, je regarde, toujours pas
grand monde qui file sur Belledonne, et une sorte d'essaim de
parapente pousse au nord. Bon, si je tente pas aujourd'hui, je tente
jamais. Pas de vent, je suis supra haut. Pef me demande si je transite
aussi, je répond oui \o/. Bon. C'est ma première transition aussi
longue. Ça parait impossible tellement c'est long. J'ai un peu
l'impression de me jeter dans le trou. Mais je suis loin d'être seul...
Bon. C'est vraiment long! Mais j'en profite. J'en profite aussi pour
récupérer des doigts. Et ça fait mal. En fait, j'en pleure
limite. Heureusement, je les récupère avant la fin de la
transition. On arrive bien plus bas, il fait bon à cette
altitude. Déjà, d'autres sont satellisés derrière (la Gallopaz je
crois). On arrive en même temps avec Pef, et on galère un peu à
remonter. C'est tout merdique, j'arrête pas de me dire "là, c'est pas
bon". Je me vois poser environs 200fois, mais au bout d'un moment, le
vario bip, et ça monte. Je fais quelques S, puis
grand luxe, des ronds, et je me fais pompé jusqu'en haut. Je
retrouve Pef au plaf (sa seconde maison j'ai envie de dire) et on
saute de sommet en sommet. A un moment, il me demande si le lac qu'on
aperçoit est celui d'Annecy, ce que je lui confirme. Je sais plus ce
qu'il répond, mais ça ressemblait à "Wooohooo ouaiiii". C'est marrant,
car je reconnais quelques points de repère que je n'avais qu'en lisant
des récits. Mais cette fois, c'est nous qui sommes dedans...! Arrivé
au Roc Des boeufs, je fais un point bas. Je stress, je sais pas trop
de quel côté me mettre. Je réfléchi un peu, et me place du côté où y'a
du soleil
Là, je suis avec une autre aile, qui par contre décale
de plus en plus vers le bas. Je colle en direction du cailloux bien
blanc où je vois des oiseaux jouer. Sauf que ça fait une petite
colline, et j'ai peur d'être sous le vent. Ça remue, j'aime pas. Le GPS
posé sur ma veste est difficile à voir, mais je vois que ça oscille
autour des 10km/h. Pas de doute, y'a quelque chose, je vais tâcher d'être vigilent, quitte à poser... J'insiste un
peu, surtout que Pef est super haut sur le RdB, y'a pas de raison!! Je
fini par trouver un bon truc, je suis content! En quelques tours, je
me retrouve bien haut, ça fait du bien.
On hésite entre faire le retour, mais on ne sait pas exactement par où passer :
retour sur Chartreuse ? Comment ? Ou par Chamoux et Belledone ? Est-ce qu'on vise
Doussard ou pas ? Finalement, Pef se lance pour la traversée du lac. Ça
me semble super optimiste, mais bon, d'autres ailes l'ont fait, alors
pourquoi pas. Je me lance moi aussi. J'en profite pour faire quelques
photos, ma caméra étant tombée en rade de batterie un peu avant le
RdB. Finalement, on tape au niveau du déco de Planfait. Ça fait très
longtemps que j'ai pas volé ici. En fait, je crois que ça date de ma
formation en école, 98 ou 99. Je survole la route qui mène au déco et
m'en souvient comme si c'était hier. Marrant ça. Je suis fatigué
et suis passé en mode "mort douce". On est à Annecy, j'en reviens
juste pas. On zérotte. Des ailes décollent de planfait à la file, le bocal se
rempli. Pef lui ne lâche rien... Et il fini par percer la couche et arrive
aux dents de lanfons. Et au bout d'un moment il me lâche un "je
transite"! Là, ça me fou les boules, alors j'insiste, mon but étant de
remonter! Ce que je fini par faire ! Et blam, en haut des dents à 2600,
la vue est magnifique ! J'appelle Pef pour savoir où il est parti, car
je suis seul là haut et sait pas trop où aller... J'aperçois une aile
au nord, mais ça parait bien loin, et il est déjà presque 18h. Faut
penser que malgré l'euphorie, les thermiques vont aller se
coucher... La récup à Talloires, ça va. La récup au milieu des
Arravis, bof bof. Je décide de taper au nord, tant pis, j'aurais fait
un truc seul, même si je suis presque persuadé que ça va se finir au
tas. Nouvelle transition, c'est long, mais c'est beau, et je connais
absolument pas. Je reconnais au loin la pointe percée, l'aiguille du
calvaire (? c'est le bon nom, car mon site sort en premier sur google,
j'ai un doute du coup) où avec Bod on avait fait un vol rando magique,
il y a plusieurs années
(
http://www.kataplop.net/pub/loisirs/parapente/LaClusaz/10092004 ). La
radio grésille, mais je reconnais une voix:
"Pirk? C'est toi ?"
"oui, c'est qui ?"
"marc, je suis à annecy!!!"
"hein quoi ? Moi je suis à Allevard"
Ensuite, je captais plus... Tant pis. Avant d'arriver en face, Pef
refait signe, me demande où je suis. Je tente d'expliquer, mais on se
ne comprend pas. Tant pis, il est temps de chercher à remonter ! Et ça
manque pas, ça remonte. C'est limite trop facile aujourd'hui, ça donne
l'impression d'être un as, alors qu'il suffit de faire le papillon de
base et taper là où y'a de la lumière. J'avance et Pef me dit qu'il
croit me voir. Je continue jusqu'au bout et tourne dans une pompe bien
large. Effectivement, Pef est là, au dessus de moi. Il a poussé un peu
après le relief. On parle du retour. Au bout d'un moment, sans savoir
pourquoi, je sors de la pompe et vise planfait. Pef me demande
pourquoi je suis sorti... et je ne sais pas répondre. Tant pis, j'ai
commencé, je fini: direction les dents de lanfon. Sans doute que je
commence à être vraiment fatigué si je fais des trucs sans savoir, il
est temps de poser, j'ai qu'une peur c'est d'être trop à fond et
clôturer le vol dans un arbre ou autre. J'ai déjà explosé mes records,
c'est bien! Je fais la transition retour avec une artik 2. Je n'ai pas
noté de différence de vitesse ou plané. J'ai un peu poussé le barreau
par moment et ai donc pris de l'avance, mais rien de
violent... J'arrive en bas des dents, genre les pieds dans les
arbres. Je me décale, tant pis, je me remettrais pas une dose de vue
du massif avant de poser: direction atterro. Pef qui arrive plus haut
m'annonce qu'il va tenter de pousser vers le col de la forclaz. Je
glisse vers Talloires et me pose, content. Je choppe le téléphone que
j'ai entendu sonner plusieurs fois. J'imagine que peu de monde imagine
qu'on se trouve là. Je suis parti du taf en disant "à tout à
l'heure", ça fait une sacré pause déjeuner
. J'envoie un SMS à
une personne qui se fait sans doute du
soucis. Ensuite, j'écoute mon répondeur: manu. Hop, je rappelle pour
signaler notre position à Pef et moi. C'est ensuite Benoit qui
m'appelle, et qui m'explique sa petite randonné en Chartreuse
Bon,
il est 18h30, j'ai volé 5h, et je suis à Annecy. Faut rentrer quand
même. Je téléphone à ma colloc qui m'indique qu'il n'y a plus qu'un
train pour Grenoble à 20h10, mais que c'est la grève. J'appelle le n°
vert qui me dit qu'en principe, tout roule. Chouette. J'attends Pef
qui pose 30/40 min plus tard. On plie rapidos et on fait du stop. Et
là, déception, personne. Il nous reste à peine une heure pour le
train... 2 gentils parapentistes nous prennent finalement, merci à
eux, encore ! D'ailleurs, ils lisent le forum, coucou ! On arrive à
la gare, on saute sur les distributeurs, on achète les billets, on se
retourne... Et pas de train pour grenoble annoncé, alors qu'il part
dans 10min. Louche. Personne dans la gare non plus, à part d'autres
personnes qui veulent aller à Grenoble. Dans le hall, une feuille qui
indique que c'est la grève et donne une liste de trains pour grenoble
dont certains sont en jaune. Mais jaune, c'est annulé ou pas ?
Au final, le train est bien annulé. On prendra un bus pour Chambéry à
21h, François est gentiment venu nous chercher en voiture. Pendant
le trajet en bus, on sort les GPS pour voir la distance, et on
découvre qu'on a dépassé les 100km... On est content !
Les rares photos:
sont là. J'ai une vidéo en cours. La trace est
en ligne, mais présente pas grand intérêt face aux nombreux autres vols...
[c'est un peu long, mais tant pis]