la remarque de triple seven (
http://www.parapentiste.info/forum/les-sorties-de-la-semaine/canicule-annoncee-mont-blanc-t40460.0.html;msg514425#msg514425) m'incite à écrire ici comment j'ai ressenti mes randos-vols de ces derniers jours, dont un de mes plus marquants, depuis le col des paresseux juste sous la haute cime des dents du midi.
En début de semaine voyant la météo, je me dis que ce serait bien d'aller découvrir Varan, Platé, puis les dents du midi. J'ai rassemblé un max d'infos et les cartes.
Cet après-midi du Mercredi 1er juillet, me voici donc en plein cagnard
au parking de la via ferratta du plateau d'assy, pour commencer cette tournée avec ma petite EZ.
Mon premier vol aura lieu en fin d'après midi avec un déco (un peu scabreux) sous le col de Barmerousse - la pente est vraiment forte
-
heureusement la combe est bien alimentée: c'est régalant de jouer dans cette combe, et je pose sur l'alpage au dessus du refuge de Varan pour arriver à l'heure du dinner. Incroyabe, il n'y a que deux clients, anglais, qui fêtent là leur anniversaire de mariage. Nous serons aux petits soins de la charmante gardienne, et j'aurai le dortoir pour moi tout seul.
Décor grandiose; Il fait frais maintenant et je contemple la pleine lune au dessus du Mont-Blanc. C'est magique !
Le lendemain matin, je ré-attaque Barmerousse, de bonne heure pour être à l'ombre ... à la montée je croise un pépé (apparemment bien plus pépé que moi
) qui descends la pente comme un cabri.
La vache
! comment fait-il ? et d'où vient-il ? Il a du partir super tôt pour passer le col dans ce sens ... je ne saurais pas, mais j'aimerais bien garder la pêche comme lui !
Au col je m'arrête un moment et profite du panorama, avant de continuer vers Platé, par un chemin pas vraiment bien tracé, qui m'amène vers 10:30 sur une arête d'où je peux maintenant voir le refuge. Là j'ai une hésitation
: je ne vois pas du tout où passe le chemin pour descendre cette barre rocheuse et rejoindre Platé; d'un autre côté, en revenant sur mes pas, il y a tout près des petits mamelons qui feraient des décos parfaits et multi-orientés car le vent est quand-même bien travers sud-ouest, et je ne sais pas du tout ce que je trouverai aux alentours de Platé. Je décide alors de ne pas me fatiguer à chercher ce p***n de sentier et préfère décoller d'un de ces mamelons. Décollage sans problème, passage au dessus des ruines de Barmerousse, virage et vol magnifique face Mont-Blanc, suffisament haut pour me permettre en virant à droite de retrouver la combe sous l'aiguille de varan, de jouer à nouveau, de survoler le large déco de Varan pour saluer au passage quelques pilotes qui se préparent, et plongée sur Marlioz, pour un atterrissage au pays de la soif: à peine atterri je suis en nage; pas un abri sur cet atterro !
Pourraient mettre des parasols, les écoles du coin
!
Heureusement les bus qui remontent au plateau d'assy sont climatisés: idéal pour récupérer la voiture.
Et le vendredi 3 Juillet, objectif: Dents du Midi ! J'arrive vers 11:00 à Champéry pour reconnaitre les lieux, et situer notamment l'atterro du club local. Atterro vraiment en fond de vallée. Je me dis que ça doit craindre la brise à cet endroit ... Pourtant, les panneaux du club ne mentionnent pas ce risque, mais par contre demandent à ce que les non membres du club s'annoncent au numéro de téléphone indiqué; ce que je fais, et je tombe direct sur le responsable du club qui m'accueille gentiment, me rassure en me disant que leur brise de vallée dépasse très rarement les 15 à 20 km/h, et me souhaite bons vols. A peine raccroché, je lève les yeux et deux parachutes se posent devant moi: un couple de wingsuiters. De très jolis spécimens. (notamment la femelle). Je discute avec cette gente dame ailée, qui me dit avoir sauté depuis les doigts des dents (!) et pris son pied le long de l'arête de soi ... Gloups ! Je ne saurai qu'aujourd'hui qu'il s'agit de géraldine fasnacht (
http://geraldinefasnacht.com/ et
https://www.facebook.com/geraldine.fasnacht?fref=nf) Si j'avais su,
je lui aurais bien demandé de bénir ma voile, mais bon, ce sera pour la prochaine fois
!
Pour monter à la haute cime des dents du midi, on part du hameau de "grand paradis", mais dès les premiers pas, avec cette canicule, c'est plutôt l'enfer
...,
jusqu'au charmant chalet d'alpage de Bonnavau. Halte bienvenue: accueil, fraicheur et confort tout helvétique
Je repars requinqué pour franchir le pas d'Ancel, où quelques chèvres se sont réfugiées à l'ombre, écrasées de chaleur; puis je traverse ensuite le magnifique vallon de susanfe, en prenant mon temps jusqu'au refuge. Pendant le repas je discute avec quelques randonneurs qui sont déjà montés et qui m'inquiètent un peu en me disant que le sommet n'est pas bien large; Au dessert, pour couronner le tout, l'hélico de la rega (secours suisse) ramène un type égaré-scotché en début de soirée sur les pentes schisteuses de la haute-cime, sans eau, sans sac, avec un seul baton, et qui refusait qu'on lui porte assistance
!
Sur ce, je m'endors un peu difficilement, me demandant ce que trouverai demain, car le vent se lève, et fait battre quelques tôles
Départ tranquille vers 7:30 la lumière du matin donne de somptueuses couleurs à ce magnifique vallon de susanfe. Mais au col du même nom, avant d'attaquer le gros morceau, ça souffle fort; dans le bon sens, mais ça tire ! beaucoup trop à mon goût !
Je commence mentalement à me préparer au renoncement, car là haut ça risque d'être pire. La grimpette dans les schistes est très désagréable. Heureusement je monte en duo avec un géant débonnaire rencontré la veille au refuge. On se relaie de temps à autre pour s'encourager ou trouver les bons passages. Le vent ne faiblit pas, mais à l'approche du col des paresseux (3000 m) que se passe-t-il ? un petit miracle
Serait-ce possible ? Oh joie, ça se détend ... et au col des paresseux, je trouve un doux névé, bien large, bien orienté, gentiment alimenté. Merveilleux ce col des paresseux. Toutefois, si le vent est plus faible ici, c'est sans doute que l'arête des lacs (orientée sud-ouest / nord-est) doit légèrement protéger le col. Il faudra que je fasse gaffe quand je passerai cette arête, et la passer loin et haut. Mais j'ai de la marge. La décision est vite prise. Mon compagnon de voyage est un peu triste que je ne l'accompagne pas jusqu'au sommet. Mais, tant-pis pour le sommet !
Je préfère assurer le vol, en évitant les incertitudes: place insuffisante, schistes coupants, fatigue additionnelle, vent, re-descente, re-fatigue ... J'attends un peu pour être sûr de l'alimentation au col. C'est stable. Je regarde à nouveau l'arête: je peux vraiment passer loin et large au dessus. Ma petite EZ et moi sommes prêts.
C'est parti, déco nickel dans cette neige bien tassée; les quelques randonneurs qui vont au sommet me rendent mon hiiiihaaaa
c'est trop bon.
Je longe cette arête des lacs à bonne distance. Un peu avant de la passer, le Mont Blanc se découvre à ma gauche . C'est génial. La spiruline ne bronche pas. Toutefois je me fais bien secouer
après l'avoir passée; ça reste très local, je ne comprends pas pourquoi à cet endroit là spécifiquement car je ne suis maintenant au vent de la crête, et en plus pas sur le versant ensoleillé, mais bon, ça se mélange les masses d'air à cette altitude entre tous ces vallons qui font autant de marmites. fallait s'y attendre; je m'éloigne et je file sans plus de secousses le long des dents, au dessus du lac d'antème, puis du lac de soi. Le passage à proximité de l'arête de soi est un vrai délice. A tel point que je suis tenté de faire un touch and go en arrivant au promontoire qui termine cette belle arête, mais y a une croix, et je n'ai fait que 2 touch and go de ma vie
Faudra que j'attende encore un peu, alors je m'amuse le long des alpages et de la forêt pour plonger vers l'atterro
C'est vrai qu'avec cette EZ c'est facile de se mettre la tête en bas, ou du moins d'en avoir l'impression
Pas de difficulté à l'atterrissage. faible brise de vallée paisible. A peine posé deux biplaces sont en approche puis quelques locaux pour un gentil vol du matin. L'un deux arrive avec la skin de niviuk. Nous discutons un peu. Il n'est pas midi en ce samedi 4 juillet. Je ne suis pas au Mont-Blanc, mais de retour à Grand-Paradis, je me rafraichis dans le torrent et je savoure l'instant
trois vols et des journées que je n'oublierai pas
