Je me posais les mêmes questions et j'ai sauté le pas en août 17 en faisant un stage init (avec 2000 vols au compteur) avec Flyeo. L'objectif n'était pas d'apprendre à voler, évidemment, mais d'apprendre à poser cette voile qui ne fait pas de ressource digne de ce nom. Je me suis déjà cassé une cheville et je ne voulais pas recommencer.
Moniteur : "maître" Fabien Blanco
Voile : UFO 18
Autres stagiaires : 6 alpinistes n'ayant jamais volé en parapente.
1er jour - Sur une pente-école ridicule au Semnoz,
tous les stagiaires ont réussi très vite à courir avec la voile au-dessus de la tête en slalomant entre des balises. Ce qui était facile et évident pour moi le fut très vite pour eux. A aucun moment ils n'ont touché aux élévateurs, ce n'est pas indispensable pour décoller la UFO.
2ème jour - Nous montons directement à Planfait et les décollages s'enchaînent, l'après-midi nous finissons à Montmin et cela fait 6 vols dans la journée.
Pour le plaisir (partant comme toujours en dernier) lors du dernier vol, je me place tout en bas du déco les pieds dans l'herbe, voile en boule, sans prendre les A : un coup de fesses dans la sellette avec un pas en arrière, la voile est déjà au-dessus, je me retourne et hop ! je bricole un peu dans la combe sous la Rochette au milieu des biplaces mais c'est faible, il faut descendre. La brise s'est inversée à Doussard et je me pose exprès avant le terrain pour piloter la voile, traverser la route, passer dans le trou de la haie en sautant un rocher et continuer à piloter jusqu'à Fabien.
la UFO au sol est la voile la plus facile que j'aie jamais eu à piloter, elle est d'une évidence extraordinaire.
On n'en fait jamais autant avec une école lambda et 7 stagiaires avec parapentes lambda, quand on fait 3 vols par jour c'est déjà bien.
3ème jour - Retour à Planfait. C'est cul et les écoles attendent des rafales de vent nul. Aucun souci avec la UFO : nous laissons les init attendre au sommet du déco et nous nous plaçons au milieu, la voile gonfle immédiatement, on court, elle porte et hop ! Ils sont tous bluffés, la langue pendante comme le loup de Tex Avery.
Nous faisons ainsi 2 vols dans la matinée, le 2ème avec brise de face et la pluie qui menace, c'est bâché pour la journée.
Direction Doussard pour du pilotage au sol. Je n'ai rien à apprendre et je suis disponible pour m'occuper de 2 stagiaires, ils se débrouillent très bien et ils apprennent à utiliser les élévateurs. La pluie étant imminente, nous plions.
J'ai mal au dos et je quitte le stage mais il pleut les deux jours suivants, je n'ai pas perdu grand chose.
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Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres stagiaires après cette initiation au cours de laquelle ils ont bien volé. Pour moi c'est aussi une grande expérience :
- J'ai appris à poser la UFO en douceur avec précision, "sur le toit d'une cabine téléphonique", c'était mon objectif.
- J'ai constaté en action ce que je savais déjà : elle se décolle sur deux mètres par vent de cul, sur un mètre sans vent et sur place avec de la brise.
- C'est LA voile dont je rêvais quand, jeune alpiniste, je me cassais les genoux et les vertèbres dans des descentes interminables à Chamonix, en Oisans ou dans les Dolomites. La UFO a été mise au point pour les alpinistes, avec 1,6kg pour la 18m² elle est moins lourde que le matériel que j'emportais quand un bivouac à la descente était probable.
- Elle vole très bien, elle noyaute le thermique en faisant la barbe aux copains qui tournent plus large, ce n'est pas un parachute qui tombe du ciel.
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Avec ses 18m², la UFO n'a rien à voir avec l'Awak 18 que j'ai eue de 2011 à 2013, qui était un avion et qui planait à peine mieux. J'ai aussi volé avec l'Ultralite 19, la Spiruline 18, la Shooka en 17 et en 19, la UFO n'a rien à voir non plus. Ce n'est pas une mini-voile ni un mini-parapente, c'est un engin différent qui a des propriétés extraordinaires et qui se pilote légèrement autrement, il faut garder ça en tête en permanence.
La voile est complètement évidente et accessible en école aux débutants mais en l'air, quand c'est moisi, il faut rester très vigilant. Elle amortit le tangage mieux que les plus amorties des A, elle ne shoote pas en sortant d'une grosse frontale ou d'un décrochage (vidéos réalisées par Cedric Nieddu) mais si on "surpilote" on va très vite au vrac, la petite surface est sensible au roulis et ne supporte pas un pilotage "bourrin" aberrant. En cas d'amorce de vrac, BRAS HAUTS ! et la voile vole parfaitement.
La UFO est plus auto-démerdante que toutes les voiles EN A que je connais.
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Si je trouve un acheteur pour ma petite U-Turn 21 (2,6kg), j'achète une UFO 18. La 16 est encore plus légère mais plus radicale, je l'essaierai mais je ne pense pas en avoir l'usage au vu de ma pratique.